Forum de FilmDeCulte

L'écrivain Ben Mears part à Jerusalem's Lot, petite ville du Maine qu'il a quittée enfant. En quête d'inspiration, il s'intéresse à son manoir de style gothique rural. Il va découvrir qu'un vampire s'y cache, déterminé à étendre son emprise sur la ville.

J'ai jamais regardé les chiffres, mais Stephen King doit être l'auteur le plus adapté à l'écran (TV incluse) avec Shakespeare. A quelques exceptions près, qui ne sont pas non plus des chefs d'oeuvre, c'est plutôt médiocre. The Dark Half est un des Romero les plus quelconques (le roman est mauvais, donc c'est déjà ça), Christine a déjà une identité plus marquée mais on y sent Carpenter un peu endormi... Dans mes souvenirs, The Dead Zone me semblait plus travaillé, plus personnel, Cronenberg moins entravé par le materiau d'origine. Donc même les cinéastes emblématiques du genre se heurtent à une sorte de mur qualitatif invisible en adaptant King. Longtemps je mettais ça sur le compte de la richesse et de la finesse inadaptables au cinéma de ses romans ou nouvelles. Puis en me détachant au fil du temps de cet auteur que j'adorais ado, j'ai fini par me dire qu'en réalité King, ayant sa propre voix et ses propres techniques, parvenait bien souvent à enrober de la pure merde scénaristique avec une acuité folksy pour une forme de déviance ordinaire, aussi bien dans ses choix de péripéties, dans l'aspect profondément fusionnel entre son style et son rapport au suspens et dans sa gestion des subjectivités narratives et leurs bizarreries ordinaires et communicatives. En gros, le passage à l'écran, même entre les mains de réalisateurs qui n'ont aucune preuve à faire dans le genre horrifique, met en évidence à quel point King ne fonctionne que par et en lui-même, que son talent principal, et pas des moindres, tient dans son sens de l'esbrouffe qui hypnotise le lecteur (et ce n'est pas là une mauvaise chose en soi). Bien l'adapter tient au final à la prise de distance la plus totale et radicale avec ses textes.

Du roman Salem's Lot, lu qu'une fois, j'ai le bon souvenir d'ado d'un truc haletant, désespéré, qui prend aux tripes, exactement l'approche qu'il fallait pour redynamiser, par un pas de côté, le mythe du vampire. C'est la troisième adaptation.

Générique à la HBO, James Wan à la prod. On sent d'ailleurs son influence dans le côté carré et le look 70's qui rappelle ses Conjuring, ainsi qu'une vraie recherche dans les effets visuels même les plus discrets (un visage dans un rétro, la scène des gamins qui coupent par la forêt, le drap dans la morgue, les yeux luisants etc.). J'ai été séduit par la mise en place qui prend son temps, au cours de laquelle chaque personnage est croqué avec plus ou moins d'habilieté dans une atmosphère post-Stranger Things en moins forcée : l'écrivain un peu fade, relevé par sa romance mignonne comme tout, le prof bienveillant, le petit nerd qui se laisse pas faire... Mais si tout ça est charmant, bien rythmé, avec la promesse (parfois tenue) d'un virage pulp, on comprend tout de suite que, faute de temps, on aura surtout droit à de plus en plus d'ellipses de moins en moins habiles, des péripéties attendues, pour ne pas dire paresseuses et précipitées (dont le fameux coup du personnage qui fait un, voire plusieurs choix idiots jusqu'à y passer), bref, à une nette déperdition en matière de charme et d'intérêt pour un torrent de banalité.

Sans avoir besoin de rentrer dans les détails, c'est exactement ce qui se passe. C'est jamais ouvertement catastrophique, mais le soufflé retombe vite. Et puis il faut dire qu'il y a eu Midnight Mass qui est passé par là, qui est sans doute la meilleure démonstration de l'hypothèse que j'avance plus haut. Meilleure façon de faire du King à l'écran : sans King.

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Looks like meat's back on the menu, boys!

T'oublies un peu Shining dans ton raisonnement. Film que Stephen King n'aimait pas, infidèle à ce qu'il avait écrit selon lui. Et Flanagan a réalisé l'adaptation de la suite, Doctor Sleep, adoubée et fidèle. Doctor Sleep est un film très long et très chiant, je l'ai vu mais je n'en garde presque aucun souvenir...

