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MessagePosté: 25 Mar 2019, 21:43 
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Gerard and his 9-month-old son have been left by his wife for feminist reasons. The custody of his son is being threatened by his next romance. (je mets le syno en anglais parce que celui que j'ai trouvé en français fait 10 lignes et spoile tous le film.

Mon boss parlait de ce film récemment en réunion et ça m'a donné envie de le voir. Et ben je regrette pas le voyage. C'est bien simple on pourrait résumer ce film par "c'est l'histoire de la bite à Gérard Depardieu". Parce que c'est vraiment ça, aussi bien littéralement tant Depardieu est à poil la moitié du film, se branle, bande, se soigne la teub irritée d'avoir trop baisé Ornella Mutti, s'arrache ses poils blancs pubiens etc... que métaphoriquement puisqu'on est dans une espèce de confrontation machiste d'un homme qui ne supporte pas que sa masculinité soit remise en cause et qui ne se définit que par sa capacité à baiser. C'est assez dingue parce que dans la première partie on est limite dans un film érotique tellement tout tourne autour de la bite et où Depardieu et Mutti sont tout le temps à poil (et Ornella Mutti, 20 ans à l'époque, est une bombasse hallucinante). Ca se calme un peu par la suite, quand on comprend plus de quoi il s'agit avec les errements de Depardieu pour ne pas perdre sa virilité (dont une scène de drague géniale dans un énorme centre commercial où il rencontre une Nathalie Baye toute jeune). Tout cela aboutit presque logiquement à cette scène de fin très forte et
où Depardieu, incapable de se réinventer en tant qu'homme face à des femmes qui refuse sa domination masculine se coupe la bite au couteau électrique. Et les derniers plans sont terribles, le membre ensanglanté dans la main, Mutti et l'enfant qui le regardent de loin, dans des espaces distincts et irreconciliabes.


C'est vraiment un film étrange, une espèce de chronique en huis-clos qui se déroule dans des grands ensembles nouvellement construits de Créteil et qui décrit une société contemporaine urbaine reléguée dans les désert des banlieues et totalement incapable de communiquer. On pense évidemment à Antonioni (notamment La notte) même si là c'est encore plus désespéré et Ferreri a clairement une volonté de choquer à travers cette étude d'un homme qui ne sait pas comment exister sans être défini par sa bite. C'est parfois un peu chiant, le film évite pas la répétition et le côté un peu décousu d'un récit somme toute très minimaliste. Mais ça reste une vraie curiosité dans le bon sens du terme.

Au-delà de tout ça le film est aussi hallucinant par le côté transgressif de certaines scènes avec l'enfant. Depardieu qui titille la bite et les couilles du bébé pour rigoler (plusieurs fois), Depardieu qui embrasse le cul du bébé, le bébé qui embrasse la touffe d'Ornella Mutti, le bébé à poil qui fait du peau à peau sur les nichons d'Ornella Mutti etc... C'est très bizarre, très libre, l'époque voulait ça sans doute mais plus que jamais je me disais sans cesse que ce film ne serait absolument plus possible aujourd'hui. Je me demande même s'il est encore diffusable tellement ça pourrait faire polémique. Chose improbable, le film a fait 800 000 entrées à l'époque.

Une excellente découverte, sans cesse fascinante qui me donne envie de découvrir plus de Ferreri, réalisateur dont assez peu de films sont sortis en dvd, blu Ray et dont je ne connais finalement pas grand chose (La grande bouffe, l'adaptation de Bukowski, La petite voiture). Film introuvable d'ailleurs, la version que j'ai choppé (rip d'une diffusion sur Arte) était assez bizarrement en version italienne alors qu'il y a bien sûr une VF. Donc Depardieu doublé on va pas se mentir ça gâche un peu le truc (surtout avec des dialogues du style "je vais me taper une queue" :mrgreen:).

