Etats-Unis (2) 4 - Take this Waltz de Sarah Polley Joli film de Sarah Polley, fausse comédie romantique, vrai portrait de femme qui hésite entre deux hommes et deux vies. Si le film a un peu de gras - pas fan de la copine alcoolique -, c'est très bien écrit et un peu douloureux. Michelle Williams est bien sûr parfaite mais c'est Seth Rogen dans un rôle très différent qui m'a le plus touché.
3 - Silver City de John Sayles Déçu. Malgré une distribution prestigieuse, le film peine à décoller, la faute à un scénario très didactique qui multiplie les personnages (pour le coup, cela aurait peut-être mieux marché en série) et donne le sentiment que l'on enfonce beaucoup de portes ouvertes.
France (4) 3 - Earwig de Lucile Hadzhililovic Voilà bien un film que j'aurais dû voir au cinéma... Lucile Hadzihalilovic signe un impressionnant livre d'images gothiques, avec des séquences impressionnantes (le voyage en train, la scène finale) mais le propos est si brumeux que l'émotion est absente.
4 - Le Lycéen de Christophe Honoré Beau film de Honoré, à mes yeux son meilleur depuis Les Chansons d'amour. Sur un sujet classique, le deuil difficile d'un adolescent, il fait preuve d'une rare sensibilité et joue habilement avec la narration - j'aime beaucoup les scènes face cam. Paul Kircher est déjà grand mais c'est surtout Vincent Lacoste qui m'a bluffé.
4 - Foxfire de Laurent Cantet Beau film qui me semble assez méconnu de Laurent Cantet sur une bande de filles qui se rebelle contre le patriarcat. Sauf que les idéaux se heurtent à la réalité humaine. Si la mise en scène manque un peu de souffle, le scénario - adapté d’un roman de Oates - tient de la dentelle narrative, avec des seconds rôles qui existent et beaucoup de nuances psychologiques. J’adore le perso de Legs.
3 - 21 nuits avec Pattie des frères Larrieu Du charme libertin, une première partie intrigante et sexy mais trop de sous-péripéties encombrent le récit qui se fait plus répétitif. Le film m'a beaucoup fait penser à une version hétéro de Miséricorde.
Europe (6) 2- Submergence de Wim Wenders (Allemagne) Wenders derrière la caméra, Debie à la photo, McAvoy/Vikander mais hélas un script écrit par la scénariste de The Last Face avec une histoire d'amour sur fond de Jihad et d'exploration sous-marine WTF. La réal assure, le couple fonctionne mais que c'est con et occidento-centré.
4 - Tasio de Montxo Armendáriz (Espagne) Beau film espagnol de 1984 qui raconte la vie d'un charbonnier basque, de son enfance au grand âge. La description de la vie quotidienne du braconnier manque un peu d'enjeu mais la sublime photographie de José Luis Alcaine rend hommage à la vie rude même en été des Espagnols des montagnes.
3 - Sunset song de Terence Davies (Angleterre) Un peu déçu. J'aime bien le cinéma de Terence Davies mais les curseurs de la belle image et du mélodrame sont si poussés ici que, paradoxalement, ça m'a laissé à quai. La 1er partie est assurément la meilleure et Agyness Deyn a beaucoup de présence mais le film s'englue un peu.
5 - Qui à part nous de Jonas Trueba (Espagne) Formidable docu-fiction sur l'adolescence de Jonas Trueba, ce moment de liberté et d'insouciance (ou plutôt du début de la fin de l'insouciance) où l'on doit trouver sa place au monde, dans un groupe ou seul sur son île, comme le propose Silvio devant le regard déçu de son amoureuse. Les phases de fiction sont magnifiques, sur la naissance du sentiment amoureux et si le film a ses longueurs (3 heures), on quitte à regretter les jeunes héros.
5 - Le chant des oiseaux d’Albert Serra (Espagne) Un film comme un miracle. À la fois austère dans la forme et le rythme, candide dans la manière dont Albert Serra réinvente la figure des rois mages et, presque par effraction, d'une beauté mystique à couper le souffle. Le chainon manquant entre les Monty Python et Pasolini.
