Forum de FilmDeCulte

Bàwáng biéjī (霸王別姬) en VO.



Enfants, Douzi et Xiaolou ont lié une amitié fusionnelle dans l'enfer de l'école de l'opéra de Pékin. Adultes, devenus des célébrités, ils jouent sans cesse la même pièce, Adieu ma concubine, au fil des aléas de l'Histoire mouvementée de la Chine.


Attention, ceci est un post sur-théorique bien chiant comme vous les aimez, qui cherche ses mots en s'emmêlant les pinceaux...

Bref, le film : je connaissais sa réputation de grosse production académique, je trouve qu'elle est injuste. Je vois l’orgie de décors et de costumes, je vois le faste qui flatte l'image du pays et le pouvoir en place, je vois le plaisir de l'image chatoyante, je vois la prétention un peu vaine de fresque historique exhaustive. Mais je vois aussi un cinéma qui, assez loin de toute démarche maniériste, a un rapport très pur à ce qu'il filme : pressé d'explorer un univers fantasmé, capable de satisfaire un désir en filmant. J'en veux pour preuve la première partie parmi les enfants, hallucinant trip SM à faire pâlir Griffith, qui ramène le mélo à la pureté pulsionnelle de ses origines : des gamins qu'on violente, les visages qui pleurent, l'amour idéalisé qui émerge dans l'horreur, c'est outré et non recommandable et en même temps, putain, au moins filmer devient un enjeu, au moins il se passe quelque chose. Sous l’ultra-stabilité de la forme "apaisée", confortablement blottie dans les atours naturalistes chéris par l'époque (la foule de multiples petits détails qui veulent faire "réaliste", jusqu'au vulgaire - qui veulent quoiqu'il arrive donner l'impression de saisir la situation au passage, aussi improbable et fantasmagorique soit-elle), il y a mine de rien un inconscient très instable qui s'offre tout nu, dans toute sa dimension déraisonnable, non maîtrisable. Dans les circonvolutions de cette parure mesurée qu'on taxe d'académisme, j'ai l'impression de voir les névroses du réal bouillonnantes, en plein jour.

D'où mon interrogation sur l'académisme... Globalement, je me demande quand même s'il n'y a pas eu une erreur d'appréciation vis à vis de tout un cinéma néoclassique des années 90 qui avait, par ses propres moyens, retrouvé un lien direct et sain au récit, permettant d'éviter la focalisation sur la forme au travail. J'ai jamais l'impression de voir Chen Kaige me donner à voir son beau cadre ou son bel effet de lumière, en somme.

Après, oui, effectivement, il y a un épuisement qui semble quasi inévitable au fur et à mesure que le film avance, et j'aurais plus de difficultés à défendre aussi définitivement le film une fois sa première heure passée. Parce que les aléas de l'Histoire donnent le tempo, déjà, ou encore parce que le film se focalise sur un enjeu (la jalousie et la concurence entre les deux amants) pas bien passionnant. Chen Kaige n'abandonne jamais le navire, à bien y faire attention on voit qu'il y a toujours une petite histoire entrain d'être raconter - l'éblouissement "irregardable" du peuple qu'on amène aux fusils, l'abandon à l'opium parmi les poissons, l'interrogatoire qui ressemble à une pièce de théâtre -, mais celles-ci s'éparpillent sans suivre une ligne bien claire, et le film dilue ses forces dans un relatif ennui. A l'image d'un personnage qui place l'art devant tout le reste (les idéologies, la vie sociale, l'engagement), on finit par avoir l'impression d'un cinéaste qui, traversant les époques, ne s'intéresse qu'à son opéra et à la beauté qu'il pourra collecter des horreurs de l'Histoire. C'est fascinant quand ça concerne l'éducation quelque peu abstraite des enfants isolés, c'est plus problématique face à la réalité des faits historiques : dans son rapport au passé, le film est toujours quelque peu malaisant, voire mou et désintéressé (ce qui est pire).

Ça me laisse d'ailleurs sur le cul : comment la sortie d'un truc pareil a-t-elle pu être autorisée dans la Chine des années 90 ?

Film que j'avais trouvé sublime à sa sortie (je me souviens du buzz cannois et de la concurrence entre ce film et La Leçon de piano, qui se partagèrent la Palme d'or). Je serais curieux de le revoir.

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Que lire cet hiver ?
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Ouaip, deux gros mélos maousses, qui s'en sont pris dans la gueule avec les années (plus l'impression que le Campion soit très considéré, à présent). Années cannoise expérimentale avec Joel Schumacher en compétition et Kiarostami dans le jury (hum).

J'avais adoré - 6/6 - mais à 18 ans. Le revoir je ne suis pas sûr de vouloir.

Ah ? J'ai l'impression que c'est surtout Campion qui n'est plus considérée. Le film reste magnifique.

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C'est surtout que Campion, elle a plus rien fait après ça.

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N'écoutez pas Film Freak

Portrait de femme a marqué certains critiques et Bright Star est un très beau film

Beaucoup aimé Bright Star aussi, mais ça n'a pas eu un impact comparable (ça n'a pas eu d'impact du tout, en fait). Mais clair, elle est pas du tout RIP, Campion.

Oui, La Leçon de piano était un triomphe tant critique que commercial. Il faut dire aussi qu'elle concrétisait avec ce film les espoirs placés en elle avec ses deux précédents (les jolis Sweetie et Un ange à ma table), donc elle pouvait difficilement ne pas décevoir par la suite.

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C'était pas rien, Portrait de femme : http://mouches-d-eau.blogspot.fr/2012/0 ... -lady.html

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Film moche et ultra casse-couille.

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N'écoutez pas Film Freak

Non.

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Bah voilà, malédiction, même dans son topic Campion a encore pris le pas sur Kaige...

Faut admettre que Chen Kaige a peu à peu sombré dans l'oubli...

Oui, tout ce que je vois après ce film est décrié.
Je pensais chopper Terre jaune du coup, mais il existe qu'en VCD, donc c'est pas la joie...