Forum de FilmDeCulte

Ou Les masseurs et la femme.
Anma to onna en VO.



Un groupe de masseurs aveugles arpente les routes du Japon rural. Ils s'arrêtent pour travailler à une station thermale où sont de passage pour quelques jours un groupe d'étudiants, un homme et son petit neveu, ainsi qu'une mystérieuse jeune femme venue de Tokyo.


Ballade apaisante, quelque part entre la comédie (humour "gentil" mais pas trop forcé, plutôt cool et discret) et la chronique douce-amère. Le film, très court (1h tout juste, ca se suit en fait plutôt comme un gros court-métrage) a une tendresse très communicative pour les personnages effleurés sans insistance, et pour le groupe en général - les soirées entre collègues masseurs, le gamin en vadrouille qui fait le lien entre tous, les hommes tournant autour de la jeune femme. Le décor que pose le film prolonge cette approche façon cocon, douillettement ramassé autour d'une rue et de quelques maisons au milieu des forêts - le plaisir familier d'un décor de studio assumé comme tel, mais prolongé d'un horizon de décors naturels qui lui donnent de l'air et son lot de rêverie.

Le manque d'ampleur peut décevoir, mais ça donne justement un résultat tranquille et charmant (peu de maladresses ou d'hésitation, c'est très maîtrisé), quitte à se montrer un peu trop décontracté et facile par moments. La caméra de Shimizu fait en tout cas le principal, trouver la bonne distance pour toucher à un certain état de légèreté des choses, faisant preuve d'une simplicité (de situations, de cadres) paradoxalement capable d'accueillir très naturellement de multiples petites douceurs plus maniérées - travellings coulants, compositions quasi-théâtrales, et surtout une petite scène de rencontre dans la rue, étrange - à point fuyant - et muette :



Joli passage.

Belle découverte donc, après si comme je le lis à certains endroits c'est le sommet de sa filmo, ce réal restera plus un bon encas qu'autre chose. Le petit tour des Eclipse de Criterion est en tout cas très enthousiasmant pour l'instant, ils se sont pas contentés de ressortir les curiosités froides.