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MessagePosté: 18 Sep 2023, 08:52 
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Kansas, dans les années 30, Moses Pray, escroc à la petite semaine, assiste à l’enterrement d’une ex-maîtresse et accepte d’emmener sa prétendue fille de 9 ans, Addie, chez une tante. Pendant leur trajet, leurs rapports sont tendus. L’orpheline est persuadée que celui-ci est son père, en raison de la ressemblance de leur menton mais Moses refuse d’endosser ce rôle. Étonnamment mature pour son âge, la petite Addie s’avère être une coéquipière très efficace : c’est le début de leur épopée.

Figurant sur la liste des films préférés de David Fincher et cité par Rian Johnson comme une référence pour son The Brothers Bloom, le film était sur mon radar depuis longtemps. Gareth Edwards l'a également évoqué au sujet de The Creator, qui sort bientôt, alors je me suis enfin décidé à le voir.
Et effectivement, c'est très bien.

Tourné dans un N&B désuet qui renvoie autant aux films d'arnaqueurs qui l'ont précédé mais également à la screwball comedy qui informe en partie le rapport entre les deux personnages, le rythme et le ton de leurs échanges, Paper Moon parvient à lier le ludisme inhérent au genre avec le développement de l'arc unissant de tandem filial (ce n'est pas tant par le menton qu'ils se ressemblent mais par leur sens de la roublardise), se faisant touchant en prenant bien soin d'éviter toute effusion sentimentale (peut-être même un peu trop, moi j'aime chialer).

Par ailleurs, le contexte social (la Dépression, la Prohibition) ancre le récit dans une réalité politique qui, là aussi sans forcer le trait, lui apporte un relief supplémentaire (cf. les rôles des noirs ou des flics dans le film), prenant à contre-pied les histoires doloristes propres à l'époque au profit d'un film enlevé et léger.

O'Neal père & fille sont parfaits (avant que ça se drogue et se tape dessus à la maison par la suite) et Bogdanovich adopte une mise en scène qui doit clairement à son illustre modèle et ami Orson Welles. Premier film que je vois de lui d'ailleurs, faudrait que j'en rattrape d'autres.

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MessagePosté: 18 Sep 2023, 08:58 
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Vaut mieux l'avoir en journal
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Les débuts de Bogdanovich, c'est vraiment magnifique... Après, ça baisse doucement, de film en film (même si certains défendent par exemple Nashville Blues).

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)


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MessagePosté: 18 Sep 2023, 09:01 
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Sir Flashball
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Cosmo a écrit:
Les débuts de Bogdanovich, c'est vraiment magnifique... Après, ça baisse doucement, de film en film (même si certains défendent par exemple Nashville Blues).


Ouais, assez étrange, d'ailleurs : ça va vraiment decrescendo, tout doucement, jusqu'au RIP.

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MessagePosté: 18 Sep 2023, 09:13 
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Ça a l'air respectable jusqu'à Nickelodeon (inclus), non?

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MessagePosté: 18 Sep 2023, 09:17 
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Sir Flashball
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Oui, mais y a moins à manger à chaque fois. Tu retrouveras jamais la qualité de ses 4-5 premiers films.
(Vois Targets, tu devrais kiffer)

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MessagePosté: 18 Sep 2023, 09:18 
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Meilleur Foruméen
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Oui, ça a l'air bien.

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MessagePosté: 18 Sep 2023, 12:13 
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Daisy Miller pas mal non plus, du James Ivory en mieux. Cela devrait aussi parler à ceux qui aiment bien Hanging's Rock (comme pas moi) ou les Truffaut comme Adele H' (comme moi). Match Adjani/Shepherd possible.

Tarantino en parle beaucoup dans son livre sorti cette année (disons que la pauvre réception critique et publique du film est l'amorce précoce de la fin du Nouvel Hollywood) et est assez émouvant lorsqu'il parle de Barry Brown.

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.


Jean-Paul Sartre


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MessagePosté: 18 Sep 2023, 15:16 
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Robot in Disguise
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Film Freak a écrit:
Oui, ça a l'air bien.
Il est génial. WHAT'S UP DOC ? est sympa aussi.

