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MessagePosté: 17 Nov 2014, 22:46 
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Sir Flashball
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Je découvre Comencini par ce film absolument réjouissant, avec son humour féroce et son âpretré, son jusqu'au boutisme dans son dispositif, et sa profonde lucidité quant aux vices de l'espèce humaine. Ce qui est vraiment frappant, ici, c'est ce refus du vide, ce cadre toujours plein de personnages, ces péripéties qui arrivent par vagues, ces événements qui brisent le silence d'une partie de carte, cette musique qui se déclenche en dialoguant avec des éléments du décor ; et ce travail d'accumulation est de plus en plus frénétique, jusqu'à un final chaotique, que Comencini éteint de la manière la plus radicale qui soit.

Comme souvent dans le cinéma italien de la période, on explore la rue, la misère, on se plaît à accompagner le prolétaire, le prêtre, la putain, et le révolutionnaire. Mais ce qui me paraît singulier chez Comencini, c'est qu'il semble plus intéressé par le mouvement de groupe qui parcourt cette foule d'archétypes, et que c'est justement en caractérisant joyeusement certains de ses éléments qu'il parvient à la rendre plus uniforme encore. Et évite ainsi, mutatis mutandis, tout propos politique, puisque ce qu'on nous raconte finalement, c'est la consumation de toute idéologie dans un magma poisseux, celui du jeu (en conséquence, Comencini parvient à ne pas livrer une bête fable sur la lutte des classes, mais bien une réflexion beaucoup plus riche sur l'orgueil). Dernier exploit, le film parvient à rester une comédie, bien qu'il soit finalement d'une grande noirceur.

Chef-d'oeuvre, et sans doute ma plus belle découverte de 2014.

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Dernière édition par Castorp le 17 Nov 2014, 22:55, édité 1 fois.

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MessagePosté: 17 Nov 2014, 22:53 
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Et ben !

Ce que tu dis me rappelle un article que j'avais lu, qui disait grosso-modo que malgré les apparences, la comédie italienne était le premier et le plus fidèle héritier du néoréalisme dans son refus de la démonstration politique édifiante, dans sa peinture sans concession ni romantisation du pays, en y allant plus férocement que son aîné (personne à sauver, tapant sur absolument tout le monde, jusqu'à cultiver un certain dégoût du monde).

Bon tout ça est très abstrait, j'en ai très peu vu (c'est pas un cinéma très attirant de loin)... En tout cas tu m'intrigues, si je ré-essaie ce sera par celui-là !


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MessagePosté: 17 Nov 2014, 22:58 
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Sir Flashball
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Inscription: 23 Déc 2013, 01:02
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Tom a écrit:
Ce que tu dis me rappelle un article que j'avais lu, qui disait grosso-modo que malgré les apparences, la comédie italienne était le premier et le plus fidèle héritier du néoréalisme dans son refus de la démonstration politique édifiante, dans sa peinture sans concession ni romantisation du pays, en y allant plus férocement que son aîné (personne à sauver, tapant sur absolument tout le monde, jusqu'à cultiver un certain dégoût du monde).


Oui, c'est un peu ça !

D'ailleurs il me semble que Chow parlait aussi d'un emballement presque apocalyptique dans son chouette texte sur Le grand embouteillage, du même Comencini. Que je dois voir absolument, d'ailleurs !

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MessagePosté: 18 Nov 2014, 09:59 
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Inscription: 14 Mai 2014, 10:12
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Le top de la comédie italienne qui tout en restant extrêmement féroce continue à garder un regard attachant sur ses personnages, Bette Davis mise à part.
Affreux, sales et méchants n'aura pas ce même équilibre.
Il y a une réelle beauté dans ces scènes de repas de famille, le regard sur les enfants, porteurs de violence et d'espoir. LE couple improbable Sordi/ Silvana Mangano est intéressant, derrière les grimaces et la farce, il dégage quelque chose de troublant et d'étrange. La répétition de la scène de Sordi, craintif, jetant ses dernières cartes devant le regard sévère de sa femme fonctionne parfaitement.


Et je ris encore en pensant à la dernière réplique.


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MessagePosté: 18 Nov 2014, 14:12 
Un peu mitigé sur ce film, la férocité sert un discours assez a-quoi-boniste qui va s'aggraver ensuite jusqu'à "Affeux Sale et Méchant" en effet. Dans la comédie sociale italienne " I Magliari" de Rosi (où Sordi est encore plus énorme) est le meilleur que j'aie vu, c'est vraiment un film à la fois drôle, extrêmement dur mais formellement épuré et fidèle à une conception exigeante de la dignité humaine.


Dernière édition par Gontrand le 18 Nov 2014, 17:07, édité 2 fois.

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MessagePosté: 18 Nov 2014, 15:43 
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Pareil.
J'avais vu pas mal de comédies italiennes de ces années-là l'année dernière, j'avais été surpris de la violence de ces films à côté de laquelle Weekend n'est rien.
Le personnage de la vieille réapparaît par exemple dans Lunga Vita a La Signorina d'Ermanno Olmi, un peu fastidieux et laid formellement, mais qui n'est pas du tout dépourvu d'intérêt.


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