un policier inflitre un gang de cambrioleurs prêts à organiser le casse d'une bijouterie.
mais quelle arnaque !!!!!
je m'attendais à un titre iconique de l'heroic blooshed. je m'attendais à l'inspiration derrière reservoir dogs, un truc à citer pendant 10 ans pour dire "incroyable le plagiat...". à minima, je m'attendais à un truc hk comme j'aime, cette énergie viscérale de cinéma sans surmoi et sans cynisme.
au final, 3 malheureuses petites scènes d'action totalement basiques et low energy et déjà vues 4000 fois. de reservoir dogs, on retrouve une poignée d'idées communes, rien de fou, et pour des trucs assez classiques quand même. il l'a vu, il a aimé, il a noté 3 trucs et il a fait sa petite affaire après. intéressant pour reconstituer comment son cerveau a travaillé mais guère plus. et il y a bien le folklore local hk, mais sinon on est sur du tout petit polar de son pays et de son époque.
le folklore local intéressant, c'est une nouvelle illustration de l'amour asiatique de l'ordre social, avec cette glorification et cette empathie totale avec les policiers et cette diabolisation sans autre forme de procès des braqueurs et criminels. à l'heure où le flic-nazi est devenu un poncif du cinéma français et que netflix mise h24 sur l'empathie avec le crime organisé et les trafiquants de drogue, c'est intéressant. mais à la même époque dans le cinéma français, il me semble qu'il y avait une culture de brouiller un peu les lignes, en mode flic ou voyou, explorer les zones où les deux camps se rejoignent. le folklore local pénible, c'est les interruptions régulières de récit pour la vie amoureuse de chow yun fat, avec ces scènes de marivaudage 'comiques' pénibles, pas drôles, systématiques, nulles, longues, qui piratent pour rien... insup.
mais à côté de ça, on a récit d'une banalité confondante. ça prend des plombes à se mettre en place, ça tergiverse, ça fait des pauses, ça raconte par à coups, bref : ça parle chinois. il n'y a aucun angle narratif ni thématique particulièrement fort, qu'une seule scène au concept sympa, c'est mis en scène extrêmement platement, chow yun fat est moche, il y a des poncifs paresseux de tous les côtés, l'impression que tout a été raconté pareil 356 fois, on sent l'influence américaine de partout, c'est vraiment globalement atrocement basique.
Je n'ai pas d'avis sur l'avatar mais j'en ai un sur le texte de début surtout sur l'aspect visuel et thématique.
Je vous préviens il y en aura pour un bout de temps.
Mais on va redécouvrir un classique de HK ensemble et il y aura plein d'extraits sympas.
Bon, d'abord, je ne sais pas trop où se trouve l'empathie totale avec la police et les malfrats diabolisés parce que le film fait le chemin complètement inverse où l'on débute avec des malfrats anonymes et avec qui le flic infiltré, Chow, va se lier tandis que sa vie professionnelle se barre en couille et que sa vie perso termine en eau de boudin. Le film est en trois temps : la présentation des flics et celle des truands, le rite de passage de Chow pour entrer dans le gang et le braquage (qui dure quand même vingt bonnes minutes). Petit à petit, les flics vont se déshumaniser tandis que ce sera l'inverse pour les truands.
On passe de Danny Lee en portrait robot anonyme à Danny Lee le meilleur pote pour la vie avec qui on fait des batailles de bouffe :
(notez aussi qu'à la fin, il vont se tenir en joue avec du sang qui leur coule sur la gueule, je pose ça là)
De leur côté les flics deviennent une masse informe où les hommes de la section d'assaut ont les visages masqués comme les truands lors du premier braquage du début : Le casse du début :
L'assaut final :
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Alors que la frontière se brouille, on remarque même que le visage de notre ami, Chow, est couvert alors qu'il tend une photo de lui-même avec sa mie (et vas-y qu'on de l'image dans l'image, parce que le film porte sur les faux-semblants) : donc il se révèle mais se masque en même temps.
Notons aussi qu'entretemps ces collègues auront un peu oublié de faire preuve d'empathie avec lui :
Ce qui peut expliquer qu'il l'ait un peu gros.
