Forum de FilmDeCulte

En 1902, John McCabe arrive à Presbyterian Church, une petite ville de l'Ouest américain, pour ouvrir un bordel. Mme Constance Miller, une prostituée, lui propose son aide et son expérience en échange d'une partie des bénéfices. Mc Cabe accepte, mais le succès de l'établissement fait des jaloux...

Ah c'est donc ça un film de Robert Altman.

De ce réalisateur, parmi les plus emblématiques du Nouvel Hollywood, je n'avais vu aucun des films pré-1992 et dans ceux qui ont suivi, aucun ne m'avait convaincu à l'exception de The Player (même les plus réputés comme Short Cuts et Gosford Park ne sont pas ma came).

Ses plus gros succès avec Elliott Gould m'intriguaient vaguement, surtout Le Privé, mais ces derniers temps, c'est ce McCabe & Mrs Miller qui faisait son petit bonhomme de chemin dans mes envies, son influence transparaissant étrangement dans des films de SF récents tels que Solo et Chaos Walking, avec ses gros manteaux de fourrure et ses vistas enneigées.

C'est d'ailleurs la première chose qui frappe, cette photographie diaphane mais néanmoins sublime de Vilmos Zsigmond, qui tranche avec l'imagerie des classiques mais sied à merveille à ce post-western et son approche déglamourisée du genre.
Réfractaire, Altman qualifie son film d'anti-western et il est vrai que d'entrée de jeu, le film joue avec les codes, suivant ce Warren Beatty à belle gueule et sa dégaine mi-pimp mi-poisson hors de l'eau qui arrive auréolé d'une réputation de flingueur mais va presque s'avérer flingué.

Sans aller jusqu'à le qualifier de loser, il se caractérise clairement aux antipodes des héros habituels, dénué d'un quelconque désir de justice ou vengeance, pas un cow-boy ni un ranchero. C'est un businessman mais pas un méchant.
Et il en va de même pour le personnage de Julie Christie qui n'est pas la demoiselle en détresse ni la pute au grand coeur ni simplement la Madame avec du répondant et du caractère que tu croises au saloon, elle est entrepreneuse et plus business-savvy que lui, du moins sur son domaine.

Ca m'a davantage rappelé (mon lointain souvenir peut-être complètement faux de) La Porte du Paradis que les westerns même spaghetti ou crépusculaires de l'époque. Un film sur la construction de l'Amérique.
Ma connaissance du genre reste encore superficielle et j'imagine bien que d'autres westerns présentaient déjà une intrigue similaire mais j'aime comme le film demeure une histoire de la conquête de l'Ouest mais par le capitalisme cette fois, aussi impitoyable que le froid de l'hiver. A ce titre, la fin va me hanter longtemps.

Et je vais rajouter quelques films de Altman à son prime à ma watchlist. A part Le Privé, vous conseillez lesquels?

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Trois femmes, M*A*S*H* et Nashville. J’avais beaucoup aimé Un mariage, mais je n’en ai plus beaucoup de souvenirs.

Nashville, son film-principe, et Brewster McCloud (appris que l'astrodome de Houston où il a été tourné est en ruine depuis Katrina), sorte de déclinaison plus nihiliste et gothique cinéma de Hal Hashby (avec l'acteur d'Harold et Maud). Après c'est un cinéma apparemment ample mais qui travaille en fait la même forme, la même vision du monde, les mêmes thèmes, le même rapport aux femmes et au couple.
Ses films des années 1990 choppé ado à la télé m'avaient moins marqué.

Je ne suis pas rentré dans des films plus rares comme (truc à la Polanski période Répulsion en encore plus misogyne) ou Quintet (sci-fi apocalyptique et hivernale à gros cast mais petit budget) tentés pendant le confinement.

Sinon First Cow de Kelly Reichardt discrère parodie de McCabe (elle fait jouer René Auberjonois d'ailleurs).
La scène qui le reste en tête est .
Il n'est pas tout à fait dans le Nouvel Hollywood non plus (économiquement il a souvent été son propre producteur et politiquement il est plus conservateur me semble-t-il, il partage aussi peu d'acteurs avec Scorsese ou Coppola -Shelley Duvall a plutôt été vue chez Kubrick qui lui ressemble un peu).

3 Femmes j'ai eu aussi du mal à propos, film d'adieu à Shelley Duvall qui s'en prend plein la gueule, complètement construit autour de son humiliation - Nashville est aussi construit autour du martyre d'un personnage féminin, mais c'est dilué dans le dispositif choral.

J'ai découvert aussi Nous sommes tous des voleurs que j'ai bien aimé.