j'avais regardé faubourg 36 et les critiques évoquaient un hommage au cinéma français des années 30-40 et je trouvais ça etrange parce que j'ai trouvé le film très hollywoodien, ça me faisait surtout penser à un 42nd street en version franchouillarde. renseignement, la belle équipe était bien la (seule) référence directe, puis ça passait en version restaurée au cinéma des cinéastes, donc bim.
et c'était une inspiration intéressante, parce que ce n'est pas un remake du tout, rien n'est vraiment pompé, mais c'est bien "inspiré" : cornillac fait un pur cosplay gabin, même mécanisme du groupe de chomeurs en 36 qui veut relancer un lieu de vie (cabaret / ginguette), même personnages d'usuriers, même triangle amoureux avec une femme au milieu...
ici, l'histoire fondamentale est un groupe d'amis qui gagne au loto et décide d'utiliser le gain pour acheter une maison abandonnée et la transformer en ginguette.
et le front populaire, faubourg se passe pendant l'election (et ça ne sert à rien), ici le film a été fait avant mais la postérité a retenu que l'esprit précis de la france à ce moment-là le parcourait.
sans être un spécialiste, il y a évidemment le pittoresque charmant et émouvant de l'époque, et de fait les personnages sont issus de la france populaire avec sa gouaille, ses soucis, son mode de vie (les logements miteux), ils sont 5 dans la bande et on voit différents cas de figure (dont l'immigré clandestin europeen qui tremble en voyant le gendarme arriver, lequel lui donne 48 heures pour partir "sinon..." et le monsieur s'en va). il y a ensuite un fond d'optimiste et d'énergie pour construire et s'en sortir.
c'est à la fois le cœur du film et mon souci fondamental : est-ce qu'il raconte l'histoire d'une utopie qui se casse la gueule ou bien un projet qui subit des avanies et des mésaventures mais au final le rêve commun est plus fort que tout ? ils semblent hésiter, tant le scénario est construit autour d'épreuves mais qui semblent immédiatement surmontées ou désamorcées. c'est d'une scène à l'autre et parfois même à l'intérieur d'une même scène, c'est assez désarçonnant, d'autant qu'il y a une progression dans la gravité des catastrophes mais toujours autant de facilité pour les surmonter.
et la projection était intéressante car ils ont projeté à la suite les 2 fins du film : celle initialement tournée - dramatique et un peu saugrenue - puis celle retournée après des projections tests et devenue la fin officielle - optimiste et un peu saugrenue-. confirmant cette hésitation fondamentale sur le ton à adopter et simplement l'histoire à raconter.
il y a d'autres choses à reprocher - la sous écriture et sous caractérisation flagrante des 4 amis et la misogynie bas du front des personnages féminins (une est une jolie poupée dévouée et légère et débilette et l'autre une garce avide et manipulatrice).
il n'en demeure pas moins que c'est un film léger et charmant, avec une poignée de plans tout simplement splendides, et porté par gabin. totalement iconique, incarnation du parigot, les gros plans sur lui sont des chefs d'oeuvre tant il est beau et charismatique, il est absolument incroyable - alors que dans l'absolu je ne suis pas hyper fan de son incarnation vieille.
(je n'ai pas réussi à trouver si le café endeuillé du 11ème a été nommé ainsi en clin d'oeil au film, mais je suppute que oui)