Forum de FilmDeCulte

La Folle Escapade en VF (beurk).



Dans une vision, un jeune lapin de Sandleford voit sa colline inondée de sang. Il prévient sa garenne du danger implacable et imminent qu'il devine, mais leur chef refuse d'y croire. Alors, avec quelques amis, il fuit à la recherche d'un territoire où survivre.


Il est difficile devant ce film de ne pas jouer la comparaison avec Plague Dogs, tant ils semblent travailler le même matériau, être la variation l'un de l'autre, expérimentant chacun deux versions différentes d'un projet commun. On retrouve donc ce réalisme si étrange dans les dialogues, les réactions, la figuration de la nature et de ses dangers, ce trait ingrat qui n'idéalise rien, cette absence de compromis avec le possible jeune public - mais aussi cette stylisation de chaque instant, qui a toute liberté tant qu'elle ne vient pas jouer l'apaisement en édulcorant le vérisme de l'ensemble. Pour jouer la comparaison jusqu'au bout, on a d'ailleurs aussi la même immense faute de goût : c'est à dire une chanson qui n'a rien à foutre là, d'autant plus dommageable ici qu'elle tâche le film en cours de route (et non son générique de fin), venant foutre en l'air ce qui aurait sinon été une scène absolument magnifique.

Watership Down n'a cependant pas le ton monocorde, note noire unique et sans nuances, qui rendra son successeur si fascinant. Ce n'est pas le chaos d'un monde aux airs post-apocalyptiques, ce n'est pas une ligne droite et linéaire vers la mort... Ce film accepte certes l'horreur en son sein, et ce plutôt souvent, mais ne refuse pas non plus de chanter l'apaisement des campagnes anglaises, et d'embrasser la douceur des moments d'apaisements.

Ça, ça ne me gêne pas. Ce que je trouve plus dommage, c'est que le film dans sa deuxième moitié abandonne son "naturalisme" si particulier et captivant (cette impression que tout peut arriver à tout moment : qu'aucune convention ne va sauver un lapin parce que le récit en a besoin, ou parce que cela fait sens, ou que sais-je). Petit à petit, un certain anthropomorphisme des comportements prend le pas : les lapins font des plans, utilisent les objets, s'allient à l'oiseau... J'ai soudain l'impression que le film devient parabolique (qu'on utilise ces lapins comme représentations abstraites, théoriques, d'une rébellion civile), quand la première partie ne faisait que suivre à la trace un comportement instinctif, une réaction au présent. Cela construisait peut-être moins clairement un récit, mais je trouve que cette façon de faire si particulière, qui singularise si bien le cinéma de Rosen dans le monde de l'animation, parle au final mieux du monde (de la rudesse des rapports en société, de la façon dont la peur déclenche la violence...) que les péripéties plus signifiantes qui suivent.

Après ça reste vraiment bien (ce n'est pas qu'un petit gadget et bonus à The Plague Dogs, quand bien même c'est clairement moins imposant) : la mythologie que s'est inventée la garenne, les atmosphères sublimes (la nuit, le brouillard, les crépuscules), le personnage touchant du jeune Cassandre terrifié, la sécheresse des éclats sanglants... tout cela reste enthousiasmant.


Sinon, question animation anglaise, j'aimerais bien aller voir un film que j'ai failli vous proposer au ciné-club, Quand souffle le vent, qui m'a l'air d'être assez bizarrement dans la même veine (même studio ou prods ?)

C'est d'une folle joie (autant que The war game) si je me souviens bien.

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You are a ghost driving a meat covered skeleton made from stardust riding a rock floating through space.
FEAR NOTHING

Oui, ça en avait l'air.
Je sais pas ce qu'ils ont, leurs animateurs, pour cultiver la dépression comme ça.

Souvenir d'avoir vu la même semaine : Le tombeau des lucioles, The war game et Quand souffle le vent...

Merci Arte pour tes Thema optimistes !

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You are a ghost driving a meat covered skeleton made from stardust riding a rock floating through space.
FEAR NOTHING

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When The Wind Blows, vu à Brighton enfant, je n'oublierai jamais la chanson-titre et le film m'a profondément marqué, bien que vu sans sous-titres. Mais je ne l'ai jamais revu...

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Le film a du sortir en blu-ray quelque part, car on trouve une superbe version HD sur internet (et des sous-titres français également, même si bizarrement ils ne sous-titrent pas prologue et épilogue : peut-être existe-t-il une version amputée de ces passages-là).

