vraiment marrant de voir ces vieux films qui auraient totalement disparu de la surface du monde. celui là avait floppé (700 000, à l'époque et pour bardot c'était un flop...) et avait été mal reçu, c'est nul, 100% des gens qui le voient aujourd'hui le regardent pour elle, donc ça n'existe vraiment plus que comme ça.
et c'est vraiment naze.
ça date de 67, bardot est donc une grande star, la révolution des moeurs est bien engagée. ça raconte l'histoire d'un mannequin vedette, mariée à un mec chiant mais gentil (rochefort) qui va à londres pour un photoshoot et tombe en passion pour un mec intellectuel et fantasque (terzieff). elle vit sa passion en hésitant entre ses deux hommes.
ce qui est intéressant c'est que le film se veut un instantané de l'époque, cherche la magie, mais tout est artificiel est raté.
il adore la nouvelle vague et voudrait arriver à cette représentation très françaises des amours intellectuelles, mais ça donne des scènes de couples en intérieur où ils dissertent sur la vie l'amour les vaches avec des phrases pompeuses et un jeu ampoulé, et c'est surtout ridicule. tous ces dialogues m'ont surtout fait penser à ceux du "journal d'un scénario" de fabcaro - pour ceux qui ont la ref... c'est vraiment des dialogues impossibles, totalement absurdes.
il voudrait choper des moments de magie avec les amours en écosse, la vie libre à londres, les gens tout nus au lit ou qui courent sur la plage. mais il y a 0 alchimie nulle part, tout est pensé et cadré et on voit bien qu'il ne saisit aucun moment de vie mais des gens mis en scène qui font ce qu'on leur dit. il y a quelques qualités visuelles - des jolis plans, des idées de mise en scène mais du coup ça tue la liberté saisie. on ne peut pas simuler la spontanéité, "how to fake like you are nice and caring" ça marche pas, c'est grillé.
tout ça est donc ouvertement de la faute de serge bourguignon - il a 96 ans et est toujours parmi nous donc je ne veux pas le trash si jamais il continue de se googler, mais c'est un spécimen intéressant. il avait eu l'oscar du meilleur film étranger en 63 pour
les dimanches de ville d'avray (connais pas), puis ça, puis... rien. un documentaire télé par ci, un projet oublié par là, mais wiki ne donne aucune info sur la suite de sa vie et de sa carrière.
et je ne sais pas si c'est lié, mais outre les problèmes évoqués ci-dessus, c'est rare qu'un film évoque aussi ouvertement le fait que le réalisateur ait une personnalité désagréable. si le fantasme de l'homme vs le délire de l'artiste est un dilemme classique et particulièrement avec bardot, c'est ici totalement exacerbé, et pas dans le bon sens. donc bardot, tout en étant une vedette puissante, reste totalement soumise à ses deux hommes. lesquels sont tous les deux carrément moches, et intellectuels, et la traitent vraiment comme une jolie poupée. c'est très dur de ne pas voir le fantasme de serge là-dedans, qui se décline partout : terzieff séduit bardot avec un comportement de harceleur psycho qui se voudrait charmant mais ne l'est pas du tout. bardot à poil et des plans absurdes pour ne pas montrer un bout de fesses de terzieff.
une scène absolument glacante où bardot se fait attacher les mains et les pieds en se débattant et protestant face à terzieff qui utilise sa force physique, avant de la contempler se débattre et lui dire "tu es un salaud !", puis lui dans un sourire "comme ça tu es à ma merci..." et bardot "oh mais ça me plait... qu'est ce que tu fais ?" lui : " je cherche comment te torturer" et il va chercher du lait sachant qu'elle hait ça et la force à boire, provoque un haut le coeur puis finalement elle l'embrasse à pleine bouche en lui disant "je suis à toi". du délire.
bardot elle-même est centrale dans le malaise que provoque le film. on la fait sourire tout le temps mais ça se voit qu'elle se force. on la fait jouer une femme vedette mais en concevant une histoire et un personnage où elle est soumise et ballotée. on veut la faire paraitre insouciante mais ça se voit qu'elle ne l'est plus. bref on perçoit parfaitement comment elle joue le rôle de brigitte bardot, fantasmé et instrumentalisé par les autres mais avec lequel elle est désormais en décalage. le film date de 67, donc on est dans la dernière ligne droite (elle arrête en 72) et on voit parfaitement que le ver est dans le fruit.
c'était mauvais, terriblement ennuyeux, malaisant et antipathique mais du coup tout à fait intéressant.