Marlo a écrit:
On pourrait aussi dire qu'Ellroy parle "plus ou moins de lui-même" dans ses romans
Très juste (même si c'est aussi le cas de King finalement). Disons qu'Ellroy parvient à évoluer dans un genre grâce auquel ses bouquins atteignent plusieurs niveaux. Forcément, à la première lecture, on est avant tout pris dans la déferlante policière. Très vite, probablement même avant la lecture du second, on se rend bien compte qu'il parle aussi de lui-même, mais toujours dans le cadre du polar. Je ne veux bien sûr pas du tout réduire cet auteur, mais
Le Grand nulle part par exemple, marche aussi bien sur un lecteur qui ne va l'aborder que d'un point de vue policier que sur un autre qui maîtrisera bien l'auteur. Dans ce sens, c'est fabuleux et totalement hors de portée pour moi (enfin, c'est pas l'un des plus grands auteurs américains pour rien).
En fait, idéalement j'écrirais des livres "d'après une idée de", comme on le fait au cinéma. J'écrirais même des novelisations. J'ai du mal à imaginer autre chose que le thème, le début, et la fin d'une histoire. C'est le milieu, le déroulé, qui me pose problème, ainsi que la continuité (difficile de ne pas écrire une suite de scènettes, de sketchs).
Pour revenir à ce projet là, il me fallait finalement réduire le travail, les risques et les difficultés. Certaines choses se sont imposées d'elle-même (la narration, un flashback - moi qui pourtant déteste ça habituellement) parce qu'elles me semblaient correspondre au sujet, d'autres parce qu'il s'agissait d'aborder des thèmes qui me touchent, d'autres enfin ont été choisies (l'univers dans lequel le personnage évolue) uniquement parce qu'il me fallait travailler sur un sujet que je maîtrise à peu près. J'ai quand même fait pas mal de recherches, mais elles se sont limitées aux bouquins et au web.
Le plus amusant, c'est quand même de se sentir "pris dedans", de me dire que je n'ai pas choisi d'écrire, mais que l'écriture, à un moment, s'est imposée à moi et que je ne pouvais pas m'y soustraire. On ne pense plus qu'à ça, 24h sur 24, même les jours où on n'écrit pas. C'est déconcertant et génial à la fois. Et du coup j'ai hâte de retrouver ça en écrivant quelque chose d'autre. Je ne vais pas nier qu'en bout de course, il y a le rêve de la publication, je serais malhonnête si je disais le contraire et au bout de quelques années je me lasserai peut être. Mais pour le moment, trouver les mots, les assembler, et surtout les contempler, j'ai l'impression que ça peut très rapidement devenir une drogue. J'avais aussi envie de découvrir cette sensation et de savoir si elle me plairait.