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Pas revu depuis une éternité mais j'en ai encore plein de souvenirs. Comme tu dis, c'est d'une froideur clinique et mise en boîte avec une rigueur implacable. Mais bon, c'est Wise en même temps... Moi je suis super client. Et les huis-clos, la SF, les ambiances aussi. Donc ça pouvait que fonctionner sur moi.

Je recommande vivement, belle découverte pour ma part! Après une introduction très étrange dans un village du Nevada décimé, ça se transforme en pur film de laboratoire jusqu'auboutiste et très impressionnant, que ce soit dans la mise en scène de l'espace labyrinthique et technologique, que dans la peur et la parano naissant au travers des dissections microscopiques, du chemin allant de la traque molléculaire à la mutation... Le scope offre une collection à n'en plus finir de ces compositions à lentilles célèbres d'avant/arrière plan ultra net, jusqu'à créer une sorte de kaléïdoscope vertigineux qui se cumule aux écrans, machines et différentes salles de décontaminations qui peuplent ce film, également peu avare en split screen. On se dit en sortant de là que si Wise avait réalisé "Le voyage Fantastique" ça aurait été absolument passionnant. Avec ça et "The Haunting", on se rend compte que c'est un cinéaste qui s'est épanouis dans ce motif du "film-expérience", où l'on suit un petit groupe.

La longévité de la carrière de Wise et sa nature de touche-à-tout rend sa filmo toujours intéressante à découvrir tant il a connu presque toutes les révolutions : changements de format, arrivée de la couleur, effets de style, VFX... Et le gars a vraiment joué de tout, sans se cloîtrer dans un certain classicisme.

Ainsi, avec cette adaptation d'un Michael Crichton - que j'attendais de voir depuis l'adolescence, quand j'avais enquillé certains de ses livres (mais jamais fini celui-ci) - qui a plus ou moins donné naissance au genre du techno-thriller dans lequel l'écrivain s'est spécialisé, Wise s'éclate avec les nouveaux outils à sa disposition : infographies rudimentaires qui créent un monde mystérieux, demi-dioptrie dans un plan sur trois cultivant la paranoïa, split-screens isolant et enfermant les personnages...

Tout le premier acte est franchement réussi, de cette scène où l'on reste dans le point de vue des gens au QG qui ne peuvent qu'écouter les deux pauvres employés arriver dans la ville, découvrir la catastrophe avant de hurler et que la communication cède la place au silence jusqu'à la visite sur place cette fois de la ville-fantôme, avec ces cadavres, parfois d'enfants, qui jonchent le sol. Le film met bien la pression. L'approche est terre-à-terre, réaliste, mais tendue.

Néanmoins, on voit déjà les quelques handicaps du film, comme ce recrutement de l'équipe où chaque vignette dure un peu plus qu'elle ne devrait, ainsi que les dialogues trop didactiques, et quand on arrive au laboratoire et que le film continue à déployer son l'exposition, l'écriture se fait trop peu visuelle, malgré la fausse imagerie 3D du plan du complexe scientifique, pour ne pas s'enliser quelque peu. Et puis ce casting d'inconnus pas folichons n'aide pas non plus, il faut avouer.

De même, j'apprécie le caractère procédurier de "l'enquête scientifique", qui consiste à procéder étape par étape tant sur les analyses au microscope que celles du sang des survivants et leur interrogatoire, mais en dépit des cartons égrenant les jours et l'épée de Damoclès d'une épidémie, l'ensemble manque tout de même d'urgence et s'avère un peu répétitif. Ça m'a fait penser à l'autre film de SF de Wise des années 70, Star Trek, qui ne brille pas vraiment par son rythme ou son dynamisme. Je veux bien que le metteur en scène soit un fervent pratiquant des mouvements de caméra motivés, ici ça aurait gagné à bouger un peu plus tout comme le montage et l'écriture aurait mérité d'être resserrés (2h10 les recherches de laborantins quand même).

Reste que pour ce pionnier du genre, le parti-pris du film scientifique en huis-clos est top et que l'ambiance étouffante demeure indéniable.

Et ainsi s'achève ma sélection Robert Wise...et débute ma rétro Crichton!

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