Schneidermann, sur son blog, a écrit:
Les dirigeants de France 5 étaient muets depuis des semaines sur leurs intentions.
Il semble que Le Point, l’hebdomadaire dirigé par Franz-Olivier Giesbert (également animateur sur France 5), ait bénéficié d’indiscrétions.
Selon Emmanuel Berretta, du Point, le directeur de l’antenne Philippe Vilamitjana aurait demandé à Carolis et Duhamel la tête de Moati, et la mienne.
Alors, puisque l’argument de l’audimat commence dans cet article à pointer le bout de son nez, et que l’on risque de le revoir, un mot sur l’audimat.
D’abord, mon rapport personnel à l’audience d’ASI.
Chaque semaine, nous nous posons deux questions.
Premièrement, que souhaitons nous dire d’intéressant cette semaine à nos télespectateurs ?
Ensuite, et ensuite seulement, comment le dire de la manière la plus intelligible, la moins excluante, la plus attrayante possible ?
Autrement dit : d’abord le propos, et l’audience ensuite. Dans cet ordre-là. J’y tiens beaucoup. Je n’ignore pas l’audience, mais elle n’est pas ma boussole.
Maintenant, les chiffres.
Je ne mets pas en cause les chiffres que l’on a obligeamment donnés à Berretta, et qu’il publie. Nous serions passés d’une part d’audience de 7,3% en 2003-2004, à 6,6% cette année.
Je ne les mets pas en cause, car j’avoue ne pas connaitre la part d’audience exacte d’ASI sur la saison. La chaine nous communique les chiffres chaque semaine, mais je dois avouer que nous ne les conservons pas, et n’établissons pas de moyenne.
Je ne sais pas pourquoi Berretta compare les audiences de cette année à celles de la saison 2003, et pas à celles de 2004 ou de 2005, mais il a certainement ses excellentes raisons.
Je ne sais pas non plus pourquoi Berretta ne nous donne pas les audiences de son patron FOG, dont l’émission succède à ASI, le dimanche à la mi-journée. Un oubli, certainement. En tout cas, moi, ça m’intéresserait. Je sais qu’en début de saison, elles étaient catastrophiques, et que toute la chaine s’en affligeait. Ca s’est peut-être redressé ensuite.
Mais sur notre "léger fléchissement de l’audience" à nous, trois réponses.
Depuis l’arrivée et la spectaculaire montée en puissance de la TNT, c’est toute l’audience des chaines généralistes qui fléchit, et celles de FranceTélévisions comme les autres. Depuis que France5 dispose d’une visibilité vespérale sur la TNT, j’ai demandé avec insistance aux directions successives que ASI puisse y être rediffusée. Celà nous a toujours été refusé.
Accessoirement, je sais que de plus en plus d’entre vous nous regardent en ligne. Toute mesure sérieuse de l’audience devrait intégrer aussi ces données-là.
En début de saison enfin, avec Alain Taïeb, nous avons demandé que l’émission puisse changer de décor. Je n’aime pas notre table actuelle, qui nous tient trop éloignés des invités, et refrigère l’ambiance. Cela nous a été sèchement refusé par Philippe Vilamitjana.
Cela dit, comme toute émission de télé, ASI est certainement améliorable. Si les dirigeants de la chaine, comme c’est leur rôle, souhaitent nous faire des suggestions d’amélioration, nous sommes évidemment preneurs.
Parenthèse : j’en profite d’ailleurs pour dire que je regrette, dans le feu de la fin de la dernière, d’avoir déclaré abruptement au JDD que "la direction est nulle". Ce qui est nul, c’est de parler comme ça. Je trouve, oui, que l’ignorance dans laquelle nous a tenus la direction traduit un total manque de respect pour les télespectateurs et pour l’équipe. Mais il y a une manière de dire les choses. De la même manière, je suis certain que si Carolis a vraiment parlé de mes "turpitudes", ses mots ont dépassé sa pensée, et je ne lui en veux pas. Fin de la parenthèse.
Donc, d’accord pour ouvrir un débat public sur les audiences. Mais donnons tous les chiffres.
De toutes manières, Berretta convient lui-même que l’audimat n’est pas le mobile des intentions ASIcides présumées de la direction.
La meilleure trouvaille de Berretta est en effet ce bout de phrase, à lire, relire et savourer : "pour des raisons que nous ignorons".
Comme c’est cruel, l’ignorance !
Allez, Emmanuel ! Un petit effort d’imagination.
Puisqu’il parait, Emmanuel "Ignorance" Berretta, que "j’insinue", alors je vais continuer, et vous mettre sur la voie.
Tout au long de la campagne, Nicolas Sarkozy a été mis en difficulté une fois et une seule, sur un plateau de télévision. C’était à Ripostes, à propos des chiffres de la délinquance, par le magistrat Serge Portelli (justement dans l’émission qui, Berretta le rappelle fort à propos, avait battu tous les recoords d’audience). Je l’avais rappelé sur le BBB en avril dernier, au moment de l’épisode de la non-publication du livre de Portelli par les éditions Michalon.
Mais je m’arrête là. Je ne vais pas plus loin. Sinon Berretta va encore trouver que "j’insinue".
Et puis, ce "pour des raisons que nous ignorons", résume si bien le journalisme français.