La colo des gourmands, en VF :
Un garçon obèse est envoyé dans un centre spécial pour personnes de son acabit mais doit faire face dès son arrivée à un entraîneur physique quelque peu dérangé. Avec ses amis, il décide de ne pas se laisser faire.Comme tout le monde il m'arrive de jeter un oeil aux films que j'avais en VHS quand j'étais gosse. Je gardais de celui-là le souvenir d'un croisement entre
The Mighty Ducks et toute la partie
summer camp de
Addams Family Values, avec Mercredi et Pugsley comme accumulateurs de particules de satire sociale. En gros, c'est de la comédie Disney 90's, donc ça flirte entre exploitation du public cible (les enfants) et de l'humour disons plus "adulte", le tout enrobé sous trois tonnes de sentimentalisme... mais tout de même co-écrit par Apatow, et en plus sur un sujet hyper-sensible, à savoir l'obésité, à une époque qui laisse imaginer que ça pourrait, avec le recul, avoir été problématique.
Le conflit majeur, c'est le rachat, durant les vacances, donc une fois les gamins installés, du camp jusque là tenu par un vieux couple bienveillant (Jerry Stiller pour le mari) par un taré du fitness hyper-narcissique (Ben Stiller) qui décide de soumettre les gamins à un régime ultra-autoritaire de perte de poids pour vendre son programme miracle. Ca suit donc le schéma classique et bien balisé rêve brisé > injustices et humiliations > colère qui monte > rebellion astucieuse > victoire finale. Les gosses ont le soutien de l'équipe des animateurs historiques, et doivent aussi faire face au camp de vacance rival, fait de jeunes musclés et arrogants. Stiller en roue libre, même s'il fait du sous-Jim Carrey par moments, gamins bien castés (Kenan Thompson notamment, aujourd'hui chez SNL), pas trop vulgos dans le
slapstick, une blague de prout. De fait ça peut encore passer aujourd'hui pour les petits, comme les deux films cités plus haut ou encore
Hook, même si le rythme fait forcément daté.
Quelques très bons gags visuels ou de montage : Lars, le bras-droit du nouveau gérant, parodie schwarzeneggerienne, très bien utilisé (scène mémorable où il assure la sono lors d'une boum), ou la scène de la pesée de mi-protocole d'amincissement, où Stiller se rend compte qu'ils ont tous pris du poids...
Mais et quid du traitement de l'obésité, qui plus est juvénile ? Eh bien c'est étonnement en avance sur son temps en termes de
fat acceptance, en montrant, par une scène de montage, toute l'horreur de la prise de mensurations traumatisante pour les gamins en vue de leur programme "sur mesure", ainsi que la méchanceté profonde de ceux qui se moquent d'eux (le camp rival), comme de ceux qui veulent exploiter leur surpoids pour leur propre intérêt financier (Stiller et son équipe). Bien sûr, ils restent gros parce qu'ils s'empiffrent de sucreries et de malbouffe, et ils en font même un acte libérateur lors d'une scène de gavage collectif au ralenti autour d'un feu de joie... Donc il y a de quoi faire tiquer les militants anti-grossophobie et leur fameux "l'obésité est multi-factorielle". Mais dans l'ensemble on sent surtout de la préfiguration sociétale sur la question.
Bon par contre il y a un des gamins où je me suis dit à chaque fois qu'il apparaît "
lui obligé aujourd'hui il est mort" et bingo :
https://ew.com/movies/2018/01/10/joseph-wayne-miller-dead-judd-apatow-heavyweights-tribute/