Mon Festival de Cannes 2020
Bon, les nouvelles de la Croisette ne sont pas des plus optimistes, il était donc temps d’établir sa propre sélection… Un mélange de films que j’ai manqués, de grands auteurs cannois etc etc…. Vous pouvez participer (ou pas). J’ai essayé comme à mon habitude de mixer les plaisirs, avec des gros noms, des films venus d’horizons divers, des réalisatrices, aussi. Pour agrémenter l’exercice et que je sens que la quarantaine va me laisser un peu de temps (surtout que je devais partir en vacances au lac de Côme hahaha), j’ai ajouté cette fois-ci… deux séances de minuit, un film d’ouverture et un film de clôture. J’espère que cela me fera oublier Cannes (snif). Tous les films sont passés sur la Croisette, à une exception près…
Film d’ouverture
La belle époque de Nicolas Bedos (HC 2019) 3/6
Curieux film avec son pitch mi After Life de Kore Eda mi Michel Gondry qui s'éparpille autour de deux axes totalement opposés, Victor, homme mou avec pour femme une vraie connasse et Guillaume Canet, vrai connard qui a pour compagne une femme un peu paumée. Le côté fascinant du pitch se heurte à cette caractérisation outrancière des personnages - Victor est vraiment un loser, Canet vraiment un connard - et à la fameuse confusion dont parle Liam qui fait qu'on a du à comprendre où son auteur veut en venir - et pourquoi Canet n'est pas le film de Victor est une énigme.
Pour autant l'ambition romanesque du truc n'est pas désagréable, c'est un film qui m'a surpris à défaut de m'émouvoir.
Compétition
Etats-Unis (3)
Lenny & The Kids des frères Safdie (Quinzaine des réalisateurs 2009) 3/6
Mouais. J'aime bien Godd Times et surtout Uncut Gems (mais la présence de Garnett et du basket dans l'intrigue joue beaucoup) mais je reste dubitatif devant les films des frères Safdie qui lorgnent trop du côté de Cassavetes/Kramer/Ferrara pour me séduire totalement. Là c'est extrêmement inégal, il y a des passages que j'aime bien (quand ils vont au nord de l'Etat) mais cela reste trop sur un même rythme semi-hystérique.
Dark Waters de Todd Haynes 4/6
J'y allais à reculons, par peur d'un film-dossier convenu. Alors bien sûr, le film ne brille pas par son originalité, il y a les gentils ploucs et les méchants industriels avec au milieu un avocat qui passe du gris au chevalier blanc. Mais ça respire la classe, de l'interprétation de Mark Ruffalo à la mise en scène de Todd Haynes, qui ne s'efface pas totalement derrière son sujet comme je le redoutais. Vous ne regardez plus jamais votre poêle Tefal de la même manière. Si je peux émettre des réserves, ce serait plus sur le rôle de sa femme, ou plutôt le choix d'Anne Hathaway pour le jouer, je la trouve trop "moderne" dans son jeu.
Leave no Trace de Debra Granik (Quinzaine des réalisateurs 2018) 3/6
Un prototype de film indé américain (le père et la fille qui vivent au fond des bois), cela n'évite pas tous les clichés du genre mais le film a pour lui la douceur de son traitement et le côté documenté de la vie à la lisière des bois. Bon, ça manque quand même un peu de "mise en scène".
