Castorp a écrit:
C'est pourtant le peuple qui réclame des voitures, des iphones, et des bidules.
Je partage ton avis sur 3 points qui te tiennent visiblement à coeur :
- un occidental pauvre vit bien, comparé à un soudanais. Si tu conserves ta nourriture dans un frigo et si tu as un toit sur ta tête, tu es plus riche que 75% des habitants de la planète.
*- les pays industrialisés dilapident/vampirisent les ressources énergétiques de la planète à un rythme aberrant.
- ceci pour que les gens achètent un tas de conneries inutiles et aient un mode de vie souvent absurde. En particulier, l'habitat et l'organisation du travail basés sur l'automobile, un moyen de locomotion d'un coût (énergétique) exorbitant.
Mais rien de tout ça n'a à voir avec la crise systémique actuelle.
Castorp a écrit:
Tous les pays européens sont en déficit depuis les années 80, et cela de plus en plus. Pourquoi ? Pour financer notre budget énergie, en grande partie.
Faux. La quasi totalité de l'endettement des pays occidentaux est du aux sommes empruntées pour faire face aux crises boursières et bancaires des 30 dernières années. Comme la plupart des gens qui ne connaissent pas les chiffres, tu crois que le destin de l'économie réelle se décide dans l'économie réelle. Tu crois ça parce que ça a été vrai pendant toute l'histoire de l'humanité jusque dans les années 70. Et cette idée est entretenue par les cours d'économie au lycée et par la culture ambiante : les médias continuent de faire une large publicité aux indicateurs de l'économie réelle, la croissance, le PIB etc. Alors tu imagines changer ceci ou cela dans l'économie réelle. Plus de transports en commun, moins d'iPhones. Et si quelqu'un comme moi vient évoquer Wall Street, tu cries au scandale. Pour toi, ces quelques abus financiers exagérément médiatisés sont là pour cacher les vrais coupables, ces salauds de consommateurs voraces qui achètent trop de tablettes.
Il n'y a pas de solutions dans l'économie réelle parce qu'elle n'est plus maître de son destin. Aujourd'hui, toute la capacité de financement des états est mobilisée dans le paiement de leur dette publique. Aucune politique économique ne peut être menée. La dette publique est connectée à une sphère de transactions financières qui, à cause de la dérégulation des années 70, s'élèvent aujourd'hui à
10 fois le PIB mondial. Le moindre frémissement de ce mastodonte, comme en 2008 par exemple, peut écraser l'économie réelle comme un cafard. En 4 ans à la Maison Blanche, Obama a consacré 100% de son énergie à empêcher l'augmentation de la dette publique. Il n'a rien pu faire d'autre. Les gouvernements amusent la galerie avec des mesurettes mais en coulisses, ils essaient simplement de faire en sorte que l'état puisse payer la prochaine mensualité et ne se retrouve pas dans la situation de la Grèce.
Pendant ce temps, les véritables responsables gonflent la prochaine bulle spéculative qui nous ruinera un peu plus. La population ne les as pas élus, ils ne lui rendent pas de comptes mais ils ont son destin entre leurs mains. Nos emplois, la valeur de notre maison, le prix de l'essence, l'inflation, la croissance dépendent de l'évolution des produits financiers des plus en plus chimériques qu'ils pilotent. La prochaine crise pourrait bien réduire radicalement les inégalités de niveau de vie entre pays industrialisés et tiers monde. Mais pas dans le sens qu'on espère.
Merci à Baptiste et à Tetsuo pour avoir amené un peu de bon sens dans cette discussion