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 Sujet du message: Mon Festival de Venise 2022
MessagePosté: 01 Jan 2022, 11:31 
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Antichrist
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Mon Festival de Venise 2022

France (6)
Après mai d’Olivier Assayas - Mubi
Film "de jeunesse" d'Olivier Assayas sur la France (ou plutôt le monde) post-mai 68. Bon, c'est joliment fait, la musique est belle, la photo d'Eric Gautier donne envie d'encadrer l'écran... mais le propos désenchanté sur une jeunesse dorée qui se croyait révolutionnaire ne me touche que moyennement. Les dialogues sont sur-écrits, les acteurs inégaux (seul le couple principal fonctionne à l'écran), ce n'est jamais mauvais, juste inconséquent et décevant de la part d'Assayas.
3/6

Athena de Romain Gavras

Une précision s'impose : j'ai vu le film sur Netflix... ce qui forcément limite l'impact de sa mise en scène opératique. Il faut reconnaitre que Romain Gavras a du talent pour imaginer et filmer des plan-séquences complexes, avec nombreux figurants, jeu sur les échelles de plan... Je regrette néanmoins qu'il ne nous fasse pas un plan "architectural" de la cité car parfois j'ai eu du mal à comprendre comment les gars circulaient d'un point à un autre. Tout ça pour dire que l'aspect disons médiéval du film est ce que j'ai préféré. Pour le reste, je suis plus circonspect : les trois (+1) frères sont tellement archétypaux, les dialogues tellement limités, que j'ai eu du mal à entrer en empathie avec les persos - à la rigueur Karim est le frère le plus intéressant, aussi car l'acteur a quelque chose de particulier dans le regard.

Le perso du CRS, lui, est presque de trop, on se contrefiche totalement de son sort et je ne parle même du perso de Sébastien complètement WTF... Après le film ne s'assume pas vraiment politiquement, si bien que je l'ai trouvé plus "abstrait" que problématique. Quand les méchants sont des nazis, tu t'évites tout dilemme moral, c'est pratique et l'épilogue est extrêmement grossier. Enfin bref, pas mécontent de l'avoir vu, je trouve quand même que c'est "quelque chose" dans le paysage français mais comme les précédents Gavras-fils que j'ai vus, ça manque de profondeur sur le scénario, de travail sur les dialogues, ça reste "puéril".
3/6

La Faute à Voltaire d’Abdellatif Kechiche
Je l'avais vu à sa sortie, il y a donc plus de vingt ans... A l'époque, Abdel n'était pas encore Kechiche et j'avais surtout apprécié la première partie. Le revoir aujourd'hui, après l'avoir rencontré à Montpellier, aux côtés de son ami Olivier Loustau (Antonio dans le film), cela m'a fait quelque chose... Le film est toujours le brouillon de son oeuvre à venir, avec ce personnage principal observateur du monde, incapable d'exprimer ses sentiments, cette façon de croquer des moments de vie, ce mélange de gravité et de tendresse. Bien sûr, cela a les défauts d'un premier film (et c'est déjà un peu long) mais c'était pour lui, je pense, le temps des jours heureux.
4/6


Saint-Omer d’Alice Diop

Premier film de fiction d’Alice Diop dont j’aime beaucoup les deux documentaires que j’ai vus d’elle, Nous et Vers la tendresse. Le début m’a fait un peur : les dialogues très écrits, le didactisme du dispositif…. Mais passé un temps d’adaptation, j’ai trouvé le film passionnant et surtout très original, à la fois très direct dans son discours politique sur la question d’être une femme (et une mère) noire aujourd’hui, et plein de compassion envers les personnages, même secondaires. La forme est faussement simple, aussi, avec ce jeu sur la lumière qui éclaire différemment les visages. Les honneurs sont mérités et la suite de sa carrière s’annonce passionnante.
5/6

Seules les bêtes de Dominik Moll - Universciné
Bon, je l'ai vu aussi pour le travail, si jamais je dois interviewer prochainement Nadia Tereszkiewicz (future César du meilleur espoir féminin). J'ai été surpris. Après une première heure un peu sur des rails, avec des acteurs que j'aime bien, le film décolle et j'ai trouvé le scénario bien ficelé, offrant aux différents personnages une part d'ombre et de lumière. Le dénouement est un peu forcé mais avec un stradivarius comme Denis Ménochet, on accepte le comportement pas toujours logique du personnage. Cela m'a donné envie de voir La Nuit du 12.
4/6