France (3)
Sibyl de Justine Triet (Compétition 2019) 3/6
Je l'avais manqué à Cannes pour plein de raisons (pas invité à la projo avant le festival, interview pendant la projection presse et les critiques étrangères - que je prends plus en considération que les Françaises sur les films Made in France ne m'avaient pas encouragé). Bon, avec le recul, je les trouve sévères. On est bien dans un film français d'auteur post-moderne - chaos de la narration, trouble sur le réel et la fiction (dont le principe est énoncé dès la première scène), acteurs pas toujours bien dirigés (surtout les hommes, Paul Hamy et Niels Schneider sont transparents) et références cinéphiles jusque dans le casting (Sandra Hüller pour faire le pont avec le passionnant cinéma allemand ?). Ce n'est pas désagréable d'être perdu dans la psyché de Virginie Efira mais, jusqu'au dernier quart d'heure, j'ai eu du mal à me sentir concerné par son destin de femme-psy (à moins que ça aussi ce soit de la fiction) qui se perd progressivement dans sa propre histoire. Tout est faux, tout est vrai mais c'est sans doute plus passionnant à l'écrit que sur l'écran.
Jeanne de Bruno Dumont (UCR 2019) 4/6
Je me demande si je n'ai pas porté la poisse à Christophe... Bon j'avais tenu dix minutes devant Jeannette, j'ai presque envie de le revoir après la découverte de Jeanne, qui, après une furieuse envie de sortir du confinement lors de la première chanson (temps ressenti 2H57), trouve son rythme et un certain charme dans sa deuxième partie centrée sur le procès. C'est intéressant la manière de Bruno Dumont de questionner la foi, la grâce, une certaine innocence, de travailler sur le texte et les voix (ce sont tous des amateurs à part Luchini, non ?). Finalement la durée ne m'a pas paru excessive et le dernier plan est très beau. Je ne sais pas si je dois le recommander ou non mais Dumont a assurément une voix, un style (gros taf du chef op) totalement unique et je préfère quand il évite le grotesque.
Nouvelle vague de Jean-Luc Godard (compétition 1990) 3/6
Je ne suis pas très Godardphile, il faut bien l'admettre, mais je garde un souvenir très fort de son dernier, le Livre d'image et sa fin scandée. En fait, je préfère le Godard sans acteur, juste avec une voix off et sa science du montage. Dans Nouvelle Vague, par exemple, je préfère les séquences presque Malickiennes, avec juste des plans de la propriété sur une musique contemporaine. Malheureusement, parfois ça vire au Lelouch avec des aphorismes sur la vie, l'amour, le capitalisme. Alain Delon a une présence de ouf, et c'est dommage qu'il n'a pas trouvé son grand réal en fin de carrière pour lui permettre d'avoir un dernier grand rôle à jouer. Pour revenir au film - oui ma chronique est aussi décousue que la narration de Nouvelle Vague -, disons que passé le temps d'adaptation où tu te demandes si ce n'est pas une parodie des Inconnus (mais avec des plans et des enchainements de plans parfois sublimes), le film trouve son rythme et son charme. Après, je ne suis pas sûr que ce soit son meilleur... disons que j'ai trouvé plus digeste que Adieu au langage ou Film Socialisme mais moins impressionnant que Le Livre d'image.
Europe (7)
Border d’Ali Abassi (Suède) (UCR 2018) 4/6
Film à la réputation culte non usurpée, sorte de conte fantastique naturaliste pas totalement réussi (le trafic de bébé, je comprends l'idée j'aime moins le traitement), mais qui m'a toujours surpris (et conquis) par son originalité. Son deuxième acte est vraiment beau et fort quand les amants se retrouvent en pleine nature. Je conseille.
Nous les vivants de Roy Andersson (Suède) (UCR 2007) 5/6
J'entretiens une relation particulière avec Roy Andersson. Je suis pas hyper fan du "procédé" et j'ai souvent l'ennui qui guette... mais quand ça fonctionne, bordel que c'est beau. Et dans celui-ci, peut-être moins plongé dans le formol que les autres, il y a la scène fabuleuse du mariage imaginé avec Micke. Transporté comme rarement et j'ai déjà revu la scène trente fois.
Queen and Country de John Boorman (Angleterre) (Quinzaine des réalisateurs 2014) 4/6
Affiche française surprenante car si le film a une tonalité romantique, ici c'est le frère et la soeur... Bref. Sinon beau film autobiographique, très old school sur bien des aspects mais cela se regarde avec plaisir, les jeunes acteurs sont bien, le dernier plan est marquant (le dernier de l'oeuvre de John Boorman) et il y a un amour des personnages qui transpercent l'écran (ah la scène du nichon).
