Vieux-Gontrand a écrit:
Non c'est vrai, mais tu lie le terrorisme à une pathologie psychologique qui le déterminerait entièrement, en rupture avec la psychologie normale.
"Ils n'ont pas le même logiciels que nous. Ils ont un rapport à l'autre anormal". Ce ne sont pas les seuls. Ce ne sont juste pas les seuls, je croyais bon de le rappeler.
Je lie le terrorisme (et la criminalité violente dans les cas où il y a une absence totale d'empathie, honte ou remords) à la psychopathie et la sociopathie, qui sont des troubles de la personnalité. La schizophrénie, comme tu le rappelles, est une pathologie. Si les deux relèvent d'une prise en charge psychiatrique, ils sont radicalement différents : un sociopathe ou un psychopathe n'est pas malade, il est profondément inadapté dans ses raisonnements et réactions émotionnelles, mais pas coupé de la réalité, il n'est pas délirant, et surtout il n'est pas vulnérable. Et il est dangereux pour les autres. Il n'existe aucun traitement médicamenteux pour ça. Un schizophrène en revanche va souffrir notamment d'hallucinations visuelles ou auditives et de croyances délirantes qui vont alimenter un état de souffrance morale très intense qui peut facilement contribuer à une déterioration des liens sociaux. Certains traitements fonctionnent très bien pour contenir, voire gommer les hallucinations. Et en effet, comme tu le rappelles, les schizophrènes sont beaucoup, beaucoup plus souvent victimes des autres que l'inverse (à commencer par la stigmatisation sociale, mais pas seulement), et si passage à l'acte il y a, c'est en général dans un contexte d'abolition du discernement.
Je ne pense pas que ces troubles de la personnalité déterminent
entièrement le profil d'un djihadiste. Pas entièrement mais très largement. Plus largement que l'appartenance religieuse, en tout cas, puisqu'on retrouve exactement les mêmes profils dans toutes les organisations criminelles violentes, comme la mafia ou les cartels. Dès lors que la violence fait irruption et que le coupable ne montre aucun remords, aucune honte, ne parvient pas à se détacher de sa propre personne pour accueillir en lui (ou en elle) le partage de la souffrance infligée, il y a un grave dysfonctionnement psychologique qui n'est pas seulement imputable à de la persuasion religieuse ou sectaire, aussi carabinée soit-elle.