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MessagePosté: 21 Déc 2013, 00:37 
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Trois femmes sauvages, dans trois somptueuses voitures, kidnappent et droguent la petite amie d’un homme qu'elles ont tué. Elles se réfugient dans un ranch isolé appartenant à un vieil homme infirme qui vit avec ses deux fils...


C'est pas la première fois que je suis surpris de voir un film-référence du cinéma bis 60' faire preuve d'une totale lucidité sur ce qui le travaille. Dès l'ouverture, une voix-off qui s'excite sur l'image de sa bande sonore, un montage confrontant filles, mateurs, et pognon : autant d'effets réflexifs qui me semblaient venir d'un regard postérieur sur la période (celui d'un Tarantino, par exemple), alors qu'ils sont en fait déjà une partie non négociable des films eux-même, à la base.

C'est pas pour "racheter" ces films bis que je dis ça, pour leur trouver des excuses : ils me conviennent très bien dans leur littéralité, leur crudité, leur absence de chichis. Et on est ici clairement dans un cinéma "d'exploitation" au sens où ça ne prend plus de fausses pudeurs, de détours, que ça ne s’embarrasse pas de l'habituel arsenal de raisons nobles (récit à péripéties, réflexion sur le corps, que sais-je...) pour excuser le spectateur de ce qu'il est vraiment venu voir : une paire de seins. Le titre lui-même est programmatique (vitesse, fille, violence) jusqu'à sonner parodique. Mais là où j'ai peut-être eu trop tendance à considérer ce genre de ciné comme un grand cinéma en puissance, dont la force viendrait d'abord du caractère bourrin de films impatients (force qui serait donc comme un dommage collatéral, "involontaire"), il y a tout compte fait un cinéma qui s'est sans doute tout aussi naturellement construit que les autres, qui fut tout autant abouti. Qui est certes un cinéma par nature élémentaire et sommaire, dans son besoin de littéralité et de lisibilité des enjeux qui le motivent, mais qui ne consiste pas pour autant (nuance !) en une maîtrise élémentaire ou sommaire de son art. Il part juste d'autres bases.

S'il y a de vrais défauts dans Faster, Pussycat!, ils relèvent ainsi moins du potentiel Z de l'ensemble (son pitch de film porno, ses situations aburdes, le spectacle de ses poitrines gigantesques : tout ça, au final, est un point fort) que des entorses aux principes qui régissent la raison d'être du bis. Par exemple, les courses semblent assez l'emmerder, Meyer. Les scènes deviennent un peu aléatoires, peu lisibles, j'y perd le fil de la fascination qu'il a à filmer ses héroïnes. Car sur elles, il y a quelque chose de vraiment fort, cette façon de filmer ces corps du point de vue du gamin fasciné, comme de vastes territoires. Quand on a des images aussi efficaces que ça :

Image Image

Un mec paralysé (qui peut de fait manifestement plus baiser), frustré, vieux, dans un face à face avec deux culs géants. Et une masse de muscles qui se rapproche du jeune corps immense qu'il a à conquérir... Je peux d'autant plus admirer ça que cet érotisme féminin, j'y suis insensible en soi (d'ailleurs, la question n'est pas que là : le mec musclé est filmé exactement pareil. Ce qui prime ici c'est la toute puissance du corps et de sa vitalité, de sa puissance et de sa violence, sur toute autre chose - idées, morales, rationalité, etc.). Pas de nudité d'ailleurs paradoxalement dans ce film là, qui sur le schéma de base fonctionne d'ailleurs plutôt comme un film d'horreur (la confrontation à une Amérique rurale dégénérée, la mauvaise rencontre et le lieu isolé de la civilisation, les persos psychopathes et difformes, la jeune innocente qui doit traverser l'épreuve, etc).

Je me suis posé une question au début du film, et comme c'est le jour où Ozy m'a béni Teacher, je vous la transmet pour devoirs de vacances. Des filles, des voitures, des bagarres : c'est le programme affiché du film, donc, ce qu'il offre au spectateur pour le contenter. Et je me disais : en quoi au final est-ce différent d'une production Europacorp ? Qui va aller tâter exactement les mêmes boutons chez son spectateur pour le faire bêler de plaisir. Je sens bien que c'est différent, mais concrètement, aux racines mêmes de ce qui meut ces deux cinéma, cette différence elle tient à quoi ? Au fait que dans un des cas, on assume le but de l'entreprise ?

Vous avez trois heures.


Dernière édition par Tom le 21 Déc 2013, 01:14, édité 1 fois.

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MessagePosté: 21 Déc 2013, 01:14 
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Le quoteur fou
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Tom a écrit:
cette différence elle tient à quoi ? Au fait que dans un des cas, on assume le but de l'entreprise ?

Ca, ou le fait qu'un des deux le fait 40 ans trop tard.

