Forum de FilmDeCulte

Improbable retour d'Adrian Lyne après vingt ans d'inactivité derrière la caméra, qui plus est avec un casting de la liste A. Bon, comme toujours dans ces thrillers vénéneux il vaut mieux ne rien savoir donc

SPOILERS

Ce qui est intéressant c'est le slow burn du récit. Le récit commence à la fois tard et tôt: tard car il y a déjà eu une mort mystérieuse l'an dernier, tôt car le personnage d'Affleck va longtemps teaser sa potentielle culpabilité et son risque (imaginaire ?) de récidive.
En fait tu mates le film et y a pas de mort, pas d'action, juste de l'ambigüité et du suspense. T'as l'impression pendant une heure que c'est juste une histoire d'amour vécue par des personnages qui ont trop vu GONE GIRL (auquel on pense forcément), à l'instar de ce personnage de romancier, clairement un double du réalisateur: auteurs de récits noirs vieillissant et en galère, comme Lyne lui-même. C'est comme s'il observait cette suburbia bourgeoise en y projetant ses fantasmes de thriller à la Eszterhas.

Le film joue à la fois du sex appeal attirant et irritant d'Ana de Armas, multipliant les choses dans sa bouche (dentifrice, pomme de la tentation, poil de couille...), mais aussi de l'arrogance chelou d'Affleck, qui n'empêche cependant pas l'empathie. Il est jaloux et en même temps c'est comme s'il avait besoin de cette valse d'amants. Ambigüité bien dosée.

Le récit est pendant 1h15 quotidien, nous donnant à voir des visions flashs où on "voit" Affleck commettre les meurtres. Mais on se dit que c'est trop facile, qu'il y aura un twist dans le twist. Et là patatras, il fallait pas chercher midi à 14h: oui, Affleck est bien un meurtrier. Et le film réussit à rendre ce qui était évident surprenant !

Je suis par contre moins convaincu par le dernier acte, où les facilités scénaristiques s'accumulent: Affleck qui utilise sa propre ceinture pour attacher le rocher au cadavre, lequel cadavre est planqué dans le coin le moins discret du monde ? Et qui ramène le larfeuille de sa victime pour la stocker chez lui...
Cependant, l'irruption du voisin romancier fait basculer le récit dans un second degré volontaire qui surprend et donne au film une étonnante élasticité, même si je suis pas entièrement convaincu par ce passage.

J'aime beaucoup la fin par contre, cette création d'un nouveau pacte basé sur le non-dit et qui témoigne avant tout de ce couple qui finalement ne peut pas vivre l'un sans l'autre.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Un film étrange, une espèce de thriller pseudo sulfureux à l'encéphalogramme totalement plat (à l'image de la prestation ectoplasmique d'un Ben Affleck nullissime) mais qui justement, par ce refus d'une forme plus évidente finit par trouver ça et là une certaine singularité. Comme ce personnage de Ana de Armas présentée comme une nymphomane, une chaudasse qui saute sur tout ce qui bouge sans que jamais elle ne semble jugée ou ne soit punie par son comportement, au contraire, c'est la vraie héroïne du film. Là où son mari, cocu jusqu'au trognon, est une espèce de lavette transparente qui ne parvient qu'à réclamer ce qu'il pense être son du uniquement par la violence. La dynamique semble donc inversée, cette femme fatale assume sa sexualité libérée et n'en fais pas une arme de manipulation, elle est amoureuse de son mari mais aime se faire déglinguer par tous les mecs qui passent autour, sans même se cacher.

Mais est-ce que ça en fait un film réussi pour autant ? Non parce que le coeur du film est profondément raté. Cette relation de couple à laquelle on ne croit pas une seconde, il n'y a absolument aucune alchimie entre eux, aucune scène de passion ou même de confrontation. Le film se trimballe cette espèce d'inoffensive nonchalance jusqu'au ridicule avec en effet parfois l'irruption d'une ironie bizarre, d'un humour presque déplacé (ce climax qui flirte avec le nanar tant il y a rien qui va que ce soit d'un point de vue de scénar ou du traitement avec l'accident de voiture le plus risible depuis France de Dumont) où tu sens que personne ne prend ce récit un peu minable au sérieux. Tout sonne faux, rien n'est suffisamment incarné pour que l'on s'implique. La description de cette bourgeoisie oisive qui enchaîne fête sur fête est totalement factice, ça fait semblant de s'amuser, on fait semblant d'être pote mais au fond personne n'est dupe.

