Forum de FilmDeCulte

[Info modo : Ces messages sont issus d'un topic commun avec Passion titré Masumura en salle, ensuite découpé. Un paragraphe du message, en rouge, fait encore référence à Passion.]


Deux nouvelles reprises du cinéaste japonais Masumura sont sorties hier sur les écrans.

Bon contrairement à ce que peuvent faire penser les photos c'est en couleur et en beau scope.


La bête aveugle

Un sculpteur aveugle enlève et séquestre dans son atelier un modèle pour la soumettre à l'empire des sens afin qu'elle devienne une statue idéale. Comprenant après plusieurs vaines tentatives qu'elle ne pourra fuir ce cauchemar, la victime est peu à peu attendrie et envoûtée par son bourreau...

Bande annonce de la bête aveugle

Les films sont tous deux des adaptations de romans de grand écrivains japonais (Tanizaki pour Passion et Edogawa Rampo (Edgard Alan Poe) pour la bête aveugle à qui l'ont doit aussi Gemini qu'adaptera plus tard Tsukamoto). Masumura a exercé en tant que cinéaste durant les années 60 et 70 et a lancé la nouvelle vague japonaise tout en conservant le formalisme des studios. Visuellement ses films sont donc très travaillé que ce soit dans les cadres ou la lumière et thématiquement ses oeuvres sont teintés d'érotisme traitent de sadomasochisme, de perversité et de passion dévorante.

[Passion est en quelque sorte une oeuvre somme où beaucoup des préoccupations du cinéaste se rejoignent dans une représentation un peu éparpillé, qui prendrait la forme d'une lecture en diagonale d'un journal intime (le film est un énorme Flash back). Masumura met en scène, entre autre, une relation homosxuelle entre une bourgeoise et une femme (Ayako Wakao) dont la beauté ensorcelle la plupart de ceux qu'elles rencontrent. Il ne faut pas y chercher une quelconque volonté de réalisme, le jeu des acteurs étant très expressif, certains de leur traits vraiment forcés. Au niveau des décors, on ne voit que peu l'extérieur, toutes les scènes se passant dans des chambres ou salons, la caméra saisissant la plupart du temps les personnages en gros plan pour signifier leur enfermement psychologique.
J'y trouve quelques baisses de régime qui me rendent le film pas totalement convaincant (la fin s'étire un peu trop) mais c'est globalement bon.]

La bête aveugle est d'un tout autre niveau et je ne crois pas avoir vu un tel film depuis longtemps. Le film est une fable érotique-SM qui, abandonnant peu à peu toute attaches réalistes, plonge dans un abime de noirceur et laisse apparaitre un lyrisme d'une force peu commune. Voix off d'outre tombe glacante, musique géniale (voir la BA), trio d'acteurs parfait et successsion de plan et d'image qui marquent longtemps la rétine ((les murs sculptés). Immense chef d'oeuvre à voir absolument.


Les masumura passent au MK2 Beaubourg, Racine Odeon et Balzac (donc c'est bon pour ceux qui ont la carte pass). La femme de Seisaku et Tatouage (sortis il y a quelques mois) sont également repris au Balzac.

Ca tombe bien je le vois ce soir huhuhuhu.

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Doll, it's a heartbreaking affair

Hummm, j'ai découvert Masumura avec Tatouage lors de sa re-sortie, je brûle de voir les autres (et je veux être Ayako Wakao, d'abord!). Comment faire, avec le peu de temps que je vais passer sur Paris? (même Avignon, je risque de même pas faire ma cure d'Utopia de rigueur)

Aaaahhh, je souffre (en kimono rouge sur ma peau blanche zébrée de coups de fouets, donc une souffrance très masumurienne, en fait).

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Ladyhawke.

Je te passerai les VHS de La Bête Aveugle et L'Ange Rouge.

Et un magnéto, par la méme occasion? Et une TV?

Dans mon exil, je suis seule face à mon iBook qui ne lit que des z2, tu sais... [ouiiiiiiiiinnnn]

"Forumeurs bien équipés (en home-cinema, hein), adoptez une Ladyhawke dans le besoin"

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Ladyhawke.

tu cherches les ennuis ?

You're an accident
Waiting to happen
You're a piece of glass
Left there on the beach...

Je ne cherche pas les ennuis, je SUIS les ennuis

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Ladyhawke.

Et vu celui-ci. J'ai, comme pour Passion, eu parfois un peu de mal avec le rythme (et là il faut s'habituer au jeu de l'acteur), mais j'ai beaucoup aimé cette "plongée dans le monde tactile", surréaliste à l'image de son décor en forme de multiples fragments féminins, ou l'immense statue qui s'étend dans l'atelier. Je trouve la fin très forte et le film vraiment à part, je connaissais pas ce Rampo là.

