Forum de FilmDeCulte

Et si Shakespeare n'était pas l'auteur des pièces qu'on lui attribue ? Cela fait des siècles que des spécialistes se posent légitimement la question (aucun manuscrits trouvés notamment)...

J'y suis allé parce que ma copine adore la littérature anglaise élisabéthaine et que tout ce qui touche à cette période l'intéresse.
Et bien c'est une excellente surprise. Un film passionnant qui malgré ses 2h18 passe à toute vitesse.

Le début fait un petit peu peur notamment à cause d'un montage pas très heureux entre plusieurs époques qui ne s'articule pas de manière évidente (flashback dans le flashback). Mais peu à peu le film déroule son intrigue, ses multiples personnages et organise ses trois différentes couches de récit : d'une part l'aspect historique à travers une Reine Elisabeth vieille et limite impotente qui ne sais plus prendre les bonnes décisions alors que l'Angleterre est à un tournant (la guerre avec l'Espagne sourde), d'autre part l'histoire du Comte d'Oxford, personnage tragique, élevé pour jouer un rôle fondamental dans la monarchie mais trop occupé par son impérieux besoin d'écrire, et enfin le théâtre, comment les oeuvres de Shakespeare ont été importante, ont eu du sens dans le contexte de l'époque...

Et ce qui est très réussi c'est que ces trois aspects sont totalement interdépendants et n'existent que par rapport aux autres. C'est à mon sens un vrai modèle de scénario, très riche, très documenté mais en même temps totalement romanesque. Et de ce point de vue là c'est un vrai plaisir et ça marche à fond. On y croit (du moins on a envie d'y croire) et la trajectoire du Comte d'Oxford, interprété par un bouleversant Rhys Ifans est extrêmement belle. C'est d'autant plus impressionnant car c'est un scénario original (alors que j'étais persuadé que c'était adapté d'un bouquin). John Orloff va certainement être un des grands oubliés des Oscar à venir mais pour le coup il méritait franchement quelque chose (en même temps avec ses 4 M$ de recettes US, le film est passé totalement inaperçu).

Roland Emmerich a l'intelligence de s'effacer derrière son sujet en or. Le film du point de vue de la mise en scène est très académique. Malgré quelques plans larges numériques un peu trop voyants, on ne trouve (quasiment faut pas pousser) aucune faute de goût.

Bref une bonne surprise, un bon film qui restera pas dans l'histoire mais qui fait son job et qui le fait bien. C'est déjà pas mal.

4/6

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CroqAnimement votre

Eeeh ben!

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Et y'a des météorites? des égyptiens? des Godzilla? Will Smith avec une clé USB?

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article pas mal dans le monde diplo de ce mois ci

http://www.monde-diplomatique.fr/2012/0 ... ILLE/47197

Honnêtement Emmerich y va quand même avec les pieds dans la direction d'acteurs avec une tendance pompière au surjeu... La mise en abyme théâtrale je veux bien, mais là c'est le festival des gros yeux et des intonations ahuries.

Le flashback dans le flashback n'est pas heureux, mais le retour est bien mieux foutu. Et Emmerich demeure un bon confectionneur artisanal, les costumes et les décors sont fabuleux, même si ça reste un peu long à cause de ce côté guignol.

3/6

Oui les acteurs sont pas tous très bons c'est vrai. C'est probablement le gros point faible du film.

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CroqAnimement votre

ah j'ai trouvé les acteurs sont bons. perso, presque bien aimé. le moins mauvais d'Emmerich. Le truc improbable.

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lBordelais bordelique The next time an actor has to act scared when he only has a wooden T-Bar to track, they will ask, “Hey, where’s Stan Winston?” Steven Spielberg

Au-delà du postulat de départ, je trouve le scénario vraiment intéressant. "Ne jamais laisser la vérité entraver une bonne histoire" dit le dicton, et John Orloff l'a très bien compris . En fin de compte, la véracité de cette théorie importe peu, ce qui importe, c'est ce qu'il en fait, c'est le portrait d'une époque et de personnages, et j'ai trouvé le traitement assez riche, avec des protagonistes pour la plupart assez touchants : le noble qui ne peut s'empêcher d'écrire, même anonymement, l'auteur médiocre chargé de transmettre les oeuvres, condamné à vivre son secret dans la frustration et la jalousie, la vieille reine sénile et son amour d'antan, etc. Même les Cecil, comploteurs de père en fils, sont des figures plutôt passionnantes dans le fond.
C'est pourquoi je suis assez déçu de la caractérisation de Shakespeare lui-même, trop vulgairement réduit à un vil pochtron illettré sans scrupules, alors qu'il eut été plus intéressant d'en faire un homme avide de gloire mais rongé par sa conscience, le fait de savoir qu'il est un imposteur.

Et le problème du film, c'est qu'il est parfois à l'image de ce personnage : grossier.
J'admire les efforts d'Emmerich mais c'est clairement du film de réalisateur de blockbuster qui passe aux films en costumes et ne peut s'empêcher de farder - littéralement - le tout d'une approche par trop théâtrale, ce qui, en dépit du sujet, ne s'imposait pas forcément. Pareillement, la direction d'acteurs est franchement inégale. Les grands s'en tirent avec classe (Ifans, Redgrave, Thewlis), mais la collection de minets qui occupe les seconds rôles, beaucoup moins. Là aussi, Emmerich opte pour un surjeu qui alourdit le tout.

L'écriture n'étant pas non plus exempt de défauts, à la longue (et 2h18, c'est trop), l'entreprise ne tient pas le coup. En troquant les discours "tout art est politique" du premier acte pour des révélations de coucheries incestueuses dans le dernier acte, le film perd de sa superbe et l'exécution n'est pas assez subtile pour aspirer à la tragédie grecque souhaitée par Orloff. On est plutôt dans le soap opera.
En même temps, Emmerich apporte aussi une certaine ampleur, même s'il n'est pas forcément à la hauteur du scénario et de son très beau personnage principal.

C'est donc un peu dommage mais ça reste honorable dans sa capacité à se hisser au-delà de l'article Wikipédia.

3,5/6

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