Forum de FilmDeCulte

Frederick Wiseman investit la municipalité de Boston, où le Maire démocrate Martin J. Walsh et ses équipes travaillent dans un esprit participatif et collaboratif avec les citoyens, à la mise en place d'une politique sociale, culturelle et égalitaire.

Un documentaire de 4h30 à 8h15 le samedi matin ça pique un peu. Mais quand on apprécie le travaille d'orfèvre de Wiseman on est forcément récompensé à l'arrivée, encore plus cette fois-ci aurais-je envie de dire, parce qu'il colle on ne peut plus à l'actualité américaine (qu'il sorte la semaine prochaine aux US, moins d'une semaine avant les élections, n'est évidemment pas anodin), et parce qu'en renouant avec une fibre plus militante (séquence cruciale du légiste expliquant comment les républicains, qui tente d'inverser la charge de la preuve en cas de discrimination lors d'une location d'appartement ou de maison, s'attaquent en fait au droit fondamental de l'égalité entre citoyens) que dans ses précédents film il nous livre plus explicitement sa vision de ce qui innerve sa filmographie, le vivre ensemble.

Et franchement, on ne voit pas le temps passer. La première fois que j'ai regardé l'heure (parce que mon ventre commençait à gargouiller), il s'était déjà passé 3h30. Parce que le rythme est ininterrompu et que tout ce que Wiseman nous montre à voir et passionnant : de la tête de pont Marty Walsh aux membres de son cabinet, des réunions de travail sur l'hébergement d'urgence à l'aménagement des accès de la bibliothèque pour les personnes handicapées, jusqu'aux employés de terrain qui viennent valider l'état d'avancement d'une maison en construction ou rendre visite à un pauvre hère infesté de rat, Wiseman ausculte et décrypte l'infini fourmillement de l'organisation municipale, de ses multiples tâches et responsabilités, de son profond engagement au service de la communauté. Parce que le maire en exercice, fraichement réélu pour un deuxième mandat, et un personnage hors du commun, dont on se laisse convaincre au fur et à mesure de ses interventions que son engagement pour les minorités raciales ou sexuelles, les personnes du 3ème âge ou les vétérans de l'armée est profondément sincère, un homme politique dont les engagements tranchent avec le cynisme auquel on est habitué dans ce milieu, qui a fait le choix de la fonction non par carriérisme mais par profonde conviction. On est à deux doigts de vouloir lui remettre le prix Nobel à la fin du film. Entre sa charge anti-NRA et son positionnement strictement opposé à celui de Trump sur l'immigration (https://www.bostonglobe.com/metro/2017/01/25/walsh-says-boston-will-use-city-hall-itself-last-resort/UtZrLHENkQvEC1fTjgs7bP/story.html), il ne peut susciter que la sympathie. Ça pourrait aussi être une limite que certains verront dans City Hall (il n'y a pour ainsi dire par une voix discordante), critique qui de mon point de vue ne tient pas, tant Wiseman est dans le droit fil de ce qu'il nous a montré à voir jusque là, la mise à jour des rouages d'une organisation publique, qu'il s'agisse d'une mairie comme ici ou d'une d'une bibliothèque ou d'une université par le passé.

Dernier point, en quelque sorte bonus pour un spectateur non états-uniens, et que je n'avais jamais relevé auparavent, c'est à quel point Wiseman arrive à faire ressortir le caractère profondément américain de son sujet. Le film s'ouvre ici sur une conférence de presse du maire et du chef de la police suite à la victoire des Red Sox dans le championnat de Base-ball (soit dit en passant le sport le plus chiant du monde). Doit s'organiser une parade pour célébrer cette victoire. Après des félicitations rapidement expédiées, tous d'assurer que cette parade se passera dans les meilleures conditions et qu'il y aura les effectifs policiers nécessaires afin d'éviter tout débordement, que l'alcool (comme le port d'une arme) sera proscrit. Je n'ose imaginer qu'en France, au moment où les champions du monde de foot 2018 allaient descendre les Champs-Elysées, un même discours puisse être tenu. Autre détail, c'est le constant ébahissement devant la maîtrise orale de la quasi totalité des intervenants, jamais balbutiant, qui ont recours avec une aisance déconcertante au storytelling, autre phénomène que je ne peux imaginer en France (voir en Europe).

QGJ, tu n'as aucune excuse si tu ne le vois pas.

Tu donnes envie, mais... pfiou.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

C'est clair que ça fait envie. En plus, ça permettrait de soutenir la salle à côté de chez moi, qui fait grise en cette période de fichue épidémie. Donc je dis... banco !!!

Allez, prend une place avec ta carte UGC, au moins !

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J’ai peur de passer un sale quatre heures.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Très mauvaise idée, j’ai vu passer plusieurs tweet de personnes n’ayant pu assister à une séance car déjà pleine.

Ah, en effet, prend pour une autre séance !

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