Forum de FilmDeCulte

Le récit extraordinaire des machinations à l'oeuvre lors de l'élaboration du plan de sauvetage financier de la Grèce en 2015. Alors que le gouvernement de gauche de Syriza devenait de plus en plus provocant, il entraîna, en réaction, des manoeuvres d'intimidations de la part des parties impliquées.


Le truc rigolo dans le dernier Costa-Gavras c'est les acteurs choisis pour incarner des politiques célèbres. Une mention pour le faux Michel Sapin qui m'a fait marrer avec sa cravate mise à l'arrache et le faux clone d'Emmanuel Macron qui fait violemment sourire. Sinon je ne partais pas chaud pour le film, peur d'un sujet peu cinématographique mais une fois sorti de la salle il faut reconnaitre la prouesse de mise en scène de Costa-Gavras. Pendant 2 heures, ça va être une enfilade de réunions dans des cabinets et bureaux politiques, le pitch qui sur le papier est assez rebutant mais le résultat en est tout autre.

C'est filmé comme un vrai thriller et j'ai rarement vu un film aussi rythmé cette année au cinéma. Les 2H04 m'ont tout simplement paru durer une heure tellement c'est mené tambour battant et jamais la tension ne se relâche à l'écran. Et puis Costa-Gavras insuffle de l'humour tout le long comme ce qui se passait sous nos yeux n'était qu'une gigantesque farce. Il faut voir certaines scènes appuyées par cette grotesque musique traditionnelle grecque. Sinon le film a le mérite de prendre son sujet à bras le corps, ne jamais se positionner sur l'échiquier politique en comprenant les intérêts des uns et des autres et d'être très instructif sur tout ce cirque politique. Bref c'est passionnant et mention spéciale pour l'acteur principal grec qui a un charisme de feu de dieu. Et quelle énergie à l'écran. Le meilleur film de son auteur depuis bien longtemps.

4,5/6

Comment ne pas respecter l'ambition de ce film ? Traiter frontalement et pendant 2h le sujet le moins sexy du monde, avec un recours modéré aux caches-misères (un ou deux montages expressionnistes, une scène de danse métaphorique nulle...). Plein de décors, plein de rôles parlants, pas de chichis. Respect.

Mais... c'est quand même naze.

Certes, le rythme est bon, on se fait assez peu chier, mais au final ça reste du film-wiki tout terne et tout plat, qui ne trouve jamais vraiment son ton (ambiance globalement sérieuse parasitée par des gags ou des irruptions métaphoriques...). Abyssin dit que le film ne se situe pas sur l'échiquier politique, mais les panneaux finaux hyper-premier degré laissent quand même entendre que oui... Ceci étant dit, il y a quelque chose de réjouissant en ces temps de Brexit et de souverainisme à tout crin à voir des héros se battre pour rester dans l'Europe et l'euro.

Sinon c'est le seul film où les acteurs sont moins beaux que les vrais gens qu'ils interprètent (Varoufakis, Christine Lagarde...). Quant au Emmanuel Macron (scène totalement gratuite au passage), ça passe grâce aux cheveux, mais les pattes sont trop courtes et le costume mal taillé. Le fait que le mec soit doublé n'arrange rien à l'affaire.

_________________
Liam Engle: réalisateur et scénariste

Plus proche d'Abyssin, j'ai trouvé ça fort, drôle (même si l'on rit surtout jaune), révoltant, et même la scène de danse ne m'a finalement pas gêné. Ca me donne envie de rattraper un peu la filmo Costa.

_________________
Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)

L'impression que tu surutilises le terme de film-wiki. Je voudrais bien savoir ce que tu entends par là car dans le cas du Costa-Gavras j'ai du mal à voir. Sur le ton, Cosmo a trouvé le bon terme, il est très "rire jaune". On pourrait même dire grinçant. Le titre est d'ailleurs très bon. Il y a une scène que je trouve excellente : la réunion de l'Eurogroup où le ministre des finances allemand arrive en retard.


J'avoue avoir été un peu fatigué hier et m'être assoupi les 2 dernières minutes.

J'adore justement la manière dont Gavras s'amuse à donner des images ridicules aux personnes réelles juste par le choix des acteurs et de leur "look". Michel Sapin prend très cher.

Ah putain j'ai oublié ce raccord scandaleux entre un journaliste qu'on voit filmé par son cadreur... euh... attend, c'est trop dur à expliquer, je vais le faire en images:

Plan 1


Ensuite on raccorde sur des gens qui regardent la télé. Donc on croit que le plan 2 ça va être ça:

Mais en fait c'est ça:

_________________
Liam Engle: réalisateur et scénariste

Lol.

_________________

vous êtes passés à côté de l'ironie, allez j'oserai dire grinçante, costa-gavresque.

C'est tellement gros que j'arrive pas à croire que c'est pas volontaire.

_________________
"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

C'est volontaire surtout que c'est assez raccord avec l'humour du film.

Je pense pas que ce soit écrit à l'avance, c'est juste qu'il s'en fout. De toute façon ça arrive tellement souvent ce genre de truc, même dans les blockbusters. Du style journal télé qui relate un truc que t'as déjà vu et tu revois dans la télé des plans du film. C'est juste que personne prévoit de tourner des rushes supplémentaires en vidéo pour remplir les écrans et on se retrouve avec ce genre d'énormités.

C'est comme les Skype et les Facetime dans les films, jamais reproduits de manière crédible (ici c'est genre gros plan d'Alexis Tsipras qui regarde bien droit dans l'objectif...).

_________________
Liam Engle: réalisateur et scénariste

Interdit putain.

_________________
Netflix les gars, Netflix.