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MessagePosté: 21 Déc 2013, 01:15 
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Je pense pas que ça joue tellement. Certes, ça n'a plus le frisson exutoire que le film de Meyer a à l'époque, et qui se ressent forcément quelque part dans la manière dont il mène son film. C'est aussi un film dont l'économie est à la hauteur des pulsions qu'il veut assouvir, sans arsenal industriel bâti autour (quoique bon, le cinéma d'exploitation, à la base, c'est une logique très pragmatique et commerciale).


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MessagePosté: 21 Déc 2013, 01:24 
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Le quoteur fou
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Tom a écrit:
Certes, ça n'a plus le frisson exutoire que le film de Meyer a à l'époque

plus exactement, ça n'a pas le mérite de la primeur. Tout est là. Hitman ou Le Transporteur auraient été des films géniaux s'ils étaient sortis dans les 60s.

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MessagePosté: 21 Déc 2013, 01:24 
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Ah non non, pas pour moi.


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MessagePosté: 21 Déc 2013, 01:37 
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Tom a écrit:
Je me suis posé une question au début du film, et comme c'est le jour où Ozy m'a béni Teacher, je vous la transmet pour devoirs de vacances. Des filles, des voitures, des bagarres : c'est le programme affiché du film, donc, ce qu'il offre au spectateur pour le contenter. Et je me disais : en quoi au final est-ce différent d'une production Europacorp ? Qui va aller tâter exactement les mêmes boutons chez son spectateur pour le faire bêler de plaisir. Je sens bien que c'est différent, mais concrètement, aux racines mêmes de ce qui meut ces deux cinéma, cette différence elle tient à quoi ? Au fait que dans un des cas, on assume le but de l'entreprise ?

J'ai pas vu le Meyer donc je sais pas mais si je m'appuie sur ta critique, y a quand même un regard, une mise en scène…dans les Europa, y a rien.

Mais je suis pas sûr que la grosse majorité des films d'exploitation des années 60-70 soit meilleure que les prods Europa.

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MessagePosté: 21 Déc 2013, 10:26 
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Film Freak a écrit:
Mais je suis pas sûr que la grosse majorité des films d'exploitation des années 60-70 soit meilleure que les prods Europa.

Clairement non, on reçoit ce que le temps à trié pour nous. Mais au-delà du nombre d'idées qu'apporte Meyer, la démarche (pourtant tout aussi intéressée) de ce cinéma bis me semble plus aimable, bizarrement. Après c'est peut-être juste du passéisme de merde :D


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MessagePosté: 21 Déc 2013, 10:32 
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3 days to kill ça coute combien de fois plus cher que ce Faster...? Tourné en prime dans des studios sans doute issus d'une arnaque avec l'ancien sommet de l'Etat :) Voilà déjà une seule différence avec Europa...


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MessagePosté: 21 Déc 2013, 10:35 
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Ce qui fait l’amabilité du bis, ce serait donc juste sa pauvreté ? (je dis pas non hein, mais ça me paraît presque trop facile)


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MessagePosté: 21 Déc 2013, 10:38 
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Non c'est pour dire qu'au-delà de la mise en scène le système de production est vraiment très important dans ce que véhicule ces films... La Cannon déjà donnait à ce cinéma un côté un peu luxueux, on le transforme en produit commercial courant et qui se veut légitimé, surtout pour s'adapter à la VHS qui arrive, et on sort des réseaux secondaire ou de troisième zone ,de salles et de drive-in, et ça change pas mal de choses.


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MessagePosté: 21 Déc 2013, 10:44 
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Mr Chow a écrit:
La Cannon déjà donnait à ce cinéma un côté un peu luxueux

Tu parles d'une nouvelle caméra ? Ça m'intéresse ça, elle changeait quoi exactement ?

Mr Chow a écrit:
et on sort des réseaux secondaire ou de troisième zone ,de salles et de drive-in, et ça change pas mal de choses.

Un truc qui m'interroge aussi (j'avais emmerdé Zob l'an passé là-dessus), c'est la façon dont le cinéma de genre, après l'aventure fauchée du bis et des salles de quartier, retourne à la maison - soit par la vidéo, comme tu dis, mais aussi via les carrières de gens comme Cronenberg ou Carpenter qui font de "vrais" films, bien ancrés dans le réseau de distribution, etc. En même temps, L'exorciste c'est déjà de la sortie A (si je ne m'abuse) et c'est que 73... Bref, y a une chronologie que j'arrive pas à éclaircir.


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MessagePosté: 21 Déc 2013, 11:57 
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Tom a écrit:
Mr Chow a écrit:
La Cannon déjà donnait à ce cinéma un côté un peu luxueux

Tu parles d'une nouvelle caméra ? Ça m'intéresse ça, elle changeait quoi exactement ?
.


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Tout un champs à explorer Tom


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MessagePosté: 21 Déc 2013, 11:59 
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Oooooh ok !
Je connaissais pas du tout.


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MessagePosté: 21 Déc 2013, 12:01 
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Tom a écrit:
Oooooh ok !
Je connaissais pas du tout.


Un univers où Cassavetes côtoie American Ninja...


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MessagePosté: 21 Déc 2013, 12:02 
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Si je comprend bien, "âge d'or" plutôt dans les années 80 ?


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