Forum de FilmDeCulte

le double-feature était involontaire : je connais déjà bien la piscine, je n'avais pas prévu de le revoir dans ma retro delon, mais il se jouait au publicis 10 minutes après la fin de la séance de voulez-vous danser avec moi ?, alors quitte à être à l'autre bout de paris, ma foi...

c'est le genre de film sur lequel il est un peu ridicule de dire quoi que ce soit, mais c'est assez odieux qu'il n'ait pas de topic.

le double-feature, donc, fut magique et triste, en vrai. magique parce que c'était vraiment la magie absolue du cinéma, ce temps passé dans le passé, dans ces univers de cinéma et spatio-temporels. la beauté cumulée était magique, la france avait évolué pendant les 10 qui les sépare et on voit l'évolution, dans les comportements, dans la mode, chacun mettant en valeur la déco aussi... c'était magique d'être plongé dedans.
la piscine c'est du grand délire vraiment, alain x romy x jane x maurice, les gros plans sont mythiques, les silhouettes sont mythiques. iconiques, charismatiques, magnifiques. les tenues des femmes sont, chacun, splendide, une mode tellement empreinte de son époque et qui n'a rien perdu de son éclat (en opposition avec ce que portent les hommes, des vêtements aussi très marqués mais dans le mauvais sens, c'est marrant).
deray n'est pas un immense cinéaste, ce n'est pas un virtuose de la caméra, mais cette succession de plans splendides, emblématiques, la manière dont il capte des regards, des moments de vie, la beauté ou la tristesse des choses. un alignement extraordinaire des étoiles, et cette incarnation du fait que le cinéma tu peux tout écrire, tout prévoir, avoir une note d'intention blindée, ça reste la magie des éléments que tu réunis le jour du tournage et la manière dont la mayonnaise prend. il y a des plans vraiment basiques, simples et qui ont ici une puissance extraordinaire parce que les acteurs, le lieu, les vêtements, la lumière, la magie du film, du rythme...

il y a aussi l'absence de dialogues - ou plutôt de dialogues intéressants - qui est saisissante. le scénario devait quand même être vaguement nul, en tout cas pas passionnant. ça reste une petite histoire, racontée par bribes, qui filme les échanges badins et ellipsant les décisifs. je ne sais pas si ce serait vraiment possible aujourd'hui.

brigitte puis alain, ces mythes absolus, devenus très compliqués sur la fin, à dire que c'était mieux avant et puis je pensais à alain delon et brigitte bardot vs françois civil et adèle xxxxx et c'est dur de ne pas leur donner tort : c'était mieux avant.
pourquoi ? pourquoi il n'y en a plus des comme ça? parce que filmer des gens aussi incroyables, c'est une part importante de la magie d'un film. tous ces films que je vois d'eux, ils s'élèvent de dix étages grâce à eux. mais y en a plus des comme eux. on est une génération de moches ? les gens comme ça font autre chose que du cinéma ? le cinéma n'est plus capable de transcender les gens pour les faire devenir ça ?
je pensais à françois ozon, qui partage évidemment l'amour de la piscine, qui aime et connait tout ce cinéma, et je suis bien persuadé qu'à un moment de sa carrière il aurait adoré célébrer des acteurs pareils. puis il a trouvé ludivine sagnier et marina vacht et strephane freiss et, no shade, mais c'était mieux avant.

pour le reste, tout a été dit depuis 60 ans, y compris j'imagine le fait que c'est trop long - le fait que la version anglaise dure 10 minutes de moins est un aveu. mais on s'en fout.

Pas vu encore mais c'est prévu !

Une génération de moches, lol, tu n'y vas pas de main morte ! En tout cas, le style en terme de tendances actuelles va plutôt au casual. Voire au négligé, même si celui-ci est plus affecté que naturel. Je trouve quand même Adèle et François plutôt BG, même si je comprends ton point sur l'aspect iconique du duo Delon/Bardot qui leur fait défaut et assez rare dans le cinéma contemporain. Cela dit, du côté des actrices, j'ai deux Virginie en contre-point au sein du cinéma français : Ledoyen et Effira, pas mal de films rendent hommage, par delà leurs plastiques de poupées, à leur immense charisme.

Il manque peut-être un public et/ou ou des professionnels du cinéma, pour faire revivre cette époque où des acteurs et actrices étaient hissés au rang de muse. C'était aussi l'époque de la Factory qui dominait aussi le champs médiatique et produisaient des icônes en série. J'ai l'impression que cette iconographie est un peu perdue avec la révolution informatique des années 90.

oui, ça m'a rendu triste et nostalgique d'une époque que je n'ai pas connue et ça fait dire des bêtises.
mais enfin virginie ledoyen en contre-exemple j'ai quand même peur du csc.

Je trouve ta réflexion concernant le regard porté aux acteurs hyper intéressante, au contraire. Je suis pas sûre d'avoir compris ce qu'est le/un csc ? Virginie Effira est plus investie par les réalisateurs en tant que muse en tout cas, mais j'ai pas mal de potes qui kiffent bien Ledoyen, d'où le biais. Aussi l'impression qu'elle incarnait un peu la meuf fraiche à l'air ingénue mais un peu peste en réalité dans beaucoup de films français il y a une décennie.

csc : contre son camp...
parce que bon, face à la théorie que le niveau des acteurs s'est cassé la gueule et que la production ne leur permet plus de devenir mythiques, le fait est que virginie ledoyen qui a eu sa petite heure de gloire il y a 25 ans, dont il ne reste quasiment rien et qui fait maintenant des téléfilms c'est une bonne illustration de mon propos...
(d'autant qu'elle avait repris le rôle de bardot dans le remake d'en cas de malheur !)