Vu PAPER MOON en 2003, aucun souvenir.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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MessagePosté: 19 Sep 2023, 08:56 
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Sympathique mais sans plus pour moi. Content de la découverte mais je ne suis pas à fond. le film doit surtout à Tatum O' Neal brillante et confondante de naturelle dans le rôle de cette petite fille au fort caractère et en quête d'amour paternel. Le contraste n'en est que plus fort avec son père que décidément je ne trouve jamais bon. J'apprécie aussi le decorum et le contexte social. Tout me parait trop léger dans le traitement. C'est à la fois la force du film mais aussi son gros défaut. Pas de recherche d'émotion excessive, de sur attachement aux personnages, pas de pathos etc. Même si c'est appréciable, cela donne un film qui se regarde mais laisse peu de traces dans ma mémoire.


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MessagePosté: 03 Déc 2024, 10:58 
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C'est mignon (sans pisser trop loin,
allusion à la cystite de Trixie Delight haha - très bonne Madeline Kahn d'ailleurs, aussi dans le Frankenstein jr de Mel Brooks
), Altman en moins cynique, Ashby en plus gentil mais moins social, Wilder en plus country et moins maso, anticipe (en mieux) certain Coen genre O'Brother et Jarmusch, et détourne Bonnie & Clyde, la Nuit du Chasseur bien-sûr, certains Hitchcock (la situation incestueuse scabreuse de l'Ombre d'un doute est présente-absente, la fête foraine, voire même la psychologie de Moze et la anière dont il cible les femmes rappellent la fin de l'Inconnu du Nord-Express).
Il y a un trouble quand-même, même si le film est relativement bon enfant, on sent en filigrane une exploitation partiellement volontaire du lien complexe entre Ryan O'Neal et sa fille (qui devient la mère de son père). Ce qui rattache le film à la fable n'est pas la situation mais la bizarre annulation de la violence qui semble pourtant inéluctable (posture typique de Ryan O'Neal : se retenir de frapper - et la scène du catch pour gager la Ford contre la camionette indique qu'il peut faire vraiment mal s'il se lâche).

Il s'agit aussi moins d'une subversion du film noir (plutôt que du screwball) que d'une accélération, , grâce à l'enfant .

Autre trouble ; le contraste entre le comique sous-jacent, l'aspect conventionnel et codé des situations et la froideur du jeu, le noir et blanc minéral, truc qu'a repris ensuite systématiquement Jarmusch. Et l'idée de transformer le rapport envers une période de crise (la fin du Dust Bowl) en élement d'une nostalgie passéiste.
C'est assez programmatique avec les remarques acides de Moze sur l'aspect socialiste de Roosevelt, que la petite fille supporte au contraire avec enthousiasme - et à la fin lorsqu'il se résigne à perdre sa fille Roosevelt est alors moisn le symbole d'un repoussoir pours capitalistes-rednecks qu'un spectre consolateur, un père de substitution possible, un Léviathan non de la guerre civile mais des problèmes domestiques face au risque de l'errance. Il est alors intégré sans avoir été aimé (la maison à la Hooper de la tante de la fin métaphore du welfare state, alors neuf, fiable mais fade- cependant capable de neutraliser ses préjugés et donc de s'ancrer comme un lieu fixe - à la fois un refuge et un signe dans la plaine).

Le film est aussi très méta, et métaphorise une forme de doute précoce sur le Nouvel Hollywood : ce qui préoccupe le couple père-fille, c'est l'impossibilité de rentabiliser un capital obtenu par un succès précoce et imprévu, l'impossibilité de passer à l'échelle (il faudrait pour cela sortir du rôle, escroc bonimenteur ou cinéaste - inventer un autre spectacle que le cinéma - qui devient insuffisant et démodé justement parce qu'il réussit -impossible de survivre sans grossir, le contraire de l'inflation c'est la mort). Il montre des personnages cosncients de s'épuiser, sans autre pensée, et la dernière demi-heure n'a pas d'autre contenu que l'attente de la chute après le feu d'artifice du milieu avec Trixie et sa bonne (cela rattache ce film à Daisy Miller où la mort est cette fois-ci littérale, à la fois naturelle et scandaleuse).
Les bootlegers-flics de la fin sont clairement une métaphore des studios, qui castrent mais laissent en vie, impuissants mais certains de rester intacts à l'issue de la confrontation qu'ils déclenchent, policiers et en même temps amateurs et aliments de situation opaques.

Sinon l'année d'après Wenders a fait Alice dans les ville, assez proche thématiquement et formellement de ce film, mais plus marquant, car le même doute et le même flottement sont ancrés dans le contemporain et le lien Europe-USA.

3.5 - 4 /6

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