c'était dans le cadre du ciné club de revus et corrigés, et dans ses commentaires introductifs le redchef a présenté ça comme un autoportrait dévastateur d'alain delon, qui se montre abject, avec un comportement odieux envers mireille darc comme il l'a eu dans la vie... il a donc présenté ça comme un film audacieux de delon producteur. et c'est effectivement sous cet angle que j'ai vu le film être présenté plusieurs fois.
et en voyant le film je me suis dit que c'était une lecture vaguement anachronique, notre regard d'aujourd'hui posé sur un film de 1977, et avec un gros biais de perception - c'est un film français donc c'est évidemment un film de gauche !
mais moi en voyant ça je me suis surtout dit que c'était un film de la droite friquée qui allait prospérer dans les années 80.
ça suit un antiquaire spécialisé dans les gros coups en short, qui croule sous le fric, les femmes (payées souvent), qui court tout le temps d'un endroit à un autre, est vaguement odieux avec les uns et les autres, n'accepte aucune limite ou aucune contrainte...
et évidemment, il va y avoir de la casse - des mauvaises affaires et dans sa vie personnelle qui prend cher.
mais en vrai, ce portrait de self-made man qui croule sous le fric et les femmes, c'était un héros de l'époque. j'ai pensé à bernard tapie, j'ai pensé à chirac que delon soutenait avec ferveur, et qui était présenté comme un homme pressé puisqu'il était devenu premier ministre à 41 ans - rendez-vous compte ! - et qui collectionnait les femmes et les mandats...
quant aux 'externalités négatives' présentées, on peut les voir comme la punition du karma - si tu ne respectes pas la vie et les valeurs importantes la vie te punira en retour. mais on peut aussi les voir comme une acceptation fataliste du prix à payer pour avoir une vie exceptionnelle. et il est effectivement abject avec mireille darc mais celle-ci l'accepte, au fond, parfaitement.
alors je veux bien que ce soit un autoportrait - c'est lui qui est a acquis les droits du roman et a lancé le projet, impossible de ne pas faire le lien avec son extraordinaire productivité dans les années 70 ou la manière dont il a traité ses femmes et ses enfants - mais je ne pas sûr du tout que ce soit un autoportrait critique, je pense que c'était en vérité plus pour se glorifier et se dédouaner, ce qui correspond quand même plus au personnage.
delon est donc dans chaque pore du film, il a tout dirigé de a à z et molinaro était juste là pour filmer, il est dans chaque plan... et à cette occasion j'ai découvert une nouvelle facette de lui. c'est un film mineur, intéressant mais sans grande envergure, réalisé avec l'absence totale d'artistry d'edouard molinaro. et delon ici, n'est pas une superstar qui bouffe tout, c'est juste un leading man charismatique. il n'est ni plus grand ni aussi grand que le film : c'est un acteur normal dans un film normal. et du coup, c'est la première fois que je le trouve aussi juste et naturel dans ses dialogues, il a pris un petit coup de vieux qui le fait ressembler à mon oncle, et il n'a plus la même aura qu'avant mais ça fonctionne bien.
donc au final c'était pas grand chose mais tout à fait intéressant, un film de droite comme on en voit rarement, une petite plongée intéressante dans une époque une vie et un cerveau qui nous semblent très éloignés aujourd'hui.
c'est dans un beau blu-ray ou sur mycanal.