Forum de FilmDeCulte

Petite série B qui roule sur les plate-bandes de Joel Schumacher (Chute Libre voir Phone Game pour le jeu chat et souris dans un dispositif minimaliste) qui remplit fort bien sa mission de distraction. Le générique, façon dystopie rappelle The Purge, mais c'est en fait bien plus viscéral, même si le film atténue sa violence de façon un peu hypocrite, ) ce qui laisse un goût encore plus amer en bouche si l'on peut dire. L'ambiguïté du film est d'adopter le point de vue de la victime mais aussi de jouer un peu sur l'exutoire que représentent la violence et le crime pour le personnage de Russel Crowe (métamorphosé physiquement ainsi qu'on sait). On a là un post-incel plein de ressentiment à l'égard de son ex-femme, et par suite, de toutes les autres femmes et c'est un peu comme si on décidait de faire une série b à mi-chemin entre action et épouvante qui reprenne des tueries épouvantables comme celle d'Elliott Rodger ou autres (Elephant de Gus Van Sant dans le genre adoptait la diaphanéité et une espèce de distance élégiaque). Le film dure 1h30 environ mais en réalité à 1H16, c'est emballé et pesé, plutôt efficacement.

Une fois qu'on enlève l'inutile prégénérique + les génériques de début et de fin, il reste 1h11 "d'histoire". Donc oui c'est vite plié. Mais ça n'en fait pas une vraie réussite pour autant, et pourtant je suis un client des sous-genre "Vie qui dégénère" (LAKEVIEW TERRACE, CHANGING LANES...) et "Je suis poursuivi par un véhicule". Ça reste sacrément fonctionnel, cochant des cases esthétiques (Crowe avec son véhicule qui rugit comme lui...) mais sans même vraiment donner un vrai spectacle routier, hormis une ou deux morts DESTINATION FINALE qui font sourire cinq secondes. C'est con parce qu'il y a quand même une tension tout du long (le film entier semble construit sur l'attente du spectateur vis à vis du poncif "Je suis filmé de profil au volant donc à tout moment à travers la vitre on risque de voir arriver un véhicule qui va me percuter") mais au final ça ne débouche sur rien de très roboratif. Et l'héroïne ne dégage pas grand chose, difficile de s'attacher à ce clan en détresse.

Le film essaie vaguement de saisir un truc de l'époque avec les téléphones portables qui viennent saisir les meltdowns du quotidien mais malheureusement ne l'exploite guère. On a la scène du diner avec les clients qui filment Crowe (énorme d'ailleurs... physiquement, je veux dire) et un bref bout "caméra de surveillance" lorsque Crowe écrase un innocent, mais je m'attendais à la fin à revisiter les meilleurs moments du film via un best-of found footage. Occasion manquée.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Si t’enlèves le temps que la meuf met à appeler la police il reste 20 minutes.

La question de la standardisation des durées est intéressante. Une recherche sur internet indique pourquoi un film fait en moyenne 90 minutes (sans raison convaincante). Les films japonais font en moyenne deux heures dix, simple différence culturelle ? Pourquoi le moyen-métrage n'a jamais été considéré comme commercialement viable ? Les séries chamboulent tout, comme on sait.
En tout cas, toujours cool de voir un film qui tend vers les soixante minutes, comme tu as l'heur de le faire remarquer.

Ah oui moi ça me dérange pas du tout, je pense qu'on devrait avoir davantage de libertés dans la durée. Je prédit même l'avènement de ces formats dans le fameux topic "Le cinéma de 2030" (truc déjà caduc post-virus...). Et j'ai jamais compris ces réals qui ont été "obligés de livrer un film d'1h30" (plutôt qu'1h20).

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

D'entrée de jeu, j'ai su que ça allait être mal réalisé quand le montage multiplie les plans sur un moment aussi simple que Crowe qui allume une allumette et la laisse se consumer dans ses doigts pour qu'elle le brûle. Un bon réal aurait fait un plan unique, exploitant la tension.

Je pensais que ça s'inscrivait un peu dans le réel, genre Chute libre en plus vulgos, mais ça devient presque Destination finale-esque par moments dans du YOLO vaguement rigolo, donc le film est trop décomplexé pour que je lui tienne rigueur de ses manquements.

Mais bon, c'est 1h30 péniblement atteinte avec 3 fois la même poursuite inintéressante et peu de rebondissements.

C'est dommage parce qu'il y avait une bonne idée : le mec n'en a rien à foutre.
Mon premier instinct, c'était de hurler au perso "meuf, va dans un lieu public" mais la scène du diner établit clairement que le gars se fout d'être vu et de tuer (la scène aurait d'ailleurs été plus forte sans l'intro inutile qui grille une cartouche d'entrée en montrant qu'il est un assassin) donc ça rabat les cartes de façon intéressante.
Tout comme le fait de rendre vraisemblablement tous les persos secondaires tuables.

Enfin bref, j'avais quand même un peu mal à mon Russell. Non seulement parce qu'il s'est physiquement John Goodmanisé (encore que, j'ai appris qu'il portait un fatsuit, ça m'a rassuré) mais surtout parce que le rôle et la performance ne sont pas si ouf (même si l'accent est parfait).

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