Forum de FilmDeCulte

2012. Les quartiers Nord de Marseille détiennent un triste record : la zone au taux de criminalité le plus élevé de France. Poussée par sa hiérarchie, la BAC Nord, brigade de terrain, cherche sans cesse à améliorer ses résultats. Dans un secteur à haut risque, les flics adaptent leurs méthodes, franchissant parfois la ligne jaune. Jusqu'au jour où le système judiciaire se retourne contre eux…

De l'auteur de La French. Déjà je ne connaissais pas le fait réel et c'est justement quand Jimenez s'attaque à cette "affaire de corruption" dans le dernier tiers que le bât blesse. C'est dommage car dans ses deux premiers tiers, on a une vrai bonne tentative de cinéma populaire, un polar français qui impressionne par sa tension et sa nervosité et ses scènes d'action spectaculaires et réussies. Déjà dès le début on accroche, avec ce rapt d'un dealer en cité. C'est filmé ras du bitume, montage nerveux sans être trop excité, rien que pour ses multiples scènes d'action Bac Nord vaut le coup d'être vu au ciné. Et il y a comme clou du spectacle cette scène virtuose de l'assaut qui n'est pas sans rappeler Les misérables. Une opération quasi "commando" dans une cité interdite aux flics, où pour faire plaisir à monsieur le préfet, on demande à la BAC de choper la "nourrice" et réduire le traffic de drogue.

Il y a d'ailleurs une opportunité que loupe étrangement le film. Durant une bonne heure, le spectateur est amer, il a l'impression que la guerre est perdue d'avance, qu'on aura beau couper une tête, plusieurs en repousseront, que la guerre contre la drogue est perdu d'avance. Que le boulot de nos flics ne sert strictement à rien. Mais Jimenez n'exploite finalement pas assez cette piste intéressante et se perd dans une dernière demi-heure avec enquête de l'IGPN sur notre trio de flics. On quitte la fièvre des scène d'action bitume pour la prison et les interrogatoires mais on s'en fout. Pas que ça soit médiocre, ça se regarde, mais un second film commence et celui-ci est beaucoup moins intéressant.

Car Jimenez n'est jamais meilleur que dans l'action. Car comme dans la French, il ne faut pas se leurrer, on a quand-même un scénario basique et pas forcément très fin. Mais on s'en fout un peu car le scénario est prétexte à l'immersion dans les cités et surtout le cast impeccable rend cette épopée touchante. Je passe sur Gilles Lelouche qui se démerde mais reste pour moi un acteur limité et gros big up à François Civil et Karim Leklou. En fait c'est surtout ce dernier qui est impressionnant. Il y a aussi dans des seconds rôles Kenza Fortas en indic et Adèle Exarchopoulos, assez étonnante mais très naturel dans son parler cash, qui rayonnent.

Bref, plutôt trouvé ça sympa dans l'ensemble mais tellement dommage de sortir de la salle avec un goût amer en bouche. Le film aurait duré 1H20 au lieu de 1H44, ça aurait été top.

3,5/6

SPOILERS

Oui enfin la dernière demi-heure, c'est clairement le sujet du film. C'est pas pour rien que le film s'ouvre sur un carton de gros sans-couilles (un truc genre "Ce film est inspiré d'une histoire vraie mais demeure une fiction qui n'a pas vocation à donner un avis sur une affaire juridique" alors que c'est précisément ce qu'il aspire à faire).

Ce qui précède la dernière demi-heure n'est que le déroulé qui accouche de ce que Jimenez veut raconter. C'est relativement efficace dans le rythme (parler de "scènes d'action", "multiples", "spectaculaires", "virtuose", faut pas déconner) mais la linéarité rudimentaire du récit nourrit surtout la facture par trop démonstrative d'un film avec des œillères problématiques.

Les petits passages amusants qui viennent sans doute d'anecdotes réelles (les vendeurs de tortues, le mec qui pisse dans la bagnole, le mineur qui s'ambiance sur du rap) confèrent un aspect "chronique" au film, apportant un peu de véracité à des séquences redondantes de racket de consommateurs de shit, mais l'authenticité du portrait fait des cités marseillaises pose question.

Je vais pas prétendre connaître quoi que ce soit à la réalité des quartiers nords du 13 mais en adoptant le seul point de vue du trio de flics, avec leur camaraderie (qui fonctionne bien, malgré un Civil qui fait moins bien l'accent du sud que moi), le film en fait les seuls humains, et plus tard les seules victimes, d'une histoire qui aurait gagné à être plus honnête plutôt que d'assumer qu'on doit, sous prétexte que "vendre du shit c'est pas bien", être du côté des pauvres flics émasculés (parce que c'est de ça qu'il s'agit) qui ne supportent plus d'être traités de fils de pute et de pas pouvoir faire régner la loi dans ce qui s'apparente dans le film à des no-go zones.