Sauf que Adrian Lyne n'est pas Verhoeven ou Fincher (en effet comment ne pas penser à Gone Girl) et que tout ça au lieu de donner au film une épaisseur ou une bizarrerie, le recouvre d'un vernis cheap et superficiel. Au final je n'ai pas détesté, j'aime bien le décor de cette maison bourgeoise mais légèrement vieille, ce garage où Affleck élève des escargots (truc qui ne servira à rien du tout dans le récit) et cette approche assumée d'un thriller sans tension. Mais l'écriture est tellement fragile, le coeur du film tellement raté (ce qui fait que cette fin ne résonne pas du tout comme elle devrait, on comprend pas pourquoi ils restent ensemble) et ce flirt avec le nanar tellement peu maîtrisé (Affleck qui pousse le corps avec un bâton non mais sérieux ) qu'au final c'est quand même vraiment pas un bon film. Je vais pas ressortir les tweets délirants que j'ai vu sur le film mais comment ne pas voir de la pure pose dans ces avis ? Hâte de voir si quelqu'un va oser le mettre dans son top de fin d'année.

2/6

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CroqAnimement votre

Jericho Cane “chef-d’œuvre absolu” (sic)

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Il met 5,5/6 alors qu'il met 0/6 à Ambulance. El guignolo.

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C'est son goût. C'est aussi respectable que le tien. Je n'ai vu aucun des 2 et aucune des 2 BA ne donne envie. Cela a l'air aussi pourrave l'un que l'autre.

Los Guignolos.

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J'ai comme l'impression que Bob veut son 1J1F.

Oui enfin on sait depuis longtemps qu'il y a beaucoup de pose et d'exagération dans ses avis.

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CroqAnimement votre

Nan mais les lieux communs sur les goûts, franchement...

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C'est surtout con de passer d'un extrême à l'autre, mais séparément ça paraîtrait plus légitime de mettre 0 au Bay qui est une "proposition de cinéma" et peut paraître pénible que 6 au Lyne qui n'est pas un chef-d'œuvre et que l'on peut difficilement adorer.

Le rejet du style Bay je peux l'entendre sans problème. Et Lyne a fait des merdes mais je préfère l'échelle de Jacobs à n'importe quel film de la filmo de Bay dont un miracle n'est pas impossible ( avec Ben Affleck j'ai un gros doute).



Le Bay se fait démolir aussi par pas mal de gens. On sait que tu as aimé mais cela ne semble pas être le cas de beaucoup. Et en ce qui considère Bay, je me fie peu à tes avis ( tu aimes, tu argumentes bien, je respecte mais je ne comprends pas. j'ai l'impression à chaque fois de ne pas avoir vu le même film que toi. )

Film inspiré de Deep Water de Highsmith, autrefois adapté sur un mode plus sardonique avec Trintignant et Huppert par Deville - excellent film même si c'est loin d'être le meilleur roman d'Highsmith sans doute. Finalement j'ai eu l'impression d'avoir vu le film, du reste pas déshonorant, plusieurs fois, ce qui était à peu près le cas. Principal intérêt, le personnage - et la composition d'Affleck assez idéal dans le rôle, dans un registre déprimé similaire en partie à celui qu'on connaît à Keanu Reeves - de wunderkid de la tech retraité un peu autiste d'Affleck dont QGJ dit bien qu'il suscite quand même une forme de sympathie.
Serai curieux de lire le roman car c'est un des pitchs les plus faibles de Highsmith, pourtant maître en la matière mais dont je n'ai pas de mal à imaginer qu'elle ait su décrire l'obsession et la morsure de la jalousie de manière beaucoup plus venimeuse qu'ici.

Je sais qu'aucun référent n'est fiable mais bon 3,2/5 de la presse et des spectateurs sur AlloCiné, 6.6/10 sur IMDb, 75% sur Rotten Tomatoes et 46/100 sur Metacritic. On est loin de la démolition.

Après je m'en fous, on s'en fout tous, comme tu dis, chacun son avis, mais là l'occasion de se gausser était trop belle.

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Surtout que les réhabilitations touchent les mêmes cinéastes que ceux choisis par quelques "grands gourous" de twitter (que j'aime beaucoup en plus). Mais je trouve aussi que Bay profite en ce moment d'une enflammade suspecte itou (pas par Bob mais par mon fil Twitter).

Les deux sont des tâcherons.

Certes mais spider man no way home a 8.5/ 10 sur imdb, 93% sur rotten, 4.1/5 sur allo ciné. Black panther 96 sur rotten.

Donc je trouve l'indulgence critique envers certains blockbusters surprenant depuis quelques temps. Et là les notes sont pires.
Si ce n'est de la démolition, on est loin d'un enthousiasme comparable au tien. Le film est clivant. Tu as des gens l'ayant fortement apprécié comme toi et d’autres comme libé et telerama qui l'assassinent.

La moyenne est dans le con, hystérique mais fun et au moins en ayant une personnalité. On peut ne pas aimer Bay mais on reconnait direct ses films.

Par contre, il est vrai que les critiques et les notes de deep water sont pires voir très mauvaises ( 37% sur rotten, 5.4 imdb, 50 % sur metacritic et 2 sur allociné).

Donc si je devais voir un des 2 films, j'irais plus voir le Bay.