Forum de FilmDeCulte

Le forum cinéma le plus méchant du net...
Nous sommes le 21 Sep 2025, 23:46

Heures au format UTC + 1 heure




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 5 messages ] 
Auteur Message
MessagePosté: 24 Oct 2011, 02:53 
Hors ligne
Teacher

Inscription: 13 Mai 2010, 11:50
Messages: 11667
L'Isolé ou L'Idole, pour les vieux titres français.

Image

Image

Image

Mary Tucker, la jeune aînée d'une pauvre famille fermière, fait la rencontre de Tim, un ouvrier des lignes électriques, juste avant que la guerre n'éclate. De retour du front, celui-ci a perdu l'usage de ses jambes...


Je vais pas épiloguer sur ce qui s'impose, avec une évidence incontestable, comme un des films-achèvement du muet. Moi qui avait trouvé L'heure suprême un peu... "mou", je ne sais pas si c'est le mot, mais en tout cas un peu moins magique que les grands films de l'époque, je tombe là sur un équivalent à Murnau : un brin de parfum fantastique en moins, un brin de finesse en plus. Mais c'est clairement fait du même bois, du même type d'approche.

L'épure avancée du récit (quatre personnages, quelques grosses séquences plutôt qu'un enchaînement de petites scènes), mêlée à un cadre très finement onirique (la vision romantique d'une terre rurale primitive au rythme des saisons), pose le cadre d'un film où l'équilibre sera roi. Le mélo muet m'impressionne d'habitude plutôt pour ses débordements, ses pulsions, et peut-être cela peut manquer en un sens ici. Mais Borzage retrouve ce sentiment de sublime autrement, dans l'abstraction des atours de fable de son histoire de Cendrillon et de guerre qui brise les hommes, dans les visions puissantes qui s'insèrent incognito dans la continuité (l'ouverture nocturne à la ferme avant le petit matin, la bataille du haut du poteau téléphonique, la nudité qu'on entrevoit à la cascade, la silhouette qui se trimballe dans la tempête), ou dans des situations entièrement pensées en fonction du cinéma (la double-porte, la vision par la fenêtre brisée, l'embrassade douloureuse - qui est le sommet du film).

Tout est PARFAIT dans ce film. Même les casseroles que se traînent les codes du genre sont ici bien traitées (le mauvais amant, quasi-immédiatement identifié comme tel par la jeune fille et réduit à l'ultra-minimum de scènes nécessaires). On peut à la limite tatillonner sur la toute fin, un peu rapide/expédiée pour ce que tout le final (les 15 dernières minutes) prépare, mais c'est vraiment tout. Pour le reste, c'est le sommet de l'art - et, quitte à insister, dans le genre "chanson du monde sous la forme d'une petite histoire simple", c'est un cas d'école là.


Sinon, je sais pas si c'est l'édition Carlotta (copie parfaite, au passage) ou juste mon 720p, mais le 23,98 fps du master m'a semblé légèrement accéléré de bout en bout, au point de limite donner un effet "vidéo". Je sais pas si c'est eux qui se sont plantés dans le choix d'une vitesse fixe, mais j'ai fini par recalibrer vers du 21,5-22 fps pour retrouver la vitesse normale de mouvement. Zarb. *C'était la minute psychopathe*


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 24 Oct 2011, 09:31 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 24 Nov 2007, 21:02
Messages: 29120
Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
Vu aussi récemment et adoré.
Très beau mélo hyper romantique qui demande quand même un saut de foi un peu too much de la part du spectateur
Le mec totalement handicapé qui recommence à marcher et ô miracle, à courir en deux/deux dans une tempête de neige


Mais les décors sont superbes et la candeur de l'ensemble est très touchante.

Gros bémol à l'accompagnement musical absolument affreux. Mais sinon effectivement blu-ray superbe !

