Forum de FilmDeCulte

Après le déjà incroyablement banal Sécurité rapprochée, Daniel Espinosa confirme être un des plus mauvais réalisateurs en activité, en tout cas parmi ceux qui ont accès à ce genre de projets et de cast.

Après avoir été traîné longtemps par Ridley Scott, qui se contente de produire en fin de compte, l'adaptation d'Enfant 44 échoue donc entre les mains de ce tâcheron d'Espinosa, ici devenu incapable d'être ne serait-ce que fonctionnel, avec son surdécoupage, même lors des scènes dramatiques, son abus du gros plan et sa mise en scène confuse de la moindre action.

Toutefois, s'il galère à insuffler la moindre tension ou émotion à un matériau pourtant riche sur le papier, le principal souci du film réside dans son scénario. Ou peut-être est-ce le montage, qui sent la charcuterie, qu'il faut blâmer. Malgré la présence de Pietro Scalia et Dylan Tichenor, deux des meilleurs monteurs au monde, j'ai eu l'impression de regarder un film grindhouse tant le récit semblent manquer de scènes ou passer de l'une à l'autre sans un semblant de liant.

J'imagine que dans le livre, l'enquête au contexte excitant - dans le paradis soviétique, le meurtre, propre au capitalisme, n'existe pas - n'est qu'un prétexte au portrait d'une époque et d'un pays et on sent le potentiel dramatique et thématique de la source dans ce récit décousu qui montre les méthodes abusives de la police stalinienne, mais aussi la naissance d'un amour au sein d'un mariage de circonstance né de la peur, mais aussi l'homophobie, mais aussi l'enfance comme période-clé des horreurs de l'humain, mais aussi une rivalité fraternelle, mais aussi...etc.

Le problème, c'est que le scénario laisse tout ça en friche, souffre d'un traitement superficiel. Ou de coupes. Ou d'une mise en scène incompétente.
Au final, même l'enquête est bâclée.

En gros, y a rien qui va. Et ça dure 2h17.

Je sauve les acteurs mais je me demande si la sempiternelle convention hollywoodienne de substituer l'anglais au russe mais de faire parler les acteurs avec un accent pour plus d'authenticité, un saut de foi que l'on a l'habitude d'accepter, ne dessert pas les performances. Tom Hardy se transforme une fois de plus...mais il ne m'émeut jamais.

Faut qu'il arrête de tourner avec Noomi Rapace en fait. Ça lui réussit pas.

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