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 Sujet du message: Re: Jan Špáta (1961-1998)
MessagePosté: 26 Mar 2014, 13:49 
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Tom a écrit:
. Je sais pas si Spata a volontairement cultivé ce côté un peu malaisant/flippant de ceux qu'ils filment, mais ça participe carrément à l'atmosphère du doc (avec les visages durs des gamins, de manière générale).


J'ai une théorie à la con :
1. Certes ces petits bonshommes qui vivent à la dure dans les montagnes ont perpétuellement les yeux plissés par le soleil et le vent, les mâchoires serrées pour oublier la douleur des engelures et des coups de pioche qu'on se file pour rigoler, parce qu'on aime bien rigoler en montagne, quand on a cinq ans.
2. Mais Spata sélectionne parmi ses plans d'enfants les visages les plus durs (le petit qui tape des mains hante mes nuits), pour pouvoir ensuite nous éblouir lorsque la mini-funambule a son heure de gloire, son visage se détend, s'illumine, et on s'est bien fait baiser.

Si c'est vrai, c'est machiavélique, et j'adore-déteste ce mec presque autant que Lynch (je parle de la manipulation du spectateur hein, le reste n'a rien à voir). Ca fonctionne moins bien, mais il dirige pas des acteurs non plus, c'est du doc!

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 Sujet du message: Re: Jan Špáta (1961-1998)
MessagePosté: 26 Mar 2014, 15:07 
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Slacker a écrit:
2. Mais Spata sélectionne parmi ses plans d'enfants les visages les plus durs (le petit qui tape des mains hante mes nuits), pour pouvoir ensuite nous éblouir lorsque la mini-funambule a son heure de gloire, son visage se détend, s'illumine, et on s'est bien fait baiser.

Oui, je le vois aussi comme ça, même si je trouve pas cette différence aussi marquante à la vision (surtout que la fille détendue en question, il va la courser à travers la foule !)

Slacker a écrit:
Ca fonctionne moins bien, mais il dirige pas des acteurs non plus, c'est du doc!

Oh bah ça, même dans le cinéma affilié cinéma direct, qui a l'air pris sur le vif, c'est très commun. Les filles au ballon, il peut très bien avoir vu le brouillard et avoir eu l'idée, être allé les chercher en disant "vous voulez pas jouer comme y a trois jours là, à cet endroit précis", et faire son plan.


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 Sujet du message: Re: Jan Špáta (1961-1998)
MessagePosté: 29 Mar 2014, 22:56 
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Saint Patrick's Land

Enfin vu le dernier, et je crois que c'est mon préféré.
J'arrive pas à écrire ce soir, mais j'ai trouvé ça somptueux. La douceur des images de Spata qui se superpose sur ce discours doloriste, sur le martyr et la souffrance, j'ai adoré.

Top Spata, du coup :

1. St Patrick
2. Moment of Joy
3. Mountain people
4. Respece Finem
5. The greatest joy

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 Sujet du message: Re: Jan Špáta (1961-1998)
MessagePosté: 30 Mar 2014, 09:17 
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Ah tiens, surprenant. Moi c'est celui qui a le moins bien vieilli avec le temps (j'aime le début, la fin, le reste je trouve ça assez raté). Faudrait que je le remate en entier pour voir...

Sinon bravo et merci Castorp, t'as vraiment tenu ce topic et cette session sur tes épaules !


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 Sujet du message: Re: Jan Špáta (1961-1998)
MessagePosté: 30 Mar 2014, 12:52 
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Cette lecture de Yeats, à la fin, c'est un moment de cinéma touché par la grâce, et l'un des plus beaux passages sur la foi que j'ai vu en film. Rien que ça, ça le place déjà au-dessus de tous les autres courts de la sélection.

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 Sujet du message: Re: Jan Špáta (1961-1998)
MessagePosté: 06 Avr 2014, 23:16 
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The Greatest Wish

Beaucoup aimé.

Špáta semble vouloir filmer tout, tout de suite avec une (fausse) naïveté tout au long du film. Le concept est assez limité, cet enchainement d'interview ultra-rapide ne permettant pas créer de réels portraits, mais je pense que le personnage le plus intéressant ici est Špáta lui-même, qui s'amuse avec sa caméra de manière réjouissante. Le final sur le manège illustre parfaitement ce court.

Moment of Joy

D'un coup ça m'intéresse beaucoup moins.

Vu que c'est le court préféré sur le topic, je dois passer à côté d'un truc, parce que là j'ai limite l'impression d'être devant un film de vacance, certes merveilleusement filmé mais qui n'a rien à dire.

