Forum de FilmDeCulte

Je ne savais rien du film à l'exception de son inévitable anecdote de tournage ("le film tourné entièrement avec un iPhone 5!") et de son casting (deux transsexuels). Ajoutez à ça le passage à Sundance et cette affiche toute en spleen et j'avais tôt fait de craindre le drame indé granuleux misérabiliste.

Quelle ne fut pas ma surprise de constater dès les premières minutes qu'il n'en est rien.
Tangerine est une comédie d'1h25 qui fuse au rythme de son héroïne-tornade dévalant le bitume, péripatéticienne dans tous les sens du terme, dans un Los Angeles piéton qu'on ne voit pas beaucoup, suivant la quête effrénée de ces Cendrillons des temps modernes sans jamais que la réalité de leur sexe soit le sujet à proprement parer.

Faisant de personnes transgenres des personnages comme n'importe quel autre, le propos du film s'articule tout seul, sans avoir à être surligné, tout juste souligné par le sous-texte de l'intrigue (Sin-Dee veut retrouver la meuf avec qui son mec la trompe par jalousie mais aussi pour s'imposer sur cette "vraie femme") et cette dernière séquence, rappelant tristement ces victimes de la société à leur sort.

Au-delà de ces quelques instants, aussi justes et beaux que le reste, Tangerine évite tous les écueils attendus.
J'ai toutefois du mal à saisir l'utilité de cette trame parallèle suivant le taxi arménien, qui fait un peu tâche dans le récit de l'amitié entre les deux héroïnes, et culmine en une scène tout droit sortie d'un théâtre de boulevard.

Mais sinon c'est sacrément énergique et franchement drôle par moments sans jamais être doloriste.

_________________
UBERLINKS toujours dispo sur OCS et MyCanal!

Tu mettrais quelle note?

Sinon avis similaire au tien. Je ne savais même pas que ça avait été filmé par un IPhone avant de lire un article sur le sujet. C'est énergique, ça colle à la peau de ses personnages et ça donne une vision de Los Angeles rarement vu au cinoche. Après le film vaut plus pour son côté documentaire et tranches de vie que son côté fictionnelle mais ça reste très attachant.

4/6

Je dis ça sans agressivité, vraiment, mais quel serait le sens d'arrêter de mettre des notes pour ensuite répondre à cette question?

_________________
UBERLINKS toujours dispo sur OCS et MyCanal!

Et je ne le prends pas pour de l'agressivité. Simplement qu'avec ton texte, j'avais du mal à voir si tu avais aimé un peu, beaucoup, passionnément à la folie. Et en fait on a la même appréciation du film.

Pour passer du coq à l'âne, quelqu'un sait ce que vaut les précédents de Sean Baker : Prince of Broadway et Starlet?

Je trouve le film quand même blindé de défauts à commencer par ce montage atroce qui coupe dans tous les sens, n'importe comment pour donner l'illusion du rythme. Ceci dit, on passe très vite outre grâce à l'abattage des personnages, tous très attachants et rapidement émouvants. J'aime beaucoup en effet comme le film parle de choses assez sales d'une manière parfaitement naturelle. Ainsi des scènes de prositutions glauques ou de prises de crack dans les chiottes sont traitées de la même manière que les phases de dialogues plus légères.

Il y a un vrai amour pour ses personnages comme on peut le voir dans la scène de chant où alors qu'on aurait pu imaginer une pirouette un comique et queer, c'est absolument pas ça et c'est soudain très émouvant.

Bref c'est un chouette petit film qui a un regard plein de tendresse
Après ça reste assez évanescent et j'en retiendrai pas forcément grand chose.

3-4/6

_________________
CroqAnimement votre

J'avais trouvé Starlet vraiment bien parce qu'il y a Asa Akira dedans!
(En vrai c'est vraiment un bon petit film)

Au rayon actrices pornos, j'avais beaucoup aimé la façon dont Soderbergh filmait Sasha Grey dans Girlfriend Experience. Je serais curieux de voir comment Asa Akira peut être utilisé dans un film "art et essai". Difficile à exprimer mais je trouve qu'elle a un petit quelque chose d'envoutant à exploiter dans un "vrai" film.

T'emballes pas tonton, elle est exploitée de rien de tout, tu la vois dire 3 phrases en compagnie de Manuel Ferrara et c'est tout, c'est un caméo.
Et j'adore The Girlfriend Experience.

Un peu le même avis que tout le monde au dessus. Malgré un démarrage qui fait un peu peur, avec montage outrageusement énergique combiné à une musique à l'avenant, le film parvient ensuite à se poser et à développer ses personnages, en étant au plus près d'eux. Leur côté freak n'en est même plus le sujet, et le scénario évite les facilités et alterne des moments très drôles ("say my name") à des moments plus "dramatiques" (en évitant le voyeurisme, on est vraiment avec les persos).
Le perso du taxi a par contre un gros problème d'écriture, et en l'état il est en trop (en tout cas son arc, et son aboutissement, sont un peu pourraves par rapport à ceux de nos deux acolytes). Par contre le film a la qualité de ne pas durer 20 minutes de plus, ca aide sans doute à rendre le tout... digeste (si on peut dire).

Comment ne pas penser à une version moderne (et trans... et grand public) de l'excellent Hustler White. Malheureusement, on perd un peu en authenticité ce qu'on gagne en humour. Cela dit, il y a beaucoup de sensibilité dans ce film, et j'aime la vision que le cinéaste a des deux actrices principales.
3.5/6

_________________
Anthony Sitruk - Bien sûr, nous eûmes des orages
(168 pages, 14.00€)
Commande | Site perso