Tetsuo a écrit:
Attention, moi je suis pas en train de me dire devant un film : tient c'est bien, ça c'est de gauche, non c'est nul, ça c'est de droite ! J'ai simplement dit que le travelling de Kapo, dans sa démarche, c'est pas tellement de gauche si on se réfère par exemple à la définition qu'en donne Deleuze. Après je catalogue pas le film dans un bord ou dans un autre.
Personnellement, je m'en fiche un peu de savoir de quel bord se réclame un cinéaste ou quiconque d'ailleurs (car contrairement à ce que pense Freak, je suis vraiment très très ouvert d'esprit, genre Bouddha quoi !), moi, ce qui m'importe, c'est l'idéologie, pas la politique (même si personnellement je me sens concerné par la politique). Chez des gros droitiers comme Ford, Hitchcock ou Rohmer, il y a de l'idéologie et de l'éthique. Chez un gaucho comme Pontocorvo, y'en a pas. C'est aussi simple que ça.
Et je pense que ce point a sa place dans le débat en cours car les conflits idéologiques déterminent plus nos relations d'amitiés et d'amour que nos positionnements politiques (qui sont censés refléter nos idéaux, mais en l'état c'est loin d'être systématiquement le cas). C'est pour ça qu'un mec qui prétend voter à gauche mais dont le rapport au monde est puant, me sera toujours moins sympathique qu'un sarkoziste à côté de ses pompes. C'est pour ça que je ne déteste pas Nijal par exemple, il aura beau sortir les pires conneries de la terre (et Dieu sait s'il est doué pour ça), je pense pas que ce mec soit abject. Il ne mérite pas ma haine. Et je pense que c'est ça, être de gauche, c'est voir l'autre pour ce qu'il est, pas pour ce qu'il prétend être. Et ça, c'est beau !
Citation:
L'éthique, de toute façon, implique forcément les notions de bien et de mal mais la transgression n'est pas incompatible avec la morale. Hitchcock est un cinéaste malsain, pervers, et qui a su faire de cette perversité la matière de ses films, mais je ne pense pas qu'à aucun moment il ait manqué d'éthique ou de morale dans son cinéma. J'aime beaucoup, par exemple, la scène du viol dans Frenzy, première fois que Hitchcock met en scène ouvertement cet acte. Mais lui ne se contente pas simplement de le reproduire et de l'enjoliver avec de jolies "effets", il y filme quelque chose de très précis : la transe qui parcourt chacun des personnages, celle du violeur et celle de la violée, il nous montre quelque chose que l'acte en soi ne suffit pas à nous faire comprendre et qui rend ici son regard indispensable. C'est toute la différence avec la pornographie esthétisée d'un Pontocorvo où l'exibhition de l'horreur n'a pour finalité que de se donner en spectacle dont nous devenons les bêtes témoins involontaires. La question de la morale tient vraiment dans la position où l'on place le spectateur, et c'est quand même là que se joue le cinéma....
L'essentiel du débat se trouve là dedans, y a des choses à penser. Je réponds plus tard.