_________________
CroqAnimement votre


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 24 Oct 2011, 09:33 
Hors ligne
Teacher

Inscription: 13 Mai 2010, 11:50
Messages: 11667
Art Core a écrit:
qui demande quand même un saut de foi un peu too much de la part du spectateur
Le mec totalement handicapé qui recommence à marcher et ô miracle, à courir en deux/deux dans une tempête de neige

Je sais pas trop quoi dire dans le sens où quelque part je m'y attendais... Donc quand c'est arrivé j'étais tout fou. Peut-etre pas assez préparé (pas assez d'essais avant), mais j'aime bien cette percée fantastique au dernier moment.


Art Core a écrit:
Gros bémol à l'accompagnement musical absolument affreux.

Quand c'est pas la musique d'origine sur les muets, maintenant, je coupe. C'est dix fois mieux.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 24 Oct 2011, 09:36 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 24 Nov 2007, 21:02
Messages: 29120
Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
Tom a écrit:
Je sais pas trop quoi dire dans le sens où quelque part je m'y attendais... Donc quand c'est arrivé j'étais tout fou. Peut-etre pas assez préparé (pas assez d'essais avant), mais j'aime bien cette percée fantastique au dernier moment.


Oui quelque part ça fonctionne bien ce côté miraculé de l'amour mais oui c'est un trop rapide ça fait bizarre.


Tom a écrit:
Quand c'est pas la musique d'origine sur les muets, maintenant, je coupe. C'est dix fois mieux.


Oui c'est ce que j'ai fini par faire même si j'aime par regarder un film dans le silence.

_________________
CroqAnimement votre


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 21 Sep 2025, 16:46 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 30 Déc 2015, 16:00
Messages: 8627
Tom a écrit:
Je vais pas épiloguer sur ce qui s'impose, avec une évidence incontestable, comme un des films-achèvement du muet. Moi qui avait trouvé L'heure suprême un peu... "mou", je ne sais pas si c'est le mot, mais en tout cas un peu moins magique que les grands films de l'époque, je tombe là sur un équivalent à Murnau : un brin de parfum fantastique en moins, un brin de finesse en plus.

J'ai vu très peu de Borzage et pour l'essentiel je n'en ai aucun souvenir. J'ai donc voulu profiter de la rétrospective partielle à la fondation Jérôme Seydoux (conditions optimales pour les films muets avec accompagnement musical en live par des anciens élèves de la classe d'improvisation du conservatoire) pour découvrir ses films les plus réputés, première session avec L'Heure suprême qui m'a comme Tom plutôt laissé sur ma faim. Le film n'est certes pas dénué de qualités, Borzage est ainsi capable de nous signifier l'irrésistible attirance pour les cieux de son personnage principal (Charles Farrell) en quelques scènes, des égouts de Paris où il accomplit son labeur au septième étage de l'immeuble où il loge. Mais je trouve également que le film se perd beaucoup par ailleurs, tout ce qui touche à la première guerre mondiale prend trop de place par exemple, et souffre de plus de sa trop grande proximité avec l'indépassable La Grande parade de Vidor. Il a par ailleurs la main assez lourde pour tout ce qui touche à la religion, la fin en particulier, passablement indigeste.

Deuxième tentative donc avec L'Isolé, film considéré comme perdu jusqu'à ce que l'on retrouve une copie dans les archives de la cinémathèque d'Amsterdam en 1990. Et au-delà de quelques petites réserves, je rejoins une nouvelle fois Tom pour dire que l'on est face à un film quasiment parfait, ou tout du moins qui correspond à un certain idéal cinématographique pour moi. Pour les réserves donc, les deux premières séquences d'abord (celle qui précède l’enrôlement et le cours passage sur le front de la première guerre mondiale qui s'ensuit), qui dans le fond ne sont que des prétextes pour situer le décors et ses personnages et disséminer les petits cailloux sur lesquels Borzage viendra construire son récit par la suite. Les autres, plus profondes, qui me semblent s'appliquer à toute son œuvre, la nécessité du miracle d'une part, ce à quoi Art Core fait référence pour l'énorme saut de foi que demande le film (mais que dans le fond on concède assez facilement une fois que l'on accepte la composante religieuse dans le cinéma de Borzage), et l'autre qui tient à l'infantilisation de ses figures féminines, pour le coût c'est certainement là où Murnau conserve un ascendant certain sur Borzage chez qui les femmes ne sont pas loin d'être réduites à des pantins que les hommes se disputent et qui vont dans le sens de celui qui tire le plus fort.