Respice Finem

Špáta, qui semble être devenu dépressif, nous parle des vieux campagnards abandonnés par la jeunesse, celle qu'on voit dans Greatest Wish. Sauf que le misérabilisme ça va deux secondes mais ici ça mène à pas grand chose.

St. Patrick's Land et Mountain People

Pas convaincu non plus par ceux là. Le premier aurait pu m'intéresser puisqu'il s'agit d'un documentaire situé dans une démocratie pour une diffusion destinée à une dictature. Le second parle d'une société traditionnelle existant au sein même de l'URSS. Sauf que dans les cas, Špáta à eu la mauvaise idée d'abuser de la voix-off tout en retenant les pires aspectes de Respice Finem.


Donc je n'ai aimé que The Greatest Wish.

Par curiosité je vais quand même voir ce qu'il a fait vers la fin de sa vie, surtout après la chute du bloc.


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 Sujet du message: Re: Jan Špáta (1961-1998)
MessagePosté: 06 Avr 2014, 23:58 
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Tiens, marrant, t'es vraiment à l'inverse de tout le monde !

isoborne a écrit:
Par curiosité je vais quand même voir ce qu'il a fait vers la fin de sa vie, surtout après la chute du bloc.

Justement, son seul grand truc, a priori, après la chute du bloc (ou en même temps, plus précisément), c'est The Greatest Wish 2, la suite donc : si t'as aimé le premier, tu devrais aimer le deuxième (qui est bien meilleur que son modèle, je trouve, avec des éclats beaucoup plus fort), et de souvenir on n'y trouve pas de voix-off.


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 Sujet du message: Re: Jan Špáta (1961-1998)
MessagePosté: 07 Avr 2014, 00:05 
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Sir Flashball
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Tiens, Tom, le long de Spata, il se trouve assez facilement ?
J'ai bien envie de tenter le coup, l'extrait que tu avais posté était très beau.

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 Sujet du message: Re: Jan Špáta (1961-1998)
MessagePosté: 07 Avr 2014, 00:09 
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Tu risques d'être déçu, c'était le meilleur moment - le reste ce sont beaucoup d'interviews.
Non, il est quasiment introuvable hors du coffret.

Quasiment...


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 Sujet du message: Re: Jan Špáta (1961-1998)
MessagePosté: 07 Avr 2014, 00:13 
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Sa fille en a même fait un troisième.

Je vais déjà voir si le 2 est trouvable.


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 Sujet du message: Re: Jan Špáta (1961-1998)
MessagePosté: 07 Avr 2014, 00:17 
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 Sujet du message: Re: [CM] Jan Špáta
MessagePosté: 28 Avr 2015, 23:41 
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Ouuuuuh punaise la douche froide.

Je m'imaginais bien que les docs de Špáta sous l'occupation soviétique ne seraient pas ses meilleurs, mais je pensais y trouver un cinéma simplement plus froid, déployant sa virtuosité à vide. Le bilan est en fait bien plus catastrophique : un anonymat béant, un appauvrissement flagrant du geste vers une approche illustrative, les films laissant entrer sans résistance tout le kitsch des années 70 et 80 (visuel, musique, océan feignasse de zooms et dézooms...).


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Go in search of Happiness (16' - 1979)

C'est le pire. Grosso-modo, c'est l'équivalent d'une featurette de DVD de concert alternant quelques images de répétitions, quelques images de concerts, et quelques images de tourisme dans les rues des villes visitées. Le perso principal, un chanteur de variété bellâtre au sourire constamment collé sur le visage, est un trou noir d'inintérêt avec lequel Špáta ne tente d'ailleurs pas de dialoguer. Il y a un embryon de parti-pris dans la manière de filmer les concerts, en s'en tenant mordicus au point de vue "depuis la scène" : le sourire charmeur et intime du chanteur s'y confronte alors à une salle immense et anonyme, et cet écart a quelque chose de dissonant. Mais ce n'est qu'une piste fantôme totalement inexploitée, et pour le reste, la volonté de montrer l'artiste "au travail" est réduite à néant par le découpage zapping. Un désastre.



Image

Variations on Gutav Mahler's Theme (13' - 1980)

Le plus valable des trois courts soviétiques, même si le principe de mise en image de la verve de la musique de Mahler obéit à un principe limité et scolaire. Il reste qu'il y a quelques étincelles qui naissent des rapports entre le chef d'orchestre et l'iconographe pour incarner la violence du morceau, par les allers retours entre eux que permettent la musique et les images de la partition raturée. Ce duo est malheureusement parasité par un autre binôme : le musicologue mielleux et laudatif sans intérêt, et la vieille amorphe à la nostalgie fétichiste débile. Ça amollit méchamment un doc déjà peiné par le fait de pas avoir grand chose à raconter. Mais il reste un truc à retenir de tout ça, une invitation vivante à Malher, qui a du d'ailleurs marquer Spata puisque qu'on en retrouve la musique dans Between Light and Darkness.