Dans la myriade d'adaptations j'aime bien le Dark-Half de Romero eh oh. Mais cette adaptation de Salem's Lot pas sûr que je la mate jamais. Roman déjà adapté par Tobe Hooper en 1979, un téléfilm en deux parties que j'ai vu, et là je déconseille carrément.

Euuuuh les trois Darabont sont considérés comme très bon voire géniaux pour certains, Misery c'est excellent... Y'a pas que du mauvais dans les adaptations de King.

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Netflix les gars, Netflix.

La Ligne verte, pas vraiment.

Et je rajoute Stand By Me, la meilleure adaptation.

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C'est pour ça que j'ai mentionné les exceptions. The Green Mile est très fidèle et c'est un bon mélo qui fonctionne... Parce que c'est un mélo. Darabont a d'ailleurs signé trois des adaptations les plus convaincantes de King en tant que films à part entière en choisissant déjà des textes inhabituels pour King, où il se contient (The Mist et son riff sur Lovecraft, et deux mélodrames), et en y apposant son propre académisme.

J'aime bien Shining, qui est justement un bon exemple de prise de distance. Le téléfilm est vraisemblablement plus fidèle (j'ai du mater quelques douloureuses minutes fut un temps), c'est d'ailleurs sans doute pour ça qu'il est aussi mauvais.

Le téléfilm de Hooper je l'ai jamais fini, trop long et chiant. Quelques bonnes trouvailles horrifiques (les apparitions à la fenêtre) auxquelles celui-là fait écho.

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Looks like meat's back on the menu, boys!

J'ai une tendresse pour le Firestarter (Charlie) de 1984 aussi, une prod de Laurentiis avec la musique de Tangerine Dream.
Attention je dis pas que c'est un grand film!

Et en bon gros vendu à De Palma je comprends pas comment j'ai pas pensé à Carrie au bal du diable.

Surtout que c'est un des moins bons livres de King. Dans mon souvenir Salem était moyen aussi. King, c'est toujours délicat à adapter. Hormis Shining qui est hors concours, mon adaptation préférée est The mist. Stand by me est aussi un bon exemple de ce que King réussit de mieux : décrire l'enfance.

N'ayant lu qu'une dizaine de King, je ne saurais où le situer mais j'en garde un bon souvenir, entre le témoignage de l'écrivain star et le petit jeu avec le roman dans le roman, qui n'est pas adapté dans le film.

Mais oui, King, niveau lore ou histoire, c'est incroyablement bidon et ça nécessite un saut de foi pour le fantastique qui est à mettre essentiellement au crédit du lecteur, mais on comprend vite que c'est accessoire pour l'auteur qui l'a rattrapé avec son style.

Alors au temps pour moi, je confonds avec Dolores Claiborne - les deux films ont Kathy Bates dans le role principal - qui m'avait rebuté à cause de son écriture.
Et pour avoir lu beaucoup de King et l'apprécier, c'est assez inégal. Il n'est jamais aussi fort que quand il arrive à lier fantastique et introspection psychologique. Shining, très différent du film, est à ce titre un de ces meilleurs. Un très beau livre sur l'enfance, c'est d'ailleurs une des thématiques dans lesquels il excelle. Comme dans Ca, où l'horreur lié au Clown n'est finalement révélateur que des traumatismes enfantins. Dans ces cas, il arrive généralement à donner une profondeur assez inhabituelle au genre fantastique, ce qui explique son succès. Mais ouais tout n'est pas bon. Il m'est arrivé de ne pas finir certains de ses livres.

King est surtout typiquement un excellent producteur de page turners (je lis que la traduction recommandée serait accrolivres, fuck them). Je parlerais plutôt de techniques que de style. Une fois lancé dans l'un de ses romans, on dévore le livre car la fin de chaque chapitre laisse planer un mystère, du moins une attente, qu'on espère que le chapitre suivant lèvera.

Arrivé au bout du livre c'est le sentiment de déception qui domine, par exemple avec It c'est flagrant. La parution de La ligne verte en feuilleton de six tomes mensuels a été une véritable torture pour mon moi ado

Dans le trajet parfois y'a des trucs intéressants parfois c'est vraiment pas ouf. Mais bon il a écrit tant de bouquins à succès, sur la longueur tenté des directions assez différentes, que leurs adaptations en films se sont multipliées de manière en effet unique dans le cinéma fantastique ou d'horreur. Aux dernières nouvelles il n'y a que Shakespeare (indétrônable) et Agatha Christie (de peu) a avoir été plus adaptés au cinéma et à la télé.