Forum de FilmDeCulte

Le film de bon goût et à costumes, plan plan à l'image de sa voix off, adapté d'une auteur dont je croyais à tort qu'elle avait eu le prix Nobel, emblématique de ce cinéma académique et populaire en même temps qui était typiquement oscarisable à l'orée des années 90 (comme Driving Miss Daisy et une bonne part de la filmo à venir de Bruce Beresford). Le film a d'ailleurs obtenu sans surprise l'Oscar du meilleur film étranger.
Autres idées erronées de ma part, outre le fait que Karen Blixen n'a jamais eu de Nobel, je pensais que c'était un film de Bille August et je pensais à un succès beaucoup plus important que les 4 millions et quelques rapportés par le film à l'époque.
Pas grand-chose à dire sur le film, au sujet duquel l'adjectif plan plan n'a jamais été aussi à propos, surtout dans l'espèce de long prologue qui relate les deux histoires d'amour platoniques vécues par les deux belles jeunes filles d'un pasteur luthérien aux moeurs particulièrement austère qui a fondé sa propre communauté. Une chose néanmoins, la cuisine est une chose qui a été maintes fois filmées depuis lors, que ce soit au cinéma ou depuis quelques années à la télé, avec force mouvements de caméras, gros plans, et une débauche d'effets toujours plus importante, voir la grande cuisine, la réaction qu'elle suscite (avec une la collaboration non-négligeable de ce lubrifiant social qu'est l'alcool) filmée avec austérité et pondération est intéressant.
Le rythme, dans un film où il ne se passe pratiquement rien, file incroyablement dès le moment où le repas commence. Thématiquement, entre les bouleversements de l'histoire qui font atterrir Babette dans cette communauté du Jutland, ces deux vieilles filles ayant décidé de consacré leur vie à la religion et à la charité, ce pasteur possessif et chef de secte, son général ambitieux, le film est très chrétien, suggérant l'idée d'un destin dont tout le monde doit, en définitive, s'accommoder, en espérant dans certains cas être ultimement récompensés au centuple dans le monde d'après. Un catéchisme un peu trop in your face finalement mais qui a ses charmes.
Le début de carrière d'Axel dans les années 60, ça se partage entre sex comedy, film épique moyenâgeux et mockumentaire sur le porno. Il n'avait pas sorti de film depuis 17 ans quand Le Festin de Babette est sorti.

Un très bon film sur le rapport avec la religion et le péché, mais sans pointer du doigt cette réflexion, les spectateurs sont considérés comme des individus aptes à réfléchir et ça fait du bien. Le repas est un moment de doutes sur la foi des protagonistes très intéressant à suivre.