Bon ben je suis d'accord avec tout le monde. Je n'ai pas été touché (et pourtant je suis un vrai père à chien, team lupoïdes à 300% et les chats me parlent pas trop.Un chien peut vraiment sauver quelqu'un de la dépression,et intentionnellement de surcroît) mais cela ne m'a pas non plus déplu et semblé plus complexe que the Grand Budapest Hôtel (qui montrait déjà le même genre de téléphériques comme lieu de retrait face au facisme). La musique de Desplat y est meilleure, mais surutilisée. Le sous-texte politique (une critique des populismes conscients et calculés d'aujourd'hui et de leur corolaire: racisme anti-migrant qui se donne comme un faux bon sens et un faux pragmatisme) est louable, mais étayé par des références culturelles peut-être un peu trop vieilles pour conférer au propos une vraie force (l'attitude à la Citizen Kane des deux dirigeants, la coiffure à la Angela Davies de la résistante américaine.).
Du coup, si l'oppression des chiens a une explication et raison, et se situe au niveau où une décision politique se transforme peu à peu en trait culturel, le fascisme du film est lui, au contraire sans origine, sans passé, sans généalogie. D'un côté chez les sujet, de l'histoire et de l'axiologie (qui se connaît elle-même trop bien, les chiens auraient gagnés à être plus differenciés et de temps en temps un peu cons), de l'autre chez les dirigeants une causalité métaphysique et un mystère inexpliqué (le film relève néanmoins finement que la culpabilité est le ressort du second type de discours et non du premier). Tout le système d'Anderson est de maintenir constamment cette correspondance et cette séparation.
Sinon c'est fignolé (jusqu'à tomber dans le maniérisme un peu geek) , un ami m'a par exemple dit que les haïkus respectaient le nombre canonique de syllabes par vers
Le film m'a rappelé une scène vue à Bruxelles. Un homme sans-abri vivait près d'un Carrefour Express de l'Avenue Louise avec son Berger allemand qui n'était pas maltraité mais montrait des signes de fatigue (pelage blanchi, regard intelligent mais honteux, tête un peu basse). Il est abordé par une connaissance, accompagnée d'un chien de la même race, et du même âge, au port plus altier. La différence entre l'état de santé des deux chiens était flagrante. Mais alors que, d'habitude, quand deux chiens de la même morphologie et de la même taille se rencontrent, ils vont avoir tendance à simuler une bataille pour se jauger (et à se battre vraiment si le maître tire par réflexe en arrière d'une laisse, ce qui coupe un des deux chiens de toute possibilité d'esquive et de réplique) ; ici le chien le plus "aisé" a senti qu'une différence rendrait cela indécent, et s'est approché calmement du chien sans-abri, tout en le touchant avec la truffe. Les deux chiens semblaient deviser calmement et celui qui dormait à l'intérieur s'efforçait de remonter le moral de celui qui dormait dans la rue, en s'excusant presque, comme d'ailleurs leurs deux maîtres de leur côté.
Les sous-titres étaient aussi en bas chez moi, dans une bande noire. Il y en avait aussi une en haut je crois. J'ai l'impression d'un hommage (ou d'une allusion, telle est la question) aux films de Kurosawa des années 80 comme Ran, tournés en 16:9 quand le format dominant était le 4:3