Forum de FilmDeCulte

Comme tout le monde, je ne peux que me rendre à l'évidence de la beauté formelle de l'oeuvre. Elle ne tient pas qu'à la splendeur des décors et de la direction artistique, assez hétéroclite, mélangeant intérieurs art nouveau, Paris haussmanien, vestiges romains, architecture fasciste, etc, mais aussi à la liberté de la mise en scène qui fait preuve d'une rare fluidité dans sa manière d'entrelacer les lignes temporels ou de faire des inserts dans une scène (Sandrelli et Sanda qui jouent avec la presse lithographique au milieu du dialogue entre Trintignant et le professeur) et à une photo qui contient déjà en germe les expérimentations de Coup de Coeur de Coppola dont Vittorio Storaro sera également le chef op. Toutefois, le film ne peut s'empêcher de donner l'impression qu'il manque de profondeur - ce qu'on ne fera pas l'injure à Bertolucci, qui avait 28 ans quand il a tourné le film, de mettre sur le compte de sa jeunesse.
Il est une espèce de rêve capiteux qui annonce 10 ans avant le cinéma des années 80, tout en opérant une sorte de jonction, par le biais de Moravia et de la musique de Delerue entre Godard et L'Important c'est d'aimer de Zulawski, où l'on retrouve un lyrisme similaire, un thème proche signé Delerue, une même atmosphère décadente, des figures masculines similairement amorphes et tiraillées au coeur de triangles amoureux du même acabit. Les mécanismes psychosexuels viennent comme balayer les questionnements politiques et s'y substituer et le romantisme s'y présente toujours comme un salut quasiment illusoire.
Peut-être que c'est en définitive qu'il n'y a pas grand-chose à en dire, à part à en faire une étude fouillée de l'aspect visuel, que le film n'a suscité pratiquement aucun commentaire ici alors qu'il s'agit d'une film qui a fourni bon nombre d'images iconiques au cinéma.