Forum de FilmDeCulte

Quel film étrange. Tous les cinéphiles ont déjà vu passé cette photo de Depardieu à New York avec un singe et avec une marionnette géante de gorille. On peut imaginer une espèce de comédie homme/animal un peu fantaisiste plutôt légère. Mais on n'y est pas du tout. Le film est une chronique bizarre sans véritable récit avec Depardieur qui joue Lafayette un jeune mec qui vit à New York dans une espèce de garage infesté de rats et dont on comprend plus ou moins qu'il bosse dans un musée de cire dont le propriétaire un fou obsédé par la Rome Antique, qu'il bosse aussi dans une troupe de théâtre féministe et qu'il s'occupe plus ou moins d'un groupe de vieux (pas si vieux d'ailleurs) qu'il emmène en promenade. Mais rien n'est véritablement contextualisé, on ne sait pas ce que ce français fout là, on ne nous explique rien de ses activités, tout ce qu'on comprend on le déduit. Du coup ça rend le film très lâche, très peu tenu surtout dans sa première moitié où on avance à vue, on enchaîne des scènes sans que ne se construise véritablement un récit. De bonnes scènes comme cette curieuse scène de viol (les femmes violent Depardieu, une scène sans doute à l'opposé du mouvement #metoo actuel) ou la découverte du singe sur la plage.

On a d'ailleurs un peu l'impression que le film a été construit autour de cette seule image. La marionnette géante du gorille (présenté dans les synopsis comme King Kong alors que rien ne le laisse supposer, ce n'est pas du tout dit) échouée sur la plage avec en arrière plan la ligne des buildings new-yorkais. C'est d'ailleurs probablement le plus intéressant du film, cette façon de filmer New-York très singulière où tu ne reconnais pas la ville, on a l'impression d'être dans un décor en permanence et le centre ville et les grands buildings sont relayés derrière comment comme une tableau de matte painting avec des personnages qui s'agitent devant. Depardieu d'ailleurs un personnage assez bizarre, presque personnage secondaire du film. On ne sait rien de lui et ce sont les autres qui gravitent autour de lui qui ont une véritable épaisseur.

La seconde partie où Depardieu développe en parallèle une relation à son singe, à sa fiancée nouvelle et à Luigi (Mastroianni, immigré italien dépressif) est plus réussie, le film commence à raconter quelque chose de plus consistant mais tout se conclut de manière assez surprenante sans qu'on ait véritablement compris le propos et le trajet du film. Il y a une certaine ambiance de fin du monde qui règne avec ces dératiseurs munis de mitraillettes (:shock:) et ce décors périurbain peuplé de vieux en bout de course ou de fous. Et le perso de Depardieu de devenir cette marionnette géante de gorille qui essaye de s'enfuir par la mer mais qui échoue sur la plage Etrange ballade désespérée aussi insaisissable que singulière. Et même si le film m'a perdu (les tirades du patron du patron du musée de cire m'ont un peu lourdées), je retrouve comme dans quasiment tout Ferreri ce regard unique où tu ne sais jamais vraiment où il va t'emmener. Je préfère assez largement La dernière femme mais le film est à voir.

4/6

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CroqAnimement votre

Blague sur la cinéphilie de Déjà vu? T'aurais dû la mettre à la fin !

Dans des années là Ferreri a fait plusieurs films avec Depardieu qui valent la peine d'être vus et sont bien oubliés


La Dernière Femme que tu mentionnes est très bon, très étonnant (et très osé) aussi, en partant d'ingrédients pourtant connus (mélange de contestation et de prétention sociologique objective à la Valseuses, acteurs classiques des productions franco-italiennes de l'époque comme Renato Salvadori) pour partir vers quelque-chose d'inconnu, tellement direct et évident quant aux rapports aux femmes qu'il en devient étrange. Il faudrait une autre langue pour changer aussi les rapports, mais dans ce film la langue de tous le jours, grossière et naïve, est déjà en dehors de l'homme et l'histoire, déjà autre. J'ai rarement eu l'impression qu'un film parvenait à ce point à disséquer la psychologie du spectateur. C'est aussi très lucide par rapport à ce que mai68 va devenir. Du Houellebecq de gauche et avec plus de profondeur et moins de calcul.

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Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman

A force, je me rends compte que passés les deux premiers films vus (Dillinger est mort et La Grande bouffe), je n’aime pas trop Ferreri, moyennement convaincu par Touche pas à la femme blanche, La dernière femme, Contes de la folie ordinaire, et ce Rêve de singe. Pourtant, dans cette errance de personnages sans véritables buts, dans ces relations homme/femme en bout de course, dans cette civilisation en fin de vie, il y a tout pour me plaire. Et Je crois que je suis plus intéressé, voir fasciné, par l’ensemble que par ses détails.
3,5/6

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Anthony Sitruk - Bien sûr, nous eûmes des orages
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