Forum de FilmDeCulte

Documentaire sur un... alpiniste ? escaladeur ? bref un climber qui décide de s'attaquer à El Capitan, une façade rocheuse de Yosemite avec un à-pic de 700m, le tout sans matos, corde, mousqueton ou rien. Le mec fait ça à mains nues.

L'exploit est insensé et les images sont dingues. On ressent un double vertige: Tout d'abord celui de la hauteur bien évidemment, c'est juste l'angoisse. Mais aussi le vertige de l'incompréhension. Le film est surtout un portrait d'Alex et de son attitude quasiment autiste. Tu te demandes comment l'être humain peut en arriver là.

Produit par National Geographic, ça se laisse regarder tout seul. C'est le genre de doc où lorsqu'il y a une photo d'archive elle apparaît auréolé d'un flare rougeâtre "pellicule surexposée". Bref, du easy watching. Cependant, le film recèle de vraies émotions contradictoires lorsqu'il dépeint le couple fragile formé par Alex, ce nerd, et sa jolie copine. On ressent de façon cruelle ce tiraillement qu'on peut tous connaître entre la passion et la domesticité, le risque et le confort, l'impossibilité même parfois de faire comprendre à l'être aimé ce qui nous anime.

Bref, doc pas mal du tout, même si l'ascension finale n'est paradoxalement pas le meilleur moment.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Pour moi ça fait aucun doute, Alex Honnold est Asperger, y'a pas moyen autrement de pousser aussi loin de manière pratique la question "la vie vaut-elle d'être vécue jusqu'à prendre le risque d'en mourir ?".

Asperger je sais pas, autiste, c'est sûr !

Genre on va faire la différence entre chinois et indochinois.

C'est vachement bien ouais (QGJ résume très bien le truc).

Notons que ces mêmes réals ont fait THE RESCUE, le docu sur le sauvetage des 13 gosses dans la grotte en Thaïlande. Un vrai truc de DINGUE, impossible de pas chialer. Je conseille chaudement.

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

non mais qui-gon sous-vend totalement le truc, c’est un « doc national geographic » certes mais ça a aussi été un blockbuster du documentaire, 25m de recettes, tous les prix du circuit jusqu’à l’oscar, starification du mec…

et du coup, j’ai retrouvé ce qui me frappait pendant ma période où je regardais tous les docs nommés aux oscars : la différence culturelle incroyable entre la france et les etats-unis sur le doc mainstream. (pas pour dire que tous les docs us sont comme ça, wiseman tout ça).
mais la passion pour le storytelling de ce pays qui dirige donc tout. parce que ici, la différence avec un film de fiction est mince, c’est construit comme une fiction - avec l’exploit à la fin, l’aspect assumé qu’ils ont décidé de faire un film autour de ça -, il y a des scènes manifestement mises en scène qui seraient la même dans un scénario (quand il va acheter son frigo ou ne sais pas faire le café -, son équipe qui est constituée de personnes secondaire sans vie ou personnalité mais 100% dédiée à lui, vraiment pendant de larges moments il n’y a même pas besoin de réécrire quoi que ce soit pour voir le film de fiction que ce serait - qui serait d’ailleurs probablement lui aussi nommé à meilleur film.
et ça va donc jusqu’à l’aspect totalement éhonté du bidouillage constant, les mises en scène controuvées puis le montage qui reconstitue manifestement et sans vergogne des conversations qui ont à peine eu lieu avec des bouts de phrases et des plans de coupes charcutés dans tous les sens.

vraiment impressionnant.

et c’est intéressant parce que autant les plateformes ont importé les formatages us sur les true crime ou les publia-reportages sur les vedettes du music-hall, autant ce format-là n’est pas encore arrivé jusqu’ici. question de temps, évidemment, mais intéressant.

et tout ça n’empêche pas le film d’être intéressant, ni même bon. le fait est que c’est quand même un truc totalement dingue, hyper impressionnant. ce monsieur est assez fascinant, impossible de ne pas lui diagnostiquer quelque chose depuis ton canapé, et en même temps il incarne quand même un truc dans l’an humain du dépassement de soi, de la conquête de nouveaux espaces, cette soif de défis etc qui a mené notre espèce jusque là où elle en est aujourd’hui. ils savent appuyer sur tous les bons boutons pour manipuler le spectateur à leur guise, le rendre antipathique quand il faut, touchant quand il faut, root pour lui ou sa copine quand il faut, tout. ils sont très forts.
et même ce que je peux « reprocher », qui m’a frustré au fond c’est totalement vain puisque ce n’était pas leur projet ni même leur culture : j’aurais voulu passer plus de temps dans le silence avec lui, sentir l’étirement du temps et l’endurance mentale et psychologique totalement surréaliste pour réussir un truc pareil pendant 4h30, j’aurais voulu qu’on m’explique mieux le processus de préparation parce que là faut un peu faire avec 4 bouts d’images…

mais ils s’en foutent, et ils ont bien raison ils ont eu l’oscar.