Forum de FilmDeCulte

Michiyo et Hatsunosuke sont mariés depuis 5 ans, ils forment un couple désabusé, fragilisé par la monotonie de leur vie dans quartier ordinaire d'Osaka. La visite à l'improviste de Satoko, une nièce de 20 ans, insouciante et égoïste, va agir comme un détonateur dans leur vie. Chance ou danger, la jeune fille bouscule leur quotidien ennuyeux et suscite bien des remises en question...

Un intervenant dans les bonus du coffret dvd Mizoguchi segmentait, de façon un peu rapide mais l'idée était là, les 4 grands de l'âge d'or du cinéma japonais: Kurosawa, le cinéaste de hommes, Mizoguchi, celui des femmes, Ozu, celui de la famille et Naruse, celui du couple. Le Repas s'y colle avec la description d'un couple qui s'effiloche dans les tâches ménagères et les pieds sous la table, derrière un masque idéal du duo marchant d'un même pas, d'harmonie où l'épouse dévouée est aussi une femme moderne en tailleur là où les voisines se retrouvent au salon de thé en kimono. Le ton est assez proche de celui d'un Ozu, plus à vif peut-être, et Naruse "emprunte" d'ailleurs Setsuko Hara qui s'avère beaucoup plus émouvante ici que dans Dernier caprice ou Fin d'automne, absolument merveilleuse dans un rôle en or de femme blessée mais pas faible, cherchant à reprendre les commandes de son existence.

Formellement, le film est transcendé par une photo parfois assez sublime, tandis que la mise en scène de Naruse oscille entre un sens du cadre très japonais pour les intérieurs, un peu encore une fois à la Ozu sur tatamis mais avec une caméra plus mobile, et une touche plus occidentalisée, façon comédie américaine, quand on sort de la maison. C'est dynamique et toujours extrêmement élégant, une élégance qui se retrouve dans l'équilibre que Naruse tient, sur la pointe de pied, dans sa peinture de sentiments ambigus, à l'image du dénouement (le temps d'un plan superbe avec la main hors du train). Le film parle d'usure du couple et du quotidien, et les derniers instants restent finalement hésitants quant au futur réservé. Très subtil et très beau, avec une narration absolument limpide.

Bon après on peut faire style de parler sérieux mais la meilleure idée du film est de faire passer le mini chaton familial d'un bout à l"autre du cadre, de temps en temps, à la cool. Poutchou-poutchou

5/6

_________________
Doll, it's a heartbreaking affair