Une fois ces quelques réserves énoncées (et qui m'empêche de placer ce film au même niveau que les plus grands Murnau de la même époque, City Girl ou L'Aurore), on peut alors pleinement profiter de la perfection de la grammaire cinématographique qui s'y déploie. Un récit ramassé qui se concentre sur quelques personnages (3 principaux, allez quatre avec la mère), dans un coin perdu de l'Amérique que l'on ne quittera plus, en quelques scènes que Borzage n'hésite pas à faire durer de manière à ce qu'en jaillisse le suc. Le duo Farrell/Gaynor, que j'avais trouvé assez fade dans L'Heure Suprême retrouve ici la magie de leur association chez Murnau, une amitié qui se transmue peu à peu et qui culmine dans une scène d'embrassade où en quelques secondes les variations infinitésimales sur le visage de Farrell expriment toute la gamme des sentiments qu'il ressent, du bonheur simple de l'amitié au désespoir amoureux. C'est là toute la finesse dont parle Tom, la capacité de Borzage à restituer la profondeur des sentiments de ces nouveaux amants avec une extrême économie de moyen, que cela passe par la mise en scène comme le simple geste de Gaynor qui déplace le bras du tourne disque pour nous faire ressentir sa mélancolie, ou par l'écriture quand Farrell déplace la table pour la mettre sur le pas de la porte, Gaynor ne se résignant pas à en passer le chambranle. D'un matériau de départ qui aurait été un parfait véhicule pour un banal mélodrame supplémentaire, genre dont le cinéma muet s'est abondamment repu, c'est bien par la précision de sa mise en scène que Borzage le magnifie pour livrer l'un des plus grand film de la toute fin du muet.


Haut
 Profil  
 
Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 5 messages ] 

Heures au format UTC + 1 heure


Articles en relation
 Sujets   Auteur   Réponses   Vus   Dernier message 
Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Little Man, What Now? (Frank Borzage, 1934)

Gerry

5

2157

04 Sep 2006, 13:34

Gerry Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Moonrise (Frank Borzage, 1948)

elmergantry

2

1345

07 Déc 2021, 08:19

Vieux-Gontrand Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Désir (Frank Borzage - 1936)

Blissfully

7

1955

05 Déc 2009, 20:31

skip mccoy Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. The Mortal Storm (Frank Borzage, 1940)

Cosmo

2

1839

14 Déc 2009, 08:57

skip mccoy Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Smilin' Through (Franck Borzage - 1941)

Tom

0

1914

14 Fév 2011, 00:56

Tom Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Strange Cargo (Franck Borzage - 1940)

Tom

5

1815

11 Fév 2011, 09:10

Cosmo Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Lucky Jo (Michel Deville, 1964)

bmntmp

0

1028

14 Jan 2021, 00:24

bmntmp Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Lucky Day (Roger Avary, 2019)

Film Freak

1

1258

05 Oct 2019, 12:13

Mr Chow Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. The Lucky One (Scott Hicks, 2012)

Mr Chow

2

1489

06 Aoû 2014, 12:52

Mr Chow Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Lucky You (Curtis Hanson, 2006)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2 ]

Film Freak

23

3112

23 Juin 2008, 01:07

Janet Voir le dernier message

 


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 1 invité


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Rechercher:
Aller à:  
Powered by phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO
Hébergement mutualisé : Avenue Du Web