Amants de Nicole Garcia
J’ai rien contre le cinéma de Nicole Garcia, par principe, mais il faut bien reconnaitre que je n’aime aucun de ses films. C’est du cinéma psychologique sérieux comme un pape, pas très crédible dans ses directions narratives, avec des acteurs qui serrent les dents. Bon… Dans Amants, je sauve Benoit Magimel (c’est pour lui que je voulais voir le film car j’aime de plus en plus), surtout que son personnage de mari bafoué est le plus intéressant. Pierre Niney joue un perso totalement improbable et Stacy Martin n’a pas grand chose à défendre…
2/6


Etats-Unis (3)
Downsizing d'Alexander Payne
Curieux film d'Alexander Payne, que l'on a connu beaucoup plus inspiré. L'installation de l'univers est intrigant, le concept de la réduction plutôt bien expliqué mais il faut ensuite se taper un looooong ventre mou, avant que le film regagne un peu d'intérêt dans son dernier tiers, grâce à l'histoire d'amour un peu forcé mais surtout pour son côté Problemos... Mais bon, 2h15 tout de même, le film serait apparu directement sur Netflix que j'aurais encore disserté sur l'absence d'un producteur plus exigeant... Matt Damon ne tient pas ici le plus grand rôle de sa carrière mais les seconds rôles sont assurés par Christoph Waltz et Udo Krier, donc ça donne un peu de charme européen à l'ensemble. Dispensable.
3/6

Vox Lux de Brady Corbet - Universciné

Oh la baudruche.... il y a du talent qui a bossé sur le film pourtant : Sia à la musique, Millepied aux chorégraphie, Natalie Portman, Jude Law et Stacy Martin dans la distribution... mais après une première heure intrigante façon De Beaux Lendemains, le film se prend les pieds dans le tapis dans une deuxième partie démonstrative en diable (enfin en pacte avec le diable), avec un final WTF interminable. Sa présence en compétition à Venise est une énigme (bon, ok, le cast explique en partie cela). 
2/6

Blonde d’Andrew Dominik

Sacré morceau de cinéma... Je n'ai pas lu le livre d'Oates, je ne voue pas de culte particulier à Marilyn Monroe et je ne connaissais rien de sa vie (à part les mariages, les grands films et la mort...), si bien que les parti-pris fictionnels ne m'ont pas dérangé (mais je comprends que l'on puisse tiquer)...Par contre, je ne comprends pas l'obsession d'Andrew Dominik pour les détails scabreux et les "visions" de bébé font très fake. Bien sûr cela fait partie du projet - décrire le cauchemar que fut l'existence schizophrénique de Marilyn Monroe mais le film a le même problème de point de vue (masculin) que Nina Wu de Midi Z. Peut-on dénoncer la masculinité toxique en mettant en scène un viol qui n'a pas existé, une scène de triolisme qui n'a pas existé et une fellation présidentielle imposée ? De projeter en quelque sorte ses propres fantasmes (masculins) pour les dénoncer ? Pour autant, le "geste" cinématographique ne doit pas être réduit à cela. On a beaucoup évoqué Lynch et je comprend pourquoi : l'héroïne est le double hollywoodien de Laura Palmer et la zik (sublime) de Nick Cave et Warren Ellis évoque les nappes de synthé de Angelo Badalamenti. Mais le film m'a plus rappelé les biopics horrifiques de Pablo Larrain, Jackie et Spencer. Le travail formel est assez dingue, la performance d'Ana de Armas bluffante (même si elle manque un peu de chair non ?), c'est aussi indiscutablement trop long (mais bon, avec Netflix, on a l'habitude). Bref, je n'ai pas beaucoup aimé mais je le conseille quand même car... This is cinema. 
3/6