L’ami de la famille de Paolo Sorrentino (Italie) (compétition 2006) 2/6
Avec Sorrentino c'est souvent tout ou rien. J'ai aimé L'Homme en plus et la Grande belleza et beaucoup moins le reste (et c'est un euphémisme). Hélas, celui qui me manquait est son film le plus grimaçant, le plus misanthrope où son grand "style" sert à masquer le vide de l'intrigue. L'actrice est très belle, l'acteur parvient à donner une nuance mélancolique à son personnage mais cela ne suffit pas. Sa présence en compétition à Cannes tenait bien de la fumisterie (et ce sera le cas pour certains de ses films suivant, hélas), comme une volonté de nous imposer à tout prix un nouveau réalisateur italien.
Khroustaliov, ma voiture ! d’Alexei Guerman (Russie) (compétition 1998) 5/6
Enfin vu, film monstre encore plus abouti que le suivant (mais je suis plus fasciné par le mélange sf-moyen-âge que par les purges staliniennes), d'une incroyable puissante formelle, je n'ai pas trouvé le film si difficile à comprendre et suivre mais tu te demandes souvent comment cela a pu se faire tant chaque plan-séquence est d'une complexité folle avec des figurants qui passent, repassent, crachent, gueulent, se tabassent... Parfois tu satures (les scènes d'appartement avec quinze personnages), parfois tu décroches... mais quand ça fonctionne... L'acteur principal est prodigieux, tu sens que le personnage du Général a bien inspiré Nicolas Winding Refn pour Bronson. D'ailleurs en parlant d'inspiration, la scène glauque dans le convoi pour le goulag rappelle le début d'Irréversible, je pense que Gaspar Noé avait vu et revu le film avant...
Le Songe de la lumière de Victor Erice (Espagne) (compétition 1992) 5/6
C'est le premier film de Victor Erice que je vois et pas le dernier (enfin il n'a réalisé que trois films). J'ai trouvé ça très beau, à la fois simple, poétique, un temps suspendu sur tellement peu de chose et à la fois essentiel que cela m'a rappelé Abbas Kiarostami. Au début, je redoutais la durée mais finalement cela passe tout seul, on se prend au jeu de la création, on patiente avec l'artiste et on écoute les discussions nostalgiques avec son pote comme si nous étions convié à la même table.
Non ou la vaine gloire de commander de Manoel de Oliviera (Hors compétition, 1990) 5/6
Un film d'une ambition assez folle : raconter l'histoire du Portugal par des soldats en Angola. Et cela fonctionne. Si les scènes de bataille sont un peu "cheap", les récit des soldats sont captivants et la fin te frappe en plein coeur. Et au coeur du film, il y a une séquence onirique d'une beauté... Par moment, le film a presque un aspect "Ligne rouge", je ne sais pas si Terrence Malick avait vu le film. Très belle surprise, surtout que souvent Manoel de Oliveira me laisse froid.
Asie (5)
Séjour dans les monts Fuchun de Gu Xiaogang (Chine) (SIC 2019) 5/6
Premier film d'une beauté terrassante sur une famille chinoise contemporaine immortalisée dans les paysages intemporels des monts Fuchun. C'est à la fois d'une quiétude contemplative qui rappelle le cinéma de Hou Hsiao Hsien et d'une ambition folle - c'est le premier volet d'une trilogie qui veut figer la Chine d'aujourd'hui comme la célèbre peinture qui porte le même titre !! Le mec n'a pas 30 ans !! Je n'ai rien vu de plus beau cette année et c'est la confirmation que le jeune cinéma chinois est d'une richesse incroyable.
