Marlo a écrit:
J'ai vécu 18 ans dans un village de 150 habitants complètement paumé, puis 5 ans dans une "grosse ville moyenne" (Nancy), avant d'arriver à Paris où je vis depuis 2009.
Je me souviens avoir été emballé dans la ville durant les 6 premiers mois (excité par l'offre culturelle notamment), puis assez rebuté durant les deux années suivantes (relation d'amour-haine). Depuis, je ne me vois plus vivre ailleurs. Castorp va peut-être appeler ça syndrome de Stockholm, mais à vrai dire chaque séjour dans une grosse ville de province française me convainc de l'intérêt de rester parisien. J'ai notamment l'occasion de souvent aller à Toulouse, ville qu'on survend partout, qui attire plein de parisiens voulant retourner en province, certes dynamique, mais très loin de ce qu'offre Paris. Il y a une concentration d' "âmes soeurs" (j'entends d'un point de vue spirituel/culturel, pas forcément amoureux, encore que) plus grande à Paris. Pourquoi ? Ben, parce qu'il y a 10 millions d'habitants dans la même région, et même 2 millions dans la même ville (petite qui plus est). C'est d'ailleurs ce qui m'a motivé à venir à Paris après 5 ans à Nancy. Sur tous les forums que j'écumais, la plupart des membres étaient parisiens. Non seulement j'avais envie de les retrouver, mais en plus je me disais que si tous ces gens que je respectais et même que j'admirais un peu étaient là-bas, c'était bien pour une raison. A Toulouse, j'ai beaucoup d'amis, mais ceux qui ont une ambition réelle dans ce que j'apprécie moi aussi finissent souvent par venir à Paris pour profiter de l'émulation qu'on y trouve. Ce n'est pas parce qu'on vit à l'heure d'Internet et des échanges instantanés rendus possibles entre des individus éloignés de plusieurs milliers de kilomètres que le contact physique est devenu inutile.
Bien sûr, je pourrais tout de même trouver des âmes soeurs comme celles que j'ai aujourd'hui à Nantes (que j'aime beaucoup) ou Nancy (que j'adore), mais elles seraient moins nombreuses, et plus difficiles à trouver quand on a passé 25 ans (le provincial devient bien plus rapidement casanier que le parisien, et ça aussi c'est un fait - à propos, si j'étais célibataire, ma volonté de rester à Paris serait encore plus forte).
Et puis, pour en revenir sur les défauts intrinsèques de Paris, j'avoue que j'en trouve de moins en moins. Je vis à Ménilmontant, quartier que j'adore. Un peu bruyant, un peu trop animé, mais je ne me lasse pas de tous ces commerces de proximité ouverts à n'importe quelle heure et qui me permet de vivre sans trop planifier. J'aime la vie en appartement parce qu'elle me permet là aussi de me concentrer sur mes projets personnels sans être étouffé par le matériel. J'aime le réseau de métro, qui n'est certes pas le plus propre mais qui est un des tous meilleurs parmi tous ceux que j'ai vus en terme de fréquence des trains et de maillage du réseau, et qui me permet de ne pas avoir à posséder de voiture et donc d'avoir encore un souci en moins. J'aime être dans une ville rarement glauque, rarement sinistre. Une seule embrouille en 6 ans, une ville dans l'ensemble très sûre, des communautés qui s'entendent largement mieux que dans d'autres grandes villes de province françaises (comme Toulouse encore une fois, où plusieurs de mes amis se sont fait tabasser, chose qui n'est arrivée à aucun de mes amis à Paris ... mais c'est peut-être une coincidence, je ne présente pas ça comme une statistique). Je ne parle bien sûr que de Paris, pas de la région parisienne, qui n'a rien à voir ...
Bref, considérer le réseau inter-individus qu'offre une grande ville comme une valeur spéculative me dépasse un peu, c'est presque sociopathe comme réflexion. Si l'homme a créé les villes à la base c'est tout de même pour ça, pour mettre des ressources en commun et faciliter la vie de tous. Un effet-réseau ne se crée jamais artificiellement, il se stimule tout seul, et c'est là qu'on trouve le génie de certaines villes qui en soi n'offrent rien spécifiquement, matériellement à la base (la Silicon Valley pour l'informatique, Paris pour les arts et le cinéma, etc.).
Tout est une question de capital humain, et tu trouveras toujours plus de gens qui pensent comme toi et veulent faire la même chose que toi dans une très grande ville, c'est mathématique.
Ben c'est cool, ça, et tu as bien raison d'aimer ta ville et ce qu'elle a à offrir.
C'est beaucoup plus intéressant que les raisons foireuses que tu donnais dans ton autre post.
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A part Berlin et Londres, j'ai jamais trouvé que Paris était plus densément peuplé que les autres. J'avoue que la stat me surprend. Après c'est aussi une question de ce que l'on entend par ville. HK a une montagne au milieu de son île principale, des îles très peu peuplées... New York, tu as Central Park, Tokyo le parc impérial (et d'autres parcs en périphérie)....