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Athletic Variation (27' - 1982)

Aussi vain que son titre, ce doc confirme que les "films d'auteur" sur les compétitions sportives (ici le championnat d'athlétisme de 1982 en Grèce) mènent toujours aux mêmes impasses. Le sport en soi est abordé au mieux sous un angle petit malin complètement vain (du genre : monter à la suite tous les cris d'athlète), au pire de manière atterrante et embarrassante (bruitages cocasses ou musiques parodiques pour accompagner les différents sports). L'idée d'ensemble est pourtant autre : confronter l'urgence du sport, regardé finalement avec bien peu d'estime ou d'amour, à la journée du pays alentours. Celui-ci, capturé sous l'angle de l'hybridation tradition-moderne (comme l'Irlande de St Patrick's Land), n'est malheureusement exploré qu'à la manière d'une ballade de touriste, dans un zapping qui ne raconte absolument rien. À quelques belles images près, c'est surtout quelques rares chocs de montage entre le stade et la Grèce qui réveillent ici Špáta, comme ce court-circuit fulgurant entre les gradins remplis de téléviseurs et l'arène vide d'un ancien temple... Mais ces belles idées ne durent que le temps d'un raccord.

Le plus énervant en fait, c'est le potentiel. De temps en temps, on voit le Špáta narratif passer fugitivement dans son propre film tel un fantôme : le sportif effondré de fatigue face aux 10 journalistes qui le photographient agoniser un mètre plus loin, le lanceur qui se retourne vers l'écran géant du stade enregistrant l'Histoire pour y regarder où atterrit le poids qu'il vient de jeter, etc. À chaque fois, le plan prometteur est coupé trop vite, avorté, pris dans cette logique de zapping inepte et désintéressé.



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Between Light and Darkness (24' - 1990)

Un grand photographe est invité par Špáta à la rencontre de la campagne tchèque la plus profonde. Difficile de ne pas voir, dans cette image forte et récurrente du photographe pénétrant la forêt de mauvaises herbes aux allures de jungle abandonnée, une métaphore de Špáta qui revient enfin visiter le peuple tchèque après la chute du mur. Et ça fait du bien de revoir enfin le monde tel qu'il est, de retrouver à nouveau des personnes, des visages, leurs paroles, de vraies rencontres. Le film semble presque construit comme un tableau post-apocalyptique, visite dans ce monde dévasté où les enfants de 5 ans jouent dans les poubelles et lisent une revue porno qui traîne, où les vieux hilares semblent arriérés. Le tout, néanmoins, non sans un respect un peu trop vite admis à la communauté rencontrée.

Plutôt que de jouer le contraste (la beauté trouvée dans la catastrophe), le film hésitant entre ses deux pôles se perd dans la mollesse du compromis : la lumière et l'ombre promis laissent plutôt une impression de grisaille indécise et d'ennui, l'insert ininterrompu des photos (pourtant superbes) tenant lieu de structure répétitive empêchant de véritables moments de s'épanouir. Il reste que des quatre films, c'est le seul qui peut sérieusement prétendre à être jugé comme n'importe quel autre de ses premiers documentaires, et malgré l'usure, on sent bien qu'il y retrouve une partie de sa santé artistique.



Dans la période il y avait aussi The Fair dans le coffret DVD (une visite à la foire...), mais il n'est pas sous-titré anglais. Pas grave, ça avait l'air encore plus nul et vain que le publi-reportarge sur le chanteur.

Bon, il en reste encore quelques uns à voir pour les années 90, mais je crois que c'est plié, et qu'à part The Greatest Wish II, ses meilleurs films sont à pêcher dans les premiers courts que je vous avais proposé y a quelques mois. Dommage.


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 Sujet du message: Re: [CM] Jan Špáta
MessagePosté: 29 Avr 2015, 10:58 
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La poésie des premiers a aussi disparu ?

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 Sujet du message: Re: [CM] Jan Špáta
MessagePosté: 29 Avr 2015, 11:06 
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Plutôt oui, car ce qui disparaît c'est le point de vue, et par-là même toute énonciation un peu mystérieuse (c'est le côté scolaire/appliqué des rares idées qui est ici assez déprimant). Le talent photographique (d'ailleurs méchamment diminué) persiste un chouilla, mais pour lui seul.


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 Sujet du message: Re: [CM] Jan Špáta
MessagePosté: 29 Avr 2015, 11:08 
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Sir Flashball
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C'est bien dommage, si on peut même plus compter sur les valeurs sûres...

Il ne te reste plus qu'à regarder Araya, parce que ça fait 1h10.

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