Europe (7)
Leopardi : Il giovane favoloso de Mario Martone - Universciné
Un biopic consacré au poète italien Leopardi par Mario Martone. En fait, j'avais pris le film dans mes filets en préparation de Cannes - Martone présentait Nostalgia sur la Croisette. Plutôt séduit par le destin tragique de Leopardi, déjà pour la performance d'Elio Germano dans le rôle titre, et aussi pour la beauté de l'Italie - magnifiée par le chef opération Renato Berta. Dommage que ce soit trop long, un peu confus aussi dans la deuxième partie (le héros dit d'ailleurs qu'il en a marre des déménagements...), mais le film a ses élégances.
4/6

L’Etat des choses de Wim Wenders
Je ne l'avais jamais vu... C'est intéressant comme le film a déjà en lui les errements de la filmo de Wenders à venir tout en étant cohérent et fascinant. La partie au Portugal est magnifique (la photo d'Alekan est dingue), érudite sans être pompeuse, érotique et mystérieuse... J'aime moins la partie américaine plus quelconque et qui tire à la ligne mais ça reste stimulant en diable... J'ai presque envie de le revoir en mode aquarium tant la mise en scène m'a séduit. 
5/6

Freaks Out de Gabriele Mainetti
J'avais moyennement apprécié Jeeg Robot, surtout qu'on me l'avait survendu. J'ai donc préféré ce dernier, passé totalement inaperçu à sa sortie en France, mix entre l'univers de Del Toro et de Quentin Tarantino avec quelque chose de profondément italien, cette manière de relier la réalité la plus sordide avec le conte. Bon, le film a des problèmes de rythme dans sa deuxième heure, le plan du méchant (malgré Franz Rogowski toujours génial) restant assez incompréhensible (enfin surtout ce qu'il met en oeuvre pour l'accomplir) mais c'est d'une vraie générosité. C'est à la fois ultra-référencé et original, il y a un amour pour le cinéma de genre qui transpire à l'écran et franchement pour un film européen, les effets spéciaux sont bien foutus. Imparfait mais précieux.
4/6

L’Apiculteur de Théo Angelopoulos
Un film de Theo Angelopoulos que je n'avais jamais vu - j'ai des lacunes. Un peu déçu. On retrouve la poésie du Grec, son sens de la mise en scène, sa profonde mélancolie (un peu appuyée ici, tout de même), mais le personnage féminin est si archétypal (et si année 80, balek le consentement) que j'ai eu du mal à éprouver de l'empathie pour ce couple si mal assorti. Bien sûr, Marcello Mastrioanni est sublime.
3/6

Ariaferma de Leonardo Constanzo
Le film de prison est un genre en soi, extrêmement balisé et prévisible. La première partie d’Ariaferme conforme dans cette impression, avec la tension qui monte entre les matons et les prisonniers, de premières graines de la colère semées ça et là…. Et puis pas du tout. Le film bifurque pour choisir l’humanité des personnages aux conflits inhérents au genre. Bien sûr, l’exercice a ses limites théâtrales même si le cadre de la prison est assez incroyable, mais quand vous utilisez deux stradivarius comme Orlando et Servillo, la musique de chambre de prison ne peut être qu’agréable.
4/6

Madres Paralelas de Pedro Almodovar
Très belle affiche pour le dernier Almodovar en date, qui explore la question de la filiation - et de la maternité - en suivant deux femmes qui n'ont a priori rien en commun. S'il faut accepter quelques passages obligés du scénario (pas très fan des plans sur les ordinateurs hum) et le côté très bourgeois-bohèmes de l'héroïne (cet appart Roche Bobois...), c'est assurément très maitrisé. Penelope est magnifique, le background historique bien exposé (même si un peu plaqué...). Il m'a juste manqué un peu d'émotion.
4/6

Asie (3)
The Disciple de Chaitanya Tamhane - Netflix
Film indien récompensé à Venise, qui se trouve sur Netflix bien sûr dans l'anonymat total. Autant prévenir les curieux, si le film est plutôt réussi, portrait d'un jeune homme à la frustration artistique grandissante, il faut supporter la musique indienne (du nord), omniprésente. Pour être honnête, j'ai eu du mal à l'oreille à distinguer la différence entre le héros qui chante donc faux et les autres chanteurs). Mais la réussite du film tient dans son refus de céder à la sur-dramatisation, préférant la colère en sourdine d'un homme qui ne parviendra pas à être le grand artiste qu'il rêve de devenir (et qu'il s'emploie à devenir). Le scénario est peut-être un peu trop cruel avec lui mais expose aussi le rapport parfois faussé au mentor/modèle. 
4/6