Ca riait beaucoup dans ta salle?

Je suis curieux de voir les autres du coup, le pitch de La Femme de Seisaku me dit bien, qu'est-ce que tu n'aimes pas dans le film? Et Tatouage, c'est au niveau?

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Doll, it's a heartbreaking affair

Ayako Wakao y campe une allumeuse-manipulatrice des plus modernes dans son comportement, elle m'a fait penser furieusement à la provocation vivante qu'est Brigitte Bardot dans En cas de malheur, pour situer le niveau....
La scène d'ouverture est absolument hypnotisante, c'est d'une audace folle de débuter un film par une scène d'un érotisme aussi torride, et je te défie de ne pas baver chaque fois que le kimono (noter que le vêtement qu'elle porte en-dessous est toujours de couleur rouge..) d'Ayako glisse le long de son épaule et révèle son dos sculptural... Le dos de Janet Leigh dans Les Vikings peut aller se rhabiller, si tu me passes l'expression, pour un fétichiste de cette partie du corps c'est le nirvana.
Le rythme peut te poser des problèmes ici aussi, mais la fascination devant la perfection picturale des plans devrait l'emporter.

Donc, si l'opinion de quelqu'un qui n'a vu que ce Masumura-ci est de quelque importance, je dirais: courzyvite!!!

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Ladyhawke.

Vers la fin ça ricanait doucement oui...Tu peux tout à fait aimer la femme de Seisaku...Moi je n'ai pas acroché à l'histoire et aux personnages auxquels je ne crois pas et qui me semblent trop artificiel.
Mais comme je l'ai dit, beaucoup de gens ont adoré ce film donc je ne voudrais pas te priver d'une éventuelle bonne surprise.
Tatouage me dit bien aussi ne serait ce que pour Ayako Wakao et l'avis de Ladyhawke

Je pense que je me ferai une doublette Seisaku-Tatouage dans une semaine, merci!

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Doll, it's a heartbreaking affair

[Info modo : post en réponse à un message entre-temps effacé]


fait chier, mon enregistrement a foiré, j'aurais aimé voir ça...

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Nouvelle vision hier qui balaie mes réserves sur le rythme, je trouve le crescendo vraiment fascinant. Je préfère Seisaku mais celui-là est magnifique.

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Doll, it's a heartbreaking affair

J'ai trouvé toute la 1ère partie vraiment bien, j'ai vraiment accroché au délire "lien organique entre le corps et l'art" comme dit hal5.
Puis arrive la fin et la j'ai complètement décroché et ai eu une forte envie de stopper le film.
C'est bizar comme on peut être à fond dans un film puis avoir cette envie de l'arrêter tout de suite.
C'est difficil de mettre une note car cette fin m'a fait perdre tous ce que j'avais trouvé de bon dans ce film et c'est dommage...3/6

Un film réellement déroutant à la beauté plastique indéniable et au traitement visuel très intéressant (quoique stylistiquement très limité à son époque), qui mêle les propos brillants et fins sur la perversion, les rapport humains et familiaux, sur l'art (bizarrement, j'ai aimé le propos uniquement parce que j'ai senti qu'il n'avait de valeur qu'en étant volontairement foireux. Il n'est intéressant qu'en ce qu'il constitue une impasse dès son départ, mais une impasse féconde).

Après, il en ressort surtout une superbe étude sur le désir, une des références sur le sujet, et des plus marquantes que le cinéma n'ait jamais faites à ma connaissance (j'étais justement en train d'aborder l'impossibilité de satisfaire le désir dans un de mes cours, là, en ce moment). Néanmoins, je trouve que ça perd un peu en ne traitant que cette impossibilité et en n'abordant le thème que dans son impasse. Il est vrai que le point de départ par la séquestration ruinait totalement les chances d'y voir un plaisir ou un moteur, mais du coup, ça restreint un peu le propos. Position trop restreinte en somme, même si superbe traitement visuel et superbe démonstration de son propos à la fois narrativement (la manière dont la pente devient progressivement glissante), et visuellement, mais aussi dans le rythme et le montage.

On pourrait ajouter plein d'autres points, la sensualité, la morbidité, le pathologique... y a beaucoup de choses à dire.

5/6

Une question: C'est normal si à la projection, toute la salle était morte de rire dans la dernière partie? (moi, ça l'a pas du tout fait, j'étais fasciné par le traitement)

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"Tirer la chasse, c'est comme le ping-pong. Plus on y pense, moins on ressemble à sa mère".

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