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Vous avez tous vu Les Infilitrés d'un Scorsese qui venait de mieux ressusciter pour repartir ensuite en coma prolongé et ben, lui il devait bien connaître ce film-ci parce qu'il restitue bien avec Di Caprio le caractère enfiévré du héros interprété par Chow Yun-fat. Et ceci pour un remake d'une œuvre déjà héritière de City on Fire, vu qu'Andrew Lau, le futur réal d'Infernal Affairs est aussi à la photo de celui-ci.
Profitons-en pour admirer un peu le travail d'Andrew qui sait varier les tons pour illustrer la double-vie de notre héros. la plupart du temps, la lumière est assez naturaliste, sauf quand le danger et la nuit pointent :
Mon dieu, ce cauchemar ne finira donc jamais ? Suis-je à jamais prisonnier de cette affaire... infernale ? (ce dialogue éblouissant n'apparaît malheureusement pas dedans)
Michael Mann, es-tu là ?
Du bleu et du rouge qui permettent de rappeler les flics, les sirènes, le sang tout ce que vous voulez... mais aussi de matérialiser la température, on verra pourquoi ensuite.
De la même manière que pour les contrebandiers de l'âge d'or hollywoodien, Ringo Lam a été repéré comme un auteur parmi la masse de réalisateurs qui bossaient dans l'industrie à la même époque c'est non seulement parce que ce n'est pas un manche mais aussi et surtout parce qu'il arrive à reprendre les passages obligés des films de genre qu'on produit à la douzaine mais à les relier. Je vais essayer de pas m'emmêler les pinceaux dans les infos sur l'industrie, je vous renvoie à l'indispensable Planet Hong Kong du non moins inestimable David Bordwell qui nous a malheureusement quittés il y a quelques jours. Mais en gros, les scénarios de ces films se composent en blocs relatifs aux bobines projetées. Le but est d'obtenir un rythme soutenu tout en gardant la possibilité de changer le ton ou des passages d'un film si celui-ci ne marche pas une fois projetés. C'est ce qui donne parfois l'aspect décousu des intrigues (du type digression pour un tunnel de gags en attendant une poursuite dans les Jackie Chan).
Ringo Lam (qui réalise mais a aussi conçu l'histoire) lui, arrive à relier tous ces bouts avec des motifs récurrents, des situations temporelles, des éléments visuels et surtout une vision du monde. Le motif de l'infiltré en tant que type qui risque sa peau dans les deux mondes corrompus où il évolue et qui vont le dévorer lui colle admirablement bien, ce qui explique aussi la place de choix de City on Fire dans sa filmo.
Le film parle d'un mec déjà mort :
On lui confie son ordre de mission directement à la morgue (où on garde de la bière et un sandwich) :
Il noue un deal avec le gang dans un cimetière (et mate un peu la taille du cimetière) :
Où il met littéralement les pieds dans le plat :
Même quand il prend du bon temps, le spectre hideux de la Faucheuse se tient au-dessus de lui (c'est une image) :
L'infiltré au mulet qui se fait serrer au début par le gang après avoir été découvert :
Chow et sa copine sous la douche :
Pour bien faire entrer dans la tête que ce pauvre Chow va être refroidi, on place l'intrigue en hiver à l'approche de Noël et on va rappeler continuellement qu'on...
... se les caille
... se les gèle
... se pèle la cerise.
D'ailleurs ses collègues en profitent pour ouvrir la fenêtre pendant son interrogatoire après l'avoir douché :
L'empathie est totale.
Ce qui amène aussi une scène rigolote quand on ouvre une autre fenêtre plus tard, celle pour fumer la clope de l'amitié :
et où on voit que leur pote va passer une sale nuit avec le courant d'air dans la tronche ;
Ringo Lam aime créer un petit monde qui grouille aux quatre coins de l'écran.
Noël c'est aussi la saison dans laquelle se situaient les débuts de French Connection et Police Fédérale Los Angeles : parce que comment mieux dévoiler la corruption de ce monde qu'à une époque où on te fait croire en la paix sur Terre et la communion entre les hommes ?
Ce plan de la win... l'amour pour les hauts gradés suintent de tous les pores de l'image tandis qu'ils décident du sort de leur indic.
D'une manière générale, le ciné HK de l'époque montre que les lèche-bottes et les arrivistes ont remporté le gros lot avec la mutation de l'ancienne colonie en eldorado de l'ultra-capitalisme des 80s. Plus on monte haut dans la hiérarchie, plus on trouve des crapules.