A un moment, le personnage de Lellouche se défend en disant un truc style "alors on laisse les habitants des quartiers dans la merde" mais...on ne voit jamais concrètement en quoi les habitants des quartiers sont dans la merde. Je joue pas au con hein, je voudrais pas habiter dans cette cité, mais le film est trop occupé à caractériser L'Ennemi comme une masse hostile anonyme (littéralement, ils sont cagoulés) organisée et menaçante et qui se transforme en horde mi-zombie mi-singe lorsque les flics interviennent enfin.

Alors je suis le premier à répondre aux gens qui reprochent à un film de pas avoir choisi un autre sujet comme sujet que "c'est pas le sujet" et je pense que la perception du film comme un tract pour le FN (cf. le gate du journaliste irlandais à la conf de presse cannoise, magnifiquement couronné cette semaine par le tweet de Marine Le Pen herself) est davantage une maladresse collatérale du fait que Jimenez préfère raconter l'histoire de flics qui ont voulu faire leur métier avant d'être lâché par la hiérarchie et condamnés pour l'exemple, mais bon...de par le sujet choisi, la focalisation choisie, la peinture qui est faite de la catégorie de gens dont Jimenez se fout clairement, les allégeances du film sont claires.

En fait, son carton au début est là pour se dédouaner, il est là pour dire "je cherche pas à faire un film de droite, moi je voulais juste raconter une histoire de bonhomme qu'on a essayé d'enculer". Alors oui, dans "l'action", le film est compétent. Mais le tweet de Marine lui fera les pieds.

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C'est quoi le tweet de Marine?

Marine Le Pen
@MLP_officiel
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1 sept.
Bac Nord : alors que le Président va faire un show médiatique à #Marseille, la réalité c’est ce film ! Allez le voir ! Prenez conscience de cette terrible réalité et de l’urgence à reprendre la main. MLP

la réalité c'est ce film...

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Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman

Je n’ai pas vu Bac Nord, mais ce que j’entends de négatif dessus, tract du RN par exemple, j’aurais pu l’écrire sur Les Misérables.

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There is no such thing in life as normal

Pas compris si les flics qui ont inspiré l’affaire étaient des flics ripoux ou pas. Que ça passe à la trappe me paraît le plus choquant. Valeurs actuelles consacre un « dossier » cette semaine aux territoires perdus, l’article sur saint Denis est une mise à l’index, pleine de commérages, peut-être fondés, sur une police corrompue et l’ex mairie communiste, qui présente les habitants comme des victimes, trafiquants inclus. C’est une stratégie qui s’entend de la part de l’extrême-droite mais on se demande s’ils mesurent les implications de leur critique du pourrissement des institutions...

Les flics ont gagné en première instance mais le parquet a fait appel.

Je t'avoue que je suis rentré avec du retard dans la salle et que j'ai loupé ce carton. Clairement le sujet, non, une intention manifeste oui. Car pendant 80 minutes, Jimenez mène sa barque sans aborder ce "sujet" et ça passe très bien. J'ai juste l'impression de deux films qui sont finalement assez différents, essaient de se relier avec pas trop de succès et le premier me passionne beaucoup plus.


Question sérieuse : si tu as vu Les misérables, quelle est la différence pour toi entre ces deux films et leur regard sur la banlieue?

Je ne suis pas un grand fan du film mais dans mon souvenir, le portrait est bien plus "complet". Les protagonistes sont des flics (mais déjà tu en as un qui est un peu réticent) mais les jeunes, "le Maire" ou les frères Musulmans sont aussi des personnages et le récit essaie de ne pas être trop manichéen, montrant comment chacune des forces en place oeuvre dans ses propres intérêts et comment/pourquoi les jeunes vrillent...

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Pas loin d'avoir trouvé ça excellent pendant 1h10. J'avais peur du polar français qui serre les dents dans la lumière bleue et finalement on a droit à un stimulant mélange de chronique naturaliste hyper bien jouée et de film d'action. Dans quel autre film français a-t-on cette tchatche du quotidien et en même temps un assaut amphibie ?