EDIT : y a bien un blu-ray : http://www.blu-ray.com/movies/Watership ... ray/13399/


Mmm à choisir je préfère encore celle qu'ils ont gardé (la musique accompagnant la chanson est plus sobre, ou en tout cas moins kitsch, sur le film). Elle est pas laide en soi la chanson, et ils sauvent les meubles du mieux qu'ils peuvent : dans un film aux propriétés différentes, je l'aurais acceptée. Mais que ce soit dans sa texture (reverb, orchestration soudain moins savante et paroles explicatives) que dans sa présence même (soudain un pas en arrière, une façon de prendre une distance empathique), ça casse tout le système esthétique en place, ça rend le passage niais. Et le passage à la base est vraiment sublime, ça aurait pu être le sommet du film, quel gâchis...

Oui When the Wind Blows c'est un petit chef-d'oeuvre, un des films les plus sombres qui soit.

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CroqAnimement votre

Enfant, c'est un de mes premiers grands souvenirs de littérature. J'ai été profondément marqué par "Watership Down". Du coup, j'ai très envie de redécouvrir le livre. Je me rends compte que c'est un peu comme si au fil du temps, ce livre m'avait vraiment accompagné, sans que je me le formule, ou que je puisse même le citer comme une référence, ou comme un livre fondateur pour moi dans mon rapport à l'imaginaire et au réel. Comme une pierre angulaire oubliée qui se rappelle à moi. C'est peut-être une des toutes premières fois où j'entrais véritablement dans un univers qui m'était étranger où je percevais, à travers la lecture, de façon très innocente et très intense, la co-existence harmonieuse de la violence, de la mort, de la solitude, de la peur, avec une forme de joie, de réconfort, et de partage vital et instinctif. Je les ai aimé ces lapins !
Du coup, je vais d'abord relire avant de voir le film.

Mais c'est un livre pour enfant ou "normal" ?


Ouaip, j'avais vu que tu l'avais noté dans le top forum, c'est pour ça que je l'avais sucré et passé Watership à la place. Je sais pas si après ces trois-là (Plague Dogs / Watership Down / When the wind blows) il reste beaucoup de choses à découvrir en animation anglaise.

C'est un de trucs que je trouve terrible avec l'animation d'ailleurs : tu as un petit nombre fini de films à voir. C'est pas comme le reste du ciné où tu as l'impression que tu pourras toujours découvrir des trésors inconnus de n'importe quelle époque, de n'importe quel pays, et qu'il y aura toujours des surprises. Les films d'animations, jusque dans les années 2000, il y a pas plus de quelques uns par an, et à chaque fois que t'en vois un tu sais que le réservoir se réduit d'un film.

Il faut te faire une intégrale Phil Mulloy

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En tout cas comme livre d'aventure pour enfant, ça a marché sur moi. Je l'ai lu avant mes dix ans (vers 8-9 ans, du souvenir que j'ai des pièces dans lesquels je le lisais). Mais je ressentais bien qu'il s'y jouait des réflexions et des questions vitales et complexes autour de thèmes plutôt "adultes" (si ça veut dire quelque chose..., un peu comme si le roman me permettait d'entrer dans le monde "adulte" par une porte qui me convenait à moi, enfant, à ce moment-là). Mais tout ça était très bien incarné dans des aventures qui me tenaient en haleine et qui étaient, totalement compréhensible pour moi enfant, et des mots et des descriptions que je trouvais très beaux. J'ai adoré lire ce livre à cet âge-là. Une comparaison de "catégorie" pourrait être Tolkien et le "Seigneur des Anneaux" - pour enfant ou "normal" ? Lu à la même époque...
Le film de Rosen est "pour enfant" ?

Je sais pas trop comment il a été vendu... L'horreur ne fonctionne que par éclats, mais elle n'est aucunement atténuée (le film est très factuel : si des lapins doivent se battre, ils se battent vraiment - ça mord, ça saigne, c'est même pas stylisé dans l'horreur : ça peut être mou dans le mouvement et pas accompagné de musique... enfin voilà, c'est assez cash). C'est aussi souvent terne, globalement dépressif... Tout ça fait qu'a priori on sent pas trop le film adapté aux enfants.

Mais après l'histoire est assez simple, l'univers animalier plus accessible que n'importe quel autre, l'univers assez fabulesque malgré son réalisme (le mauvais chef et la garenne malade, la garenne promise...), donc je suppose que ça fonctionne. Ça doit typiquement être le type de film qui t'imprime des images à vie si tu le vois gamin.


Ah je l'avais oublié, lui ! Encore rien vu à part des extraits, en plus.

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Complètement,... et aussi totalement accessible aux enfants - et je me suis bien pris dans la gueule les différents niveaux de lecture à 8-9 ans, même si j'aurais été incapable de le formuler comme ça à cette époque-là. C'était juste très très puissant sur la vie, la mort, l'instinct de survie, la violence, la peur, le collectif.


En gros, c'est le la littérature qui fait confiance à l'enfance du lecteur, quel que soit son âge...
Par contre Plague Dogs, j'ai pas lu, et du coup, ça me donne très envie.