4 - O Corno, une histoire de femmes de Jaione Camborda (Espagne) Film très fort d'une réalisatrice espagnole sur une femme "libre" qui doit fuir après avoir avorté une jeune fille. Plus que le scénario assez programmatique, c'est la mise en scène organique qui m'a séduit, notamment lors des scènes nocturnes, très belles.
4 - Sparta d’Ulrich Seidl (Autriche) Sacré morceau ce Sparta d'Ulrich Seidl, qui établit un rapport particulièrement malaisant entre le Nazisme et la pédophilie, la domination occidentale et l'attirance pour les têtes blondes, en suivant un Allemand qui ouvre un club de judo en Roumanie. Mise en scène au scalpel.
Asie (3) 1 - Amen de Kim Ki-duk (Corée du Sud) Un film rare de Kim Ki-Duk, période fauché comme les blés. En quasi vue subjective, le réal suit une jeune femme qui erre dans Paris. Cela commence de façon intrigante avant de devenir répétitif et con comme la lune, avec une vision WTF de l'amour. Même pas pour les fans.
4 - Barking Dog de Bong Joon-ho (Corée du Sud) Premier film de Bong Joon-ho qui porte déjà les germes de la grande oeuvre à venir : critique sociale féroce, mélange des tons, amour des outsiders, humour à froid... Le scénario part dans tous les sens mais la mise en scène cartoon est déjà là. Et puis Doona Bae...
4 Jesus de Hiroshi Okuyama (Japon) Joli premier film de Hiroshi Okuyama, récit d'apprentissage d'un garçonnet qui arrive dans une école catholique et se lie d'amitié avec l'enfant le plus populaire de celle-ci. C'est finement observé, pudique et touchant et si ça manque peut-être un peu de nerf dans la mise en scène, la dénouement est surprenant.
Amérique latine (4) 4 - Eva ne dort pas de Pablo Aguero (Argentine) La première partie est extraordinaire, la suite moins réussie mais toujours grand style. Pablo Aguero sait faire des images, c'est indéniable. Il évite la page Wiki pour créer une atmosphère semi-fantastique qui m'a fait penser à du Pablo Larrain.
4 - Le Dernier été de la Boyita de Julia Solomonoff (Argentine) Joli film sur un sujet un peu vu et revu ces dernières années mais traité avec sensibilité. Cela manque un peu de nerf dans la mise en scène mais la réalisatrice évite le pathos et le sujet à thème pour se concentrer sur son beau personnage de jeune fille qui tombe amoureuse.
3 - Wonder de Sebastian Lelio (Chili) - Netflix Curieux film de Sebastian Lelio dont j'avais bien aimé Gloria et surtout une femme fantastique. La mise en scène est brillante, Florence Pugh est une grande actrice mais passée l'installation, le film opère un long surplace où les enjeux semblent figés. La fin est forte mais j'étais assez extérieur au récit.
3 - Fauna de Nicolas Pereda (Mexique) - Mubi Film très original de Nicolas Pereda, qui rappelle un peu le cinéma de Laura Citarella, soit une narration façon poupées russes, où l'on joue sur la frontière entre réalité et fiction, film dans le film et film dans le film dans le film. Bon, ça dure 71 minutes et ça raconte pas grand chose mais j'étais toujours intrigué.
Et donc le palmarès…
Coquille d’or : Le chant des oiseaux d’Albert Serra Le très grand film de cette sélection, j’y pense souvent.
Coquille d’argent : Qui à part nous de Jonas Trueba Si vous êtes abonnés à Mubi, un Must-See. Vous pouvez le voir en trois fois, c’est fait pour.
Prix du jury : le Lycéen de Christophe Honoré Très beau film du réalisateur français, si vous aimez Paul Kircher depuis Le Règne animal, c’est à rattraper.
Mise en scène : Ulrich Seidl (Sparta) et Pablo Agüero (Eva ne dort pas) Deux exercices formels assez fascinants.
Scénario : Foxfire de Laurent Cantet Un très bon scénario pour un beau film oublié. Il avait trop d’avance sur la société et la cinéphile.
Actrice : Michelle Williams (Take this Waltz) J’ai vu passer un classement stupide sur les acteurs. Michelle Williams serait top 3 chez les actrices.
Acteur : Patxi Bisquert (Tasio) Formidable acteur espagnol dont un film à découvrir prochainement dans une version restaurée.
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