Forum de FilmDeCulte

Fragments de vie en VF (mais apparemment ce titre n'est pas usité).



Un père, accidenté sur un chantier, agonise devant son fils. Il lui demande de vivre une vie de travail pour ne pas s'égarer, et meurt.


Si ce n'est pas le chef-d’œuvre clamé par Stroheim et d'autres, ce petit film de 30 minutes est réellement enthousiasmant, on y reconnaît immédiatement une approche singulière. Le moralisme de cette histoire réac (= le clodo est un paresseux responsable de sa propre situation), récit édifiant de faute et de rédemption comme le muet en a produit des pelletées (sur l'alcoolisme, la violence familiale...), est comme neutralisé par sa manière. Sec et épuré à l'os, patient et attentif, le film confère à ses deux clodos une dignité frappante, ceux-ci ne sont même pas écrasés par le pathétique : le film est au contraire mené par un comique absurde et doux, dont les gags empêchent littéralement (par les faits) aux deux personnages de devenir la caricature que la société aimerait faire d'eux. Le tout sans édulcorer la situation pour autant (on est pas loin du néoréalisme par bien des aspects). Bref, une très jolie découverte.

La copie qu'on a eu à la cinémathèque, bien que rayée, était très bien : de ce que je vois de la gueule du seul DVD existant, vaut mieux pas le découvrir par ce biais-là. Essayez de guetter d'autres futures projections.

Le truc, c'est que c'est surtout un film qui donne envie de voir ce que le réal pourrait faire avec un format plus long, ça donne plus l'impression d'un grand potentiel que d'un summum de carrière. Or si c'est ce film qui est mis partout en avant, je suppose qu'il n'a pas fait mieux... La filmo imdb est bien maigre en tout cas : http://www.imdb.com/name/nm0575716/?ref_=tt_ov_dr

Bon du coup j'ai essayé le seul autre film de lui que j'ai trouvé sur le net pour l'instant : Exemplo Regenerador (1919, 7 min). Ça confirme un cinéma ciselé et élégant (à la danoise en fait), acéré et doucement comique dans les situations. Pour le reste, difficile d'en dire plus, tant c'est court, modeste, et encore marqué du sceau des premières tentatives (c'est noyé dans les cartons, et le début est tout mou).

On doit pas être loin des débuts tout court, d'ailleurs. Le carton en préambule (d'époque, semble-t-il) dit ceci : "La première tentative de produire des films artistiques par Rossi Films, comme expérience, consista en un petit drame social réalisé en quelques heures le 14 mars 1919".

Ah tiens, on était à la même projo

Ah, je t'avais pas vu !
(faut dire qu'il y avait un monde inhabituel, j'ai pas compris pourquoi pour cette séance en particulier)