Tom a écrit:
Non je suis pas clair, je ne dis pas que Leone est un cinéaste classique : par motifs classiques, j'entends motifs issus (extirpés) de la période classique du cinéma. C'est à dire en l’occurrence ceux du western : un décor désertique, un personnage de cowboy solitaire, des duels dans une rue vide en face à face, la question de la loi dans un pays-chaos en formation... Tout ça appartient à l'origine au cinéma classique.
Ce que fait Leone, c'est uniquement exagérer et tordre ça. On va tellement exagérer le duel qu'on va faire des méga-gros plans sur les yeux. Le héros va être si solitaire et si mutique qu'on va se taper des plages de silence de 3 minutes. Le monde va être si chaotique et dangereux que tout va y être sale et repoussant. Et ainsi de suite... Mais on reste dans une logique de déformation, de trait davantage forcé : au final, l'envie est d'abord de rejouer la pièce sans avoir l'impression de ne faire que la photocopier.
Tarantino, lui, va approcher son modèle comme une référence, comme un cube dans les jeux d'enfants. Dans ma main j'ai un cube western spaghetti, dans mon autre main j'ai un cube blaxplotation. Je vais les mettre côté à côté et on va voir ce que ça produit, ce que ça raconte, ce que cette remise en situation crée. On est plus dans la déformation, mais dans la dialectisation.
La différence entre les deux, pour moi, est là.
Mais ce sont des termes ("moderne", "maniériste", "post-moderne") difficiles, dans le sens où chaque théoricien a sa propre définition. Certains font commencer le maniérisme à Sirk, d'autres ne veulent pas en entendre parler avant les années 80. Et post-moderne, j'ai jamais réellement trouvé de définition nette et commune à tous qui puisse faire autorité...
Ton point de vue est intéressant et mérite que je m'y penche. Je ne le vois pas exactement comme ça cela dit...