Mes potes et moi ne nous étions jamais séparés aussi vite après un match. Coup de sifflet final, on se regarde hébétés durant deux secondes, puis "Bon ben à la prochaine, rentrez bien, ok". 5mn plus tard j'étais chez moi, 10mn plus tard dans mon lit.
Mis à part ça, avec du recul, la victoire de la France aurait été très belle mais sans pour autant arriver à la cheville des victoires de 1998 et 2000, beaucoup plus fortes. 1998, c'est le but en or de Blanc, les tab contre l'Italie, le doublé de Thuram, et le 3-0. 2000, c'est le beau match contre l'Espagne, le match incroyable contre le Portugal, puis bien sûr les deux buts légendaires de Wiltord et Trezeguet. Même la défaite de 2006 avait quelque chose en plus, avec l'extraordinaire France-Brésil (le plus beau match des bleus des 20 dernières années ?), puis France-Portugal et bien sûr la finale perdue mais chargée en émotions.
On fut loin de tout ça avec cet euro, le match contre l'Allemagne restera bien sûr dans toutes les têtes mais plus pour l'exploit chargé de sens ainsi que pour la communion retrouvée entre l'équipe et les Français. Là c'est vraiment une défaite à la con, la seule chose qui tournera dans les futurs replays et docus sera le fameux but qui sera étudié comme celui de Kostadinov en 1993. Comme en 1993, on commence déjà à décortiquer le but et à lui chercher une origine. A l'époque, Ginola avait pris pour toute l'équipe. Aujourd'hui, c'est l'arbitre qui prend, pour cette main du Portugal sifflée contre la France, grosse faute d'arbitrage en effet, mais de là à dire que Koscielny a ensuite mal défendu sur Eder par peur de se prendre un second carton jaune, c'est fort de café.
La vérité est que c'est une défaite plate, clinique, un peu comme celle contre l'Allemagne il y a deux ans en coupe du monde. On ne sait pas quoi dire à la fin. Il n'y a pas de rage comme après une défaite sur un penalty lié à une erreur d'arbitrage ; pas de honte comme après une défaite 4-0 ; et même pas de quoi se sentir malmené par le destin comme après une défaite aux tab. Si le Portugal avait perdu, ils auraient pu ensuite ressasser encore et toujours la blessure de CR7, cela aurait été un peu leur Battiston, ils auraient eu de quoi transformer cette défaite en un grand souvenir. Nous on n'a rien du tout. Ce n'est ni France-Allemagne 1982, ni France-Italie 2006, c'est France-Allemagne 2014.
Je ne me souviendrai de presque rien dans cet Euro. Quelques grands matchs mais c'est le minimum syndical. Peu de grands joueurs, peu d'identité de jeu sinon celle de Diego Simeone qui contamine tout (les équipes qui gagnent en ce moment sont celles-ci), peu de beaux buts, peu de réelles oppositions de style, et des grandes équipes tuées dans l'oeuf (j'aurais été curieux de voir ce que la Croatie aurait pu faire). Avec du recul l'absence des Pays-Bas a sûrement pesé aussi, ça manquait d'une vraie équipe de connards pour pimenter l'ensemble.
Parmi les points positifs, je retiens tout de même le suspense presque toujours présent. Presque tous les matchs furent serrés. Mais ça n'a pas suffi à franchement m'emballer.
Allez, rideau !
J'annonce une victoire en coupe du monde dans deux ans, au bout d'une succession de grands matchs de foot parsemés d'événements marquants (beaux buts, grandes prestations, révélations, et un peu de scandale bien sûr). C'est ça la France qui gagne.