Forum de FilmDeCulte

La dernière journée de Satché, qui sait qu’il va mourir ce soir.
Comme cela arrive parfois, tout le monde savait. Comment ? Personne ne pourrait répondre exactement, l’expérience peut-être. Par ici, il arrive que la mort prévienne encore de sa venue. Cela se passe la veille, comme une certitude qui descend dans les corps et les esprits de celui qui est choisi et de ses proches. Pas de doutes ni de lutte possibles. Aujourd’hui sera la dernière journée de Satché.
Satché, engagé dans cette journée entre dans un espace étrange, où il se joue une sorte de vie. C’est un voyage intérieur durant lequel il passe d’état en état à travers différents tableaux : de la maison maternelle, au quartier d’enfance, aux amis d’adolescence, au premier amour… Pendant une partie de la journée Satché va revisiter l’évidence, il va passer aux embranchements, là où d’autres possibles se sont un moment dessinés.

Alain Gomis poursuit une filmo singulière avec des moyens très limités. Dernière entrée française à concourir à Berlin cette année, Aujourd'hui rappelle la radiographie du Liban et de ses paysages dévastés par la guerre de Joreige et Hadjithomas dans l'étonnant Je veux voir, cette fois-ci appliquée aux rues de Dakar. Le début très réussi où le personnage se réveille et se retrouve entouré des siens qui l'accompagne dans son ultime journée, convoque une sensation d'intimité au seuil du fantastique et du mystique rarement éprouvée. Hélas, le film se fait plus inégal au gré des déambulations et des errances de Satché auquel donne corps l'excellent Saul Williams, charismatique tout en étant déjà un peu absent: Tout le passage avec son ancienne maîtresse Aïssa Maïga est catastrophique et fleure bon le drame français hystérique d'opérette, surtout situé dans ces installations d'art contemporain. On peut aussi trouver la conclusion un brin déceptive (mais les adorateurs de la fin de Jusqu'à la fin du monde la trouveront peut-être classe, va savoir).
3/6