Norte, la fin de l’histoire de Lav Diaz (Philippines) (UCR 2013) 5/6
Sacré morceau de cinéma, 4h et des poussières d'une histoire assez simple en apparence, mais d'une ampleur formelle et thématique dingue, qui évoque aussi bien le cinéma de Tarkovski (jusqu'à citer un plan célèbre du Miroir) et ses contempteurs mexicains (le Reygadas de Japon bien sûr, mais aussi le Roma de Cuaron) que les grands maîtres taïwanais (HHH et surtout Tsai Ming-liang). Je ne dirai pas que l'on ne sent pas passer la durée - 4 heures, forcément... - mais la beauté de la mise en scène, la puissance du dernier acte, le sens du hors-champs laissent béat d'admiration surtout que les longueurs sont surtout dans la première partie. Je ne suis pas toujours fan du jeu de certains acteurs mais Angeli Bayani, muse du cinéaste et qui était la nounou d'Ilo Ilo, est magnifique dans le rôle d'Eliza. Bref du grand cinéma et le DVD de Shellac est vraiment remarquable.
Le Maître de marionnette de Hou Hsiao-hsien (compétition 1993) 4/6
Elle est géniale cette affiche, qui te vend presque un polar mafieux... Quelle tagline géniale... Donc ce n'est pas du tout le Parrain à Taïwan mais un biopic de son vivant, avec le fameux maître qui commente les grands et petits moments de sa vie. La première heure est magnifique. Déjà c'est d'une beauté insensée (quel sens des cadre bordel) et ensuite chaque événement tragique te pince le coeur. Dommage que ça se délite ensuite. J'aime moins la partie plus signifiante avec l'occupant japonais et les interviews face caméra mais la fin est parfaite, avec deux derniers plans qui montrent comment la grande Histoire coule sur le peuple.
Confusion chez Confucius d’Edward Yang (compétition 1994) 4/6
Troisième film d'Edward Yang que je découvre, après A Brigher Summer Day et Yi Yi, Confusion chez Confucius n'a curieusement pas eu le droit à une sortie française - il avait pourtant été en compétition lors du Festival de Cannes 1994. C'est pourtant un film très accessible, comédie de moeurs dans la haute société taïwanaise mâtinée de philosophie confucienne (ou en tout cas de sa critique). Edward Yang est vraiment très fort pour passer de la comédie à quelque chose de plus existentielle et je comprends mieux pourquoi Hamaguchi (Senses) le cite comme influence majeure. Bon, il fau un peu de temps pour comprendre ce qui lie les différents personnages et j'espère revoir le film avec des sous-titres français car j'ai encore un doute sur certains éléments de l'intrigue... Pas besoin de sous-titre pour apprécier la manière dont le cinéaste taïwanais parle de la société capitaliste et du sort réservé aux femmes, qui luttent avec leurs armes pour survivre dans un monde d'hommes. La fin est très belle.
Big Man Japan de Hitoshi Matsumoto (Japon) (Quinzaine des réalisateurs 2007) 3/6
Hahaha, j'imagine la tête des festivaliers cannois si ce film avait été compétition. Bon, je ne connaissais que vaguement le pitch, j'ai été plutôt conquis, dans un premier temps, par l'aspect faux-documentaire suivi des premiers combats. Mais ça tourne à vide à mi-film (le personnage horripilant de l'agent, la scène avec sa fille) pour mieux repartir dans le grotesque. Avec vingt minutes de moins, cela aurait été plus digeste. Mais j'ai ri sur quelques gags bien placés -
. J'ai envie de voir ses autres films désormais.
Amérique latine (1)
Les filles d’avril de Michel Franco (Mexique) (UCR 2017) 2/6
Toujours aussi pétri d'humanité, ce Michel Franco qui dresse les portraits d'une mère et d'une fille qui se battent pour élever le bébé de cette dernière. Bon, c'est dommage que la mise en scène au scalpel de Franco (qui m'a fait penser par moment à Jusqu'à la garde) soit gâché par son écriture lourde comme une enclume. Pendant une demi-heure (le deuxième tiers on va dire), tout s'enchaîne au mépris de la logique la plus élémentaire (et le perso de Mateo est grotesque). Emma Suarez est assez démente, par contre.