Les acteurs portent le film. Lellouche fait du Lellouche mais il le fait bien et Jimenez sait quand ne pas couper (la séquence d'interrogatoire qui dégouline de testo). Mais c'est surtout Civil (que j'ai jamais vu meilleur - d'ailleurs il gagne une image de chien pour avoir essayé de faire un accent. Trop rare dans le ciné français !) et puis Leklou qui sont impressionnants. Les nanas aussi, bluffantes de vie et de quotidienneté.

La suite d'anecdotes qui émaille la première heure se marie bien avec l'action, vive et nerveuse (d'ailleurs j'avais fantasmé en 2005 faire un court-métrage dans l'entrepôt de containers du début là). On voit sans folklorisme ce melting pot marseillais mais également cette corruption du quotidien, ces petits bakchichs de rien du tout pour obtenir la paix... Et puis le film est ouvert à l'accident, à l'inattendu, à l'absurde.

Par contre, une fois qu'ils sont arrêtés, on ne sait plus trop quoi attendre du récit et la frontière devient trop ténu entre "Ennui du personnage" et "Ennui du spectateur" (cacedédi à toi Z). Tout le film se dégonfle alors, les 1h44 paraissent plus longues, les acteurs secondaires sont moins bien, et la conclusion fait plouf, comme s'il manquait une finalité. Hyper dommage car tout ce qui précédait tenait grave la route.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Une redite des Misérables version beauf marseillais, avec de l'accent et quelques bouts de mers (les deux films sont tournés en été, une saison plus cinégénique). Comme un article récent de Valeurs actuelles que j'évoquais, le comportement des policiers qui nous est rapporté laisse presque plus à désirer, eu égard au devoir d'exemplarité, que ce qu'on nous suggère des "quartiers". Le film fait preuve d'une espèce de neutralité bizarre à ce sujet, il semble trouver normal ce trio de grands enfants simples, testotéronés, aux vannes sorties tout droit du collèges. C'est d'autant plus choquant qu'il est probable, à la lecture des articles sur l'affaire dont le film s'inspire, que les policiers de la BAC mis en cause aient véritablement commis des fautes graves.
La police est vraiment présentée comme des clampins inefficaces et il n'est pas sûr que ce soit dû aux consignes du ministère. Une course poursuite pour un scooter volé, un racket organisé sur plusieurs semaines pour quelques barrettes de shit, etc. En fait il y a rien dans ce film.
Les acteurs sont bien, hormis Lellouche dont la tête d'idiot convient pourtant au film, mais son intensité plus ou moins rentrée est quand même ridicule.

C'est le gros défaut du film, effectivement, qui prête le flanc à la récupération politique. Y a pas un seul quidam sur la totalité du métrage ! La seule fois où on débarque dans un appartement avec des vrais gens, une mère et son fils, même là ça se passe mal... Incroyable.

Que des consommateurs, des dealers, ou des flics.

Pour autant, j'ai vraiment apprécié le film, le mariage chronique au ton réaliste et film d'action, et le dernier tiers est passé facilement de mon côté. Je trouve Jimenez trop porté sur la testo, la virilité et pour tout dire un peu vulgos dans ses choix, mais globalement, ça fait le café.

Bon divertissement, sous influence Mann et Scorsese.

4/6

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I think we're gonna need a helmet.

Assez halluciné de la "polémique" une nouvelle fois débile autour du film, qualifié de fasciste alors que c'est juste un film lambda sur des flics. Alors oui la cité est montrée comme un lieu hostile mais je n'y ai rien vu de très tendancieux. Surtout que la police est loin d'être montrée comme une corporation idéale. Il y a tellement pire comme film de droite que sincèrement je comprends pas.

Pour le reste j'ai bien aimé comme vous le côté chronique réaliste de la galère de flics de la BAC qui essaient de faire leurs jobs du mieux qu'ils peuvent à travers des moments qui sonnent vrais en effet (les tortues, le mec qui pisse, le gamin insupportable et d'un coup sympa) même si je trouve que le film a un drôle de ton, trop sérieux pour ce qu'il raconte à l'image de tout ce tronçon (trop long) où ils récupèrent des pauvres bouts de shit de ci de là, c'est un peu ridicule, un peu pathétique mais le film ne le montre pas comme tel. Il manque une distance.

La construction est assez étonnante avec le climax qui arrive après 1h15 et une espèce d'épilogue super long. Après je trouve qu'il y a un vrai défaut de scénario. On ne comprend tout simplement pas d'où vient Du coup toute la dernière partie est assez bizarre, intervenant trop tard, manquant un peu d'enjeu et la fin est molle comme tout. J'aime bien le casting même si Adèle mérite bien mieux que ce rôle de femme accessoire (même si elle est très bien dans ses scènes).

2-3/6

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CroqAnimement votre