Yeaaah, auto-réponse.-
Est-ce que vous sentez une évolution de votre plaisir et de votre enthousiasme à voir des films, depuis le moment où vous avez commencé à en voir en nombre ?À la réflexion, j'idéalise peut-être les séances ciné d'il y a dix ans, mais je me souviens pas m'être
forcé à aller au ciné par exemple (ce qui arrive parfois aujourd'hui), et encore moins de me faire chier durant la séance. Je ressens beaucoup moins de choses devant un film, pour sûr, je rentre moins dedans.
Ce qui a surtout changé, c'est le transfert du moment d'enthousiasme : il vient à présent plus systématiquement après le film, en y repensant, en en discutant ou en lisant dessus, et en virant de sa mémoire ce qui en est moins réussi.
Touch of Sin, par exemple, je me souviens concrètement d'une séance pénible (envie de sortir), alors que maintenant dans ma tête le film est presque bon (je m'en souviens en tout cas avec plaisir, il "fonctionne" mieux et diffuse mieux sa petite musique dans le souvenir que sur le moment). Dans le même ordre d'idées, mille fois plus de plaisir à faire découvrir un film (en donnant cours par exemple), qu'à le voir.
Enfin, autant j'adorais aller au ciné seul jusqu'à récemment (je déteste discuter du film en sortant), autant je commence à avoir besoin d'être accompagné (par les personnes avec qui je sais que ça me gênera pas). Je suppose que c'est un symptôme.
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Est-ce que vous êtes progressivement gagnés par l'impression que le cinéma de ces dernières années est de moins en moins bon - ou le contraire ?Oui (impression de films de moins en moins propres à contenter, de moins en moins aboutis, concluants), mais tout en ayant conscience que c'est probablement faux. Il y a des choses objectives : l'instabilité esthétique relative de la décennie (ce qui peut rendre les films passionnants dans leurs essais, mais aussi inaboutis, ingrats), et la nullité des revues théoriques qui pourraient servir de guide dans cette profusion.
Mais le problème vient peut-être aussi du fait ne plus faire de découvertes par soi-même. Il y a encore quelques années, la découverte d'
Orgueil et préjugés de Joe Wright, auquel aucune revue m'avait préparé, avait suffi à m'éblouir l'année. Même un petit truc comme
Il était temps, cette année, c'est un grand coup d'aération (il finira peut-être même dans mon top, c'est dire). À force de ne plus aller tester n'importe quel petit film pour voir, de ne plus faire que courir pour essayer au moins de voir les films encensés par un consensus critique, on ne fait plus que suivre un chemin balisé pas très excitant, je pense que ça aide pas. Malheureusement, de moins en moins de temps en vieillissant...
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Est-ce que vous arrivez toujours à vous mater un film d'une traite sans appuyer sur pause ?Et bien plus depuis quelques mois, j'ai sauté le cap !
Bon après, c'est 2/3 petites pauses d'à peine une minute, mais je sens que c'est le début de quelque chose de plus grand
En fait, je crois que le plus gros problème est cette attitude "passive" que demande un film. Encore, en salle, tu fais la démarche de te déplacer, il se passe un truc. Mais poser son cul et ne strictement rien faire pendant 2h face à son écran, y a un truc qui démange. C'est sans doute pour ça que je trouve davantage de plaisir dans la pratique de ces mêmes films (travailler dessus, en être le passeur pour d'autres), et c'est aussi sans doute là qu'il faut comprendre l'origine de l'attirance pour le jeu vidéo (où là au moins, tu es actif dans le processus, c'est pas juste un truc que tu reçois).
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Est-ce que le plaisir simple de la vision s'est mélangé à d'autres intérêts avec les années ? (je dis ça en partant de mon exemple : l'intérêt historique/analytique est parfois pas loin de prendre le dessus).
Bah je me suis déjà auto-répondu. Je fais tout ce que je peux pour ne pas être en position de regarder un film avec un bloc-note (même si, fatalement, je suis déjà entrain de penser à la vision à ce que je vais mettre dans le topic associé). Mais c'est aussi une motivation pour se lancer le film : une sorte de béquille à l'intérêt de la vision. C'est un équilibre assez compliqué à tenir, mais pour l'instant c'est plutôt un plus.
+ Bonus :
survivez-vous à une séance dans la poussière de la cinémathèque ?J'y vais plus jamais seul, et juste quand y a une copie ultra-rare. Et plus JAMAIS un samedi soir.
Je vais lire toutes les vôtres !