Maborosi de Hirokazu Kore-Eda
Quel beau premier film, d’une assurance rare, qui convoque le cinéma d’Ozu - les cadrages dans les cadre, j’adore ça - et quelque chose de plus contemporain, qui rappelle les films du regretté Aoyama. L’intrigue est minimaliste (je ne la dévoile pas ici pour vous laisser la surprise) et permet à Kore-Eda de développer sans verbaliser la psychologie de son héroïne, en filmant son impossible intégration dans une communauté villageoise, dans un nouveau foyer… J’écris assez mal dessus, mais c’est vraiment très beau, très touchant et d’une très grande maitrise.
5/6

Aucun ours de Jqfar Panahi
Découvert en avant-première au Forum des images, dans une salle pleine, avec bcp de franco-iraniens... Panahi est emprisonné depuis le 12 juillet et son sort est inquiétant - il avait écopé d'une prison de six ans avec sursis. Malgré son interdiction de filmer, il continuait à faire son travail dans la clandestinité. Aucun ours n'est pas aussi réussi que Trois femmes et Taxi Téhéran, mais impossible de ne pas ressentir le désespoir d'une jeunesse qui rêve d'un impossible exil.
3/6

Amérique du Sud (2)
Spencer de Pablo Larrain - prime
J'aime beaucoup le travail de Pablo Larrain qui déconstruit les mythes et essaie toujours de raconter d'une manière originale ce que l'histoire wikipediesque nous enseigne. Ici, je trouve qu'il a presque poussé le curseur trop loin et il m'a bien fallu une demi-heure pour entrer dans le film tant il est grincant, avec une Kristen Stewart trop dans l'imitation. C'est la mise en scène fantomatique qui m'a séduit, la manière dont il transforme le biopic en film d'horreur gothique. Mais j'avais préféré Jackie et surtout Neruda, peut-être celui que je préfère.
4/6

Argentina, 1985 de Santiago Mitre
Le film wiki par excellente, bien joué, correctement mis en scène et sur un sujet édifiant - la dictature argentine - mais auquel il manque quelque chose, une aspérité, une radicalité... Ricardo Darin est parfait, dans un rôle taillé sur mesure, mais il "écrase" un peu le reste du casting (le procureur adjoint est un peu fadasse...). Bref, j'ai appris des choses (et j'ai été regardé sur wikipedia après) mais j'oublierai vite le film.
3/6


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MessagePosté: 16 Nov 2022, 21:44 
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Antichrist
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Et donc le palmarès

Lion d’or : Maborosi de Hirokazu Kore-Eda

Grand prix : L’Etat des choses de Wim Wenders

Prix du jury : Saint Omer d'Alice Diop

Actrice : Pénelope Cruz dans Madres Paralelas
Acteur : Elio Germano dans Leopardi : Il giovane favoloso
Mise en scène : Freaks Out de Gabriele Mainetti/The Disciple de Chaitanya Tamhane
Scénario : Seules les bêtes de Dominik Moll


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MessagePosté: 16 Nov 2022, 23:15 
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Inscription: 25 Déc 2008, 02:29
Messages: 14012
Fascinante réponse à un topic ouvert le 1er janvier


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MessagePosté: 17 Nov 2022, 07:13 
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Antichrist
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Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
Messages: 23989
J'ai mis un temps fou à voir les films, oui.


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MessagePosté: 17 Nov 2022, 10:22 
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Inscription: 24 Nov 2007, 21:02
Messages: 28404
Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
Karloff a écrit:
Athena de Romain Gavras[/b]
Une précision s'impose : j'ai vu le film sur Netflix...


lol, comme absolument tout le monde en fait :mrgreen:

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CroqAnimement votre


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MessagePosté: 19 Nov 2022, 19:45 
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Antichrist
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Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
Messages: 23989
J'avais vu le film avant sa diff, c'est pour ça.


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