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aka La Légende de Baahubali, l'épopée - version Director's Cut

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Sauvé des eaux à la naissance, Shiva développe en grandissant une force prodigieuse et un courage exceptionnel. Parvenu à l’âge adulte, il décide d’escalader la vertigineuse cascade qui domine son village. Il découvre au sommet un monde inconnu et fait la rencontre d’Avanthika, une guerrière rebelle qui lutte pour libérer la reine Devasena, prisonnière de l’empire de Mahishmati. Fasciné par la détermination de la jeune femme, Shiva décide de lui venir en aide, ignorant encore ses propres liens avec ce royaume – dont il est en réalité le prince héritier : Baahubali…

Dans Arrival de Denis Villeneuve, qui se consacre en partie au travail de linguistes, il est dit que pour réellement comprendre une culture, il est nécessaire d'en apprendre la langue. Je ne parle toujours pas telougou ni tamoul ni aucune autre langue utilisée en Inde mais ma familiarisation grandissante avec leur langage cinématographique continue de me faire comprendre cette tout autre culture et comment elle peut considérer tout à fait normal qu'après avoir réussi à exploit tout droit sorti d'une chanson du Tarzan de Disney, le héros se mette gratuitement à danser sur une roche au milieu d'une cascade de plusieurs centaines de mètres de haut.

Étant tombé amoureux des blockbusters indiens avec l'incroyable RRR du même S.S. Rajamouli, j'étais très curieux de découvrir son diptyque responsable du mouvement cinématographique Pan-Indien, le succès des films ayant changé les méthodes de l'industrie, jusqu'alors davantage favorable aux remakes des films récents dans une autre langue de la péninsule plutôt qu'au doublage. Pour nous, ça paraît dérisoire mais ça témoigne de l'attrait universel des films de Rajamouli pour un plus large public.
Sortis en 2015 et 2017, Baahubali : The Beginning et Baahubali : The Conclusion duraient respectivement 2h38 et 2h51 et pour les 10 ans, le cinéaste a décidé de combiner les deux films en une épopée de 3h48. Je me suis longtemps tâté sur quelle version voir en premier mais l'envie de découvrir l’œuvre en salle a fini par primer et je ne regrette rien.

J'ai flippé au départ devant ce que j'ai cru être le début du film, avec ces images sépia sur le bébé Baahubali auxquelles succède une baston en animation cell shading mettant en scène les divinités indiennes se bastonnant façon Dragon Ball Z, croyant assister à l'introduction la plus IN MEDIAS RES DU MONDE avant qu'un carton annonçant Baahubali : The Eternal War pour 2027 ne révèle qu'il s'agissait en réalité de la bande-annonce du spin-off animé. *emoji rire sueur* Mais si je note toutefois une soudaine précipitation passé le premier tiers du film, avec entre autres la déjà tristement célèbre séquence résumant de façon inélégante au possible en quelques plans et une voix off la romance entre Shiva et Avanthika (qui disparaît de toute façon du récit par la suite, même dans la version complète), je n'ai pas ressenti un quelconque manque face à ce remontage. Je me demande même s'il ne rend pas plus efficace la structure du film avec encore un de ces gigantesques flashbacks en plein milieu que semblent favoriser ces films. Parce qu'ici, il ne s'agit pas d'un long segment prolongé qui arrive aux deux-tiers mais de la majeure partie du récit, troquant le parcours du héros du début pour celui de son père.

Et que ce soit dans Magadheera et sa romcom prétexte à une histoire de réincarnation remettant en perspective une amourette comme plus grande histoire écrite par la destinée ou dans RRR et son passé retconnant les actes d'un des protagonistes pour révéler son véritablement positionnement politique, il semble évident que l'importance de connaître sa véritable Histoire et ses origines occupe une place prépondérante dans le cinéma de Rajamouli qui en fait le creuset dans lequel se forge un héros. C'est cette notion qui parvient à incarner l'écriture en couleurs primaires, qui va piocher dans les textes sacrés pour sculpter sa propre mythologie.

Face à la dramaturgie XXL qu'échafaude minutieusement et glorieusement Rajamouli, je me suis une fois de plus rappelé les films qui figuraient dans son Top 10 Sight & Sound. L'auteur compose ici son monomythe campbellien, revisitant les guerres de succession du Mahabharata, l'épopée phare de la religion hindoue, sous une forme mainstream, un peu comme Le Roi Lion (dont Baahubali fait parfois figure d'adaptation live) réinterprétait Hamlet ou comme Le Hobbit de Tolkien rejouait le poème épique Beowulf. On pense à l'Ancien Testament face à ces histoires d'orphelin préféré à l'héritier royal et de bébé sauvé des eaux qui revient libérer son peuple tout comme on pense au Seigneur des Anneaux face aux gargantuesques morceaux de bravoure des champs de bataille, redoublant d'inventivité dans les bastons, quitte à jouer la carte du YOLO, entre les accessoires semblant provenir d'un God of War et autres véhicules pimpés façon Gladiator déjanté.

Je lui préfère RRR, avec sa simili-Histoire alternative et sa bromance entre deux personnages plus humains même derrière les ralentis les plus badass (et je lui préfère également Eega, rien que pour l'audace), mais il y a quelque chose de fascinant ici à regarder les destins croisés d'un protagoniste et d'un antagoniste aux silhouettes de demi-dieux filmés à la limite du Riefenstahl s'animer sur un canevas aussi large. En un sens, c'est déjà du niveau de la bande-annonce du spin-off animé. Ça justifie l'écriture en grandes figures et grands mouvements. J'avais lu que le générique de ce "Director's Cut", emprunté à celui du deuxième film, spoilait en un sens la fin du premier, et on pourra dire que c'est parce que Rajamouli s'adresse à un public qui a déjà vu le diptyque, mais on peut également lire ça comme les grandes étapes d'une histoire déjà connue de tous, présentes dans la conscience collective, comme les principaux épisodes de L'Odyssée (auquel j'ai également pensé, sans doute parce que je viens de le lire, mais également pour sa structure non-linéaire et la quête d'un père par son fils). Et ça finit d'ancrer Baahubali : The Epic dans le projet de Rajamouli : de la chanson de geste.

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MessagePosté: 02 Nov 2025, 10:52 
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Sir Flashball
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Bon, vu que c'est tout nase, ça me refroidit bien pour RRR...

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MessagePosté: 02 Nov 2025, 11:04 
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Cool, un avis de merde en moins.

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MessagePosté: 02 Nov 2025, 11:12 
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Sir Flashball
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Déjà discuté du film dans son topic dédié : film creux et sans poids (comme la babiole en polystyrène que le héros porte au début).

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