D'abord on a le jeunot qui prend la place de l'ancien et qui annonce des lendemains qui déchantent.
Pour bien acter que c'est un trou de balle, Lam utilise des petites idées visuelles, comme l'échange dans le bureau entre le vieux briscard et le jeunot. La caméra le suit qui discute et trace vers son bureau pour s'asseoir et s'allumer une clope alors que tout autour, on rappelle que c'est interdit.
Pour leur chef, c'est dès le début qu'on cale assez rapidement qu'il n'a que peu d'attrait pour l'action et pour les conséquences de celle-ci en le montrant tenant un mouchoir sur une scène de crime avec des bagnoles qui crament (il masque aussi son visage comme les truands et l'indic, personne ne montre son vrai visage).
Mais Lam ne se sert pas des images dans les images que pour dénigrer. Il renforce aussi les liens des personnages entre eux au cours de scènes où ils s'épanchent.
Le vieux briscard a perdu son fils et Chow le remplace : à chaque échange, Lam nous rappelle de leurs liens. Et que ce serait véritablement un coup dur pour lui s'il arrivait quelque chose de mal à Chow... d'où émotion.
D'ailleurs Noël, c'est aussi la fête des bambins et Ringo Lam n'oublie pas de coller des touts-petits dans le décor pour rappeler l'aspect enfant perdu mal dégrossi de Chow
et puis, ça peut permettre de caractériser à peu de frais des hommes de main :
Hop, on voit des gnomes du coin de l’œil alors que Chow se pose avec ses nouveaux partenaires...
Hop, les gnomes réapparaissent quand la discussion est finie et on voit qu'un des deux gangsters a pas de patience...
... mais pas Danny Lee, "Tiger", il est cool, lui. Et puis, il aime voler donc ça lui dérange pas que la petite fille chaparde la fleur.
Lily est la meilleure amie de Chow et de sa fiancée (dont elle est également la colocataire) : elle les accompagne dans toute leur relation mouvementée et Ringo Lam s'arrange pour la placer toujours quelque part dans le décor exigu de cette chambre (et je ne parle même pas du téléphone qui a une importance dans l'histoire vu le métier du héros et l'état de la technologie à l'époque)
Lam ne lâche jamais son héros avec les miroirs, le double, les faux-semblants etc...
Chow a des flics à ses basques dans un restau où il retrouve un des membres du gang, Lam passe dans un seul et même plan d'un personnage à l'autre. C'est tout con mais ça résume la filature, la suspicion, le mensonge avant de figer Chow dans le miroir :
Et même quand le héros est tout seul, le monde autour de lui dans lequel il a perdu totalement ses repères temporels et spatiaux avec des décors spécial prise de tête :
Les décors et les objets sont expressifs mais les gestes également.
On parle beaucoup de Friedkin à propos de Lam, mais Scorsese (encore lui) est aussi une influence évidente d'autant que le personnage, malgré un flegme apparent, vit son métier comme un sacerdoce et n'hésite pas à se faire souffrir pour la cause, comme lorsqu'il attache au point de se serrer plus que de raison la taille avec du scotch :
Et un plan sur le décor et les accessoires de sa "pénitence" montre qu'il est aussi un cousin éloigné de Travis Bickle :
Mais oui, je sais, l'émotion, les thèmes, le monde, la politique, l'amour, tout ça, on s'en cogne, ce qu'on veut c'est de l'ACTION, que diable !!!
Bon, ok. Je passe sur les filatures et la séquence de bowling parce qu'on y serait demain, mais parlons course à pied.
Dans Ringo Lam l'incendiaire, au chapitre consacré à City on Fire, Sébastien Lecocq explique que l'un des points communs entre Friedkin et Lam est leur capacité à s'emparer du décor et notamment du décor urbain, grouillant de figurants. Lors de la poursuite à pied centrale de City on Fire dans Nathan Road, Lam a tourné "sans autorisation, dans une rue bondée, au milieu de la circulation. On se mange donc des travellings de fous furieux avec un acteur qui doit sprinter avant de sauter à l'arrière d'un camion. Selon Lecocq : "Une recherche de réalisme telle que Chow Yun-fat termine la scène épuisé et vomit dans le caniveau à l'instant où les caméras se coupent.
Mais revoyons la scène au ralenti (et sans le mouvement) (et avec des captures de dvd moches) (mais la scène est sur Youtube)
C'est pas de l'énergie cinétique, ça ?