Afrique (1)
Papicha de Mounia Meddour (Algérie) (UCR 2019) 4/6
Premier film puissant sur la guerre civile (et religieuse) algérienne vue par le regard de jeunes femmes qui veulent s'émanciper. Si le film a quelques défauts (trop de discours dans les dialogues, des péripéties en trop), l'énergie de la mise en scène, le jeu de Lyna Khoudri et le vent de liberté qui souffle dans le récit ont emporté mon adhésion. Je comprends les deux César obtenus.
Séances de minuit
Judo de Johnnie To (Hong Kong) 4/6
Un Johnnie To inédit disponible sur le Vidéo Club de Carlotta. C'est un hommage à La Légende du grand judo d'Akira Kurosawa et les Ippon remplaçent les flingues. C'est comme souvent avec Johnnie To totalement décousu avec des personnages qui disparaissent, un rythme cool et de réjouissantes idées de mise en scène. Sympa comme toute la filmographie de son auteur, mais pas son sommet.
Monos d'Alejandro Landes (4/6)
Je conseille, sorte de mix entre Sa Majesté des mouches et Apocalypse Now, avec une vraie tendresse pour les enfants soldats de la part du réalisateur. La première partie est assurément la meilleure (et d'ailleurs ça bascule un peu rapidement sur autre chose), quand on reste avec les ados dans la montagne (formidable endroit d'ailleurs). La musique de Micachu fait beaucoup à l'ambiance, bien sûr, mais le réal parvient à créer une mythologie avec trois fois rien - des surnoms, une vache sacrée, des rites.
Film de clôture
Cuban Network d'Olivier Assayas 3/6
Olivier Assayas retourne au cinéma de genre avec ce film d'espionnage original par son contexte (la fin de la guerre froidre et la relation entre Cuba et les Etats-Unis), le choix de raconter le conflit par l'angle humain (et féminin) et de tenter de briser la linéarité narrative par des flashbacks/images d'archive/voix off. Le film est toujours intéressant mais jamais réellement palpitant, peut-être car les enjeux paraissent d'un autre temps (qui se soucie vraiment de Cuba aujourd'hui ?) et qu'il y a sans doute un couple de trop que l'on abandonne au 2/3 d'ailleurs.
Section Cannes Classics
Le Privé de Robert Altman 5/6
Bon, c'est la classe - la mise en scène, la photo.... Elliott Gould est génial, le ton du film mi-désabusé, mi-cool parfait et effectivement son influence est manifeste - surtout sur Under the Silver Lake qui m'apparait presque comme un faux remake désormais, mais aussi sur Inherent Vice et Once Upon a Time in Hollywood, deux films néanmoins plus ambitieux. Alors bien sûr il faut aimer le cynisme et une certaine misogynie de son auteur (les femmes prennent cher dans le film), mais il y a une telle maîtrise formelle, une telle élégance que ça glisse tout seul.
Andrei Roublev d’Andrei Tarkovski
Aguirre ou la colère de Dieu de Werner Herzog
Cochons et Cuirassés de Shohei Imamura
Almanach d’automne de Béla Tarr
Monika d'Ingmar Bergman
Bianca de Nanni Moretti 4/6
L'un des premiers films de l'auteur de «La Chambre du fils» entre romance, comédie et élucubrations philosophiques. Cela fonctionne par vignettes tragicomiques, avec Nanni Moretti en mode Pierre Richard/Woody Allen, parfait de cynisme mordant. C'est assez inégal mais cela a beaucoup de charme. Et si vous ne tombez pas amoureux de la démarche de Laura Morante, je vous excommunie.