Tom a écrit:
Tetsuo a écrit:
Mais là tu ne cites que des trucs hors Hollywood. Moi je parle plutôt de ce qu'elle est devenue à Hollywood avec les disciples de Corman par exemple, et de sa mutation vers la série A tout au long des années 80.
Les disciples de Corman, c'est qui, du coup ?
Tu veux dire sur le plan méthodologique ou littéralement ? Parce que tu as Coppola, Scorsese, Cameron, Dante, Demme qui ont tous été ses apprentis...
Citation:
Il y a beaucoup d'exploitation aux USA, pourtant. Mais le cas américain est pas très clair pour moi, en effet. J'ai notamment du mal à piger le lien exact entre Corman/Castle (qui serait l'étape US équivalente de la Hammer, peut-être, voir qui s'assimilerait encore vraiment à la série B classique, de ce que j'en ai vu) et les grands films du cinéma bis US (La nuit des morts vivants, Massacre à la tronçonneuse) qui semblent plus tenir d'une influence documentaire/européenne liée au cinéma New Yorkais - sans parler du cinéma style sexploitation ou blaxploitation, qui est encore autre chose, qui ressemble peut-être plus à une certaine conception du cinéma bis outre-Atlantique, et dont j'ignore les origines. Si rien de ça n'est lié, on en vient effectivement à se demander quel est l'héritage du cinéma de Corman (et quel type de films la génération Cronenberg/Carpenter continue).
La série B hollywoodienne, la pure, la vraie, ça part des grands studios à partir des années 30 avec leur prod de second ordre et des studios secondaires comme la Univeral et ses films d'épouvante et la Republic Picture, la Monogram etc, jusqu'au cinoche d'exploitation des années 60 avec Castle et Corman & co. Après ça, ce cinéma est parti vers la télé avec des séries comme
la Quatrième Dimension (qui emploie carrément Tourneur),
Colombo,
Star Trek, ou est resté dans des circuits de diffusion plus confidentiels (dans lesquels s'intègre un cinéma qui va puiser des influences extérieurs comme les deux films que tu as cité). Ce sont les codes esthétiques de ces films qui sont réutilisés dans les années 80, leur inventivité, leur méthode.
Citation:
Ok, mais via un cinéma riche ? Est-ce que ça transforme pas fatalement la donne ?
Les films ont un budget plus confortable mais ils sont tout autant contraint à l'invention pour raconter leur histoire. Y'a pas de meilleur exemple que
Jaws où, ne pouvant montrer le requin, Spielberg fait de cette contrainte un choix esthétique. Même avec du fric on ne se défait pas aussi facilement d'un certain savoir-faire, la donne changera mais progressivement.
Citation:
Si je te suis, le cinéma américain des années 80 > 2000 serait donc un découlement friqué de la série B ?
J'ai presque envie de te dire que la Série B EST l'essence même du cinéma hollywoodien.
Ce qui s'est passé grosso-modo, c'est que les histoires des séries B (SF, polar, horreur et même western etc.) sont devenues les histoires des séries A. Le paradoxe étant évidemment qu'en ayant les moyens de montrer ce qu'on veut, l'inventivité esthétique issue des contraintes économiques disparait, ce qui tue l'esprit de la Série B. Mais ce n'est pas seulement qu'une question d'argent.
Pour moi il y a deux films assez symbolique de ce basculement :
Terminator 2 (et ses suites), qui ne fait que capitaliser sur le premier, qui, parce qu'il en a soudain les moyens (financiers ET technologiques), montre tout ce que le précédent ne pouvait que suggérer ; et
Jurassic Park, qui théorise carrément sur les nouvelles possibilités exhibitrices des SFX. D'ailleurs ses deux films ont encore un mélange d'effets spéciaux traditionnels qui trichent à l'aide du découpage, et de SFX spectaculaires qui va totalement disparaître par la suite, comme une passation de pouvoir.
Mais sinon je ne pense pas qu'il reste grand chose esthétiquement de la série B dans le cinéma d'aujourd'hui, même s'il s'agit clairement de sa descendance.
Citation:
L'optique, c'est donc un mélange cinéma d'exploitation à grande échelle (tu veux dire non résumé aux cinémas de quartier ?) et nouvel hollywood - mais ce dernier aspect n'amenait-il pas de fait une dimension auteurisante ?
Non, pas un mélange, l'un ou l'autre. Carpenter, Dante, etc, c'est assez loin du Nouvel Hollywood. Quelques précisions là :
http://www.critikat.com/actualite-cine/ ... ssaut.htmlCitation:
Désolé, beaucoup de questions, mais tout ça m'intéresse (et j'ai bientôt mon cours annuel dessus qui revient
)
J'ai une tonne de taf en plus là, mais bon, le sujet me passionne...