Je sais qu'il y a des fans de Tom Cruise en ces terres, mais est-ce que Tom Cruise, il fait tout ça dans une vraie rue pour un film dans lequel il clope comme un pompier ? Non. Bon, alors, on va se calmer.
Et puis, pour finir un florilège non exhaustif de plein de plans sur l'omniprésence de télés et puis d'autres plans dont je ne savais que faire (dont un que j'ai appelé "Le Degryse") :
Marty likes this
un petit jet de sang rapide d'une vendeuse de la bijouterie, dans cet insert qui résume tout le propos sur l'horreur de la situation en un plan. Tout ça pour ça.
Il m’a bien semblé trouver aussi cet aspect vivant, en prise avec la réalité en jetant un rapide coup d’œil sur le film. J’avoue avoir été cueilli par le “ça parle chinois” de fingerscrossed. A revoir
Précisons que Ringo Lam a aussi déclaré (toujours lu dans le Lecocq) qu'il ne croyait pas du tout en le "heroic bloodshed" donc on peut se retrouver un peu en plan si on s'attend à ce sous-genre.
En revanche, on peut conseiller en bons films pro-flics (avec toujours les problèmes de hiérarchie) : O.C.T.B. de Kirk Wong (avec une bonne fusillade en pleine rue pré-[b]Heat [/b]et toujours Danny Lee, visiblement l'ami de la maison poulaga) ou le Big Bullet de Benny Chan, pas avare en action.
Précisons que Ringo Lam a aussi déclaré (toujours lu dans le Lecocq) qu'il ne croyait pas du tout en le "heroic bloodshed" donc on peut se retrouver un peu en plan si on s'attend à ce sous-genre.
je confirme !!!!!!
merci sinon pour ce riche texte - qui me convainc quand même que c'est pas mon del'. ça arrive
Je voulais dire "retrouver" car évidemment que City on fire est un excellent film. Ce qui caractérise le Lam des débuts pour moi, ce sont des explosions de violence très sèches et sauvages que je n'ai retrouvé plus tard que chez Na Hong-jin (qui devrait enfin faire un nouveau film). Après, fingerscrossed semble clairement hermétique au cinéma HK - j'étais aussi surpris que toi que l'on puisse y voir une "forme d'amour asiatique de l'ordre social", alors que comme tu le dis, le cinéma HK de l'époque embrasse une sorte de chaos où les idées reçues sur le confucianisme asiatique se trouvent plutôt battues en brèche. C'est pourquoi je ne lui conseillerai pas de s'attaquer aux fleurons de ce que les amateurs nomment le "cop soap opera" comme le génial Beast Cops au titre déjà évocateur.
Précisons que Ringo Lam a aussi déclaré (toujours lu dans le Lecocq) qu'il ne croyait pas du tout en le "heroic bloodshed" donc on peut se retrouver un peu en plan si on s'attend à ce sous-genre.
je confirme !!!!!!
merci sinon pour ce riche texte - qui me convainc quand même que c'est pas mon del'. ça arrive
C'est pas grave. Mais que ça ne se reproduise plus. Teste peut-être du côté des girls with guns pour du rythme sans répit et de l'action qui défouraille. Genre Le Sens du devoir.
bmntmp a écrit:
Je voulais dire "retrouver" car évidemment que City on fire est un excellent film. Ce qui caractérise le Lam des débuts pour moi, ce sont des explosions de violence très sèches et sauvages que je n'ai retrouvé plus tard que chez Na Hong-jin (qui devrait enfin faire un nouveau film).
C'est exactement ça : il y a aucun plaisir dans le déchaînement de violence, ça vire même parfois à l'humour noir (dans Wild Search quand Chow Yun-fat s’assoit dans le resto en face du mec qu'il vient de flinguer)
Après il faudrait vraiment que je le revois, car par exemple, dans un film d'excellente tenue, je suis étonné qu'on ne soit pas au moins sensible au charisme de Chow Yun-Fat, mais je me dis que ça fait partie du style de Lam (hors Full Contact), beaucoup plus sobre que celui de ses pairs de l'époque (à tel point qu'un film à l'excellente presse comme Full Alert, vraiment très sobre, a pu me laisser insensible et ennuyé alors que j'adore Lau-ching Wan et Francis Ng). Cela montre aussi la versatilité de Chow Yun-Fat.
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