5/6

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MessagePosté: 27 Avr 2020, 07:47 
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Bon, évacuons la chose d'emblée. Il est certain que les scènes avec le bébé paraissent étranges de nos jours. Mais rien de choquant, sauf peut-être la scène vers la fin où Depardieu secoue son lit à barreaux (scène encore plus belle quand on y réfléchit, où le lit fait office de miroir). D'ailleurs Ferreri coupe toujours au moment où on est sur le point de se dire qu'il tire un peu sur la corde. De manière plus intéressante, l'intimité spontanée et naturelle entre les trois membres de ce drame domestique est assez belle, même si ce bébé ne respire pas franchement la joie de vivre. Quasiment obèse, sans expression, il constitue une présence mystérieuse et le rejeton somme toute logique du personnage joué par Depardieu et du mal-être ambiant. Je me demande comment Ferreri l'a choisi. Il semble qu'il soit maintenant cuisinier à Copenhague.

Film sur la bite de Depardieu dit Art Core, ce qui n'est pas tout à fait faux (un internaute sur imdb dit qu'il joue une bite, ce qui est à peu près la même chose), mais il s'agit de toute évidence d'une métaphore protubérante.
Le film a des allures d'hybride entre le drame domestique et la sf - de chambre donc, comme l'indique son titre apocalyptique "La dernière femme", qui m'est sorti de l'esprit en voyant le film, me demandant si le titre n'était pas le dernier homme. Une reprise de la situation édénique, qui ne constitue plus un début mais une fin. La nudité comme point commun - le imaginons Sisyphe heureux existentialiste se transformant en imaginons Adam qui bande, la vie d'après le péché quoi - mais l'enfant préexiste au couple, l'innocence originelle est remplacée par les appétits primaires, la sexualité, la bouffe et le spleen du temps qui s'écoule, le tout sur une bande-son souvent envahie de brouhaha qui rend pas mal de dialogues difficilement audibles.
Le bruit comme la bite de Depardieu, qui turgescente ou au repos attire le regard, inaccoutumés que nous sommes à un tel dévoilement, ainsi que la laideur des tours cristoliennes cachent d'autres choses. Depardieu commence à parler de rapports de force dans l'usine où il travaille. On n'y reviendra plus sauf à une reprise, quand il regarde un reportage inaudible sur une manif à la télévision. Son oeil s'allume. En fait c'est un individu qui ne trouve de raison d'être que dans la lutte, et le couple qui l'a déjà désabusé est son ultime bastion, où il finit par déclarer défaite dans une guerre comme il se doit sans vainqueur. La sexualité, et son spectre qui va de la caresse à la pénétration, et inversement, apparaît comme la cellule religieuse originaire. Elle se substitue à la communication quand celle-ci fait fait défaut. Elle fait défaut quand la communication fait de timides tentatives. En arrière-plan, tel le serpent du jardin, la société et ses injonctions floues ou autoritaires.
Un détail, ce couteau électrique, fleuron de l'électro-ménager de l'époque dont on se demande si Ferreri ne prophétise pas le caractère obsolète, déjà éculé. Comme ces carcasses d'immeubles en construction ou neufs qui sont aussi déjà des vestiges, pas tout à fait morts né, mais presque, comme Pierre, le bambin, dont le nom a évidemment une valeur symbolique.
Il aime des images, il parle de souvenirs. C'est l'acteur idéal pour le rôle, avec le mélange de brutalité et de tendresse qu'on lui connaît, ce naturel qui le rend souvent drôle dans sa brusquerie. Le personnage de Muti s'émancipe sans s'émanciper pendant que règne la proverbiale incommunicabilité. Le film est sur le fil du rêve (le personnage de Piccoli, une image quasi-flottante, dont l'irréalité est rendue encore plus sensible lorsqu'il apparaît accompagné d'une américaine à la silhouette de mannequin inanimé ou de photo de papier glacé quand elle se découpe dans le cadre d'une porte) avec une rigueur dans les cadres et la mise-en-scène qui sublime, aidée par la haute définition, la laideur du mobilier années 70 et de la banlieue parisienne en construction.
Le film pourrait se comparer, pour en pointer les différences, à Rohmer (qui avait montré une attirance pour ces nouveaux espaces - et s'est trompé avec Cergy Pontoise - mais fuit maniaquement la laideur et le sordide) ou à Pialat (qui officie dans un sordide plus réaliste dans ses histoires de ménage là où Ferreri atteint par moments, malgré les notations sociologiques, une sorte de dimension mythologique - notamment dans la fin - le gros plan sur le visage de Depardieu dont les yeux deviennent liquides en même temps qu'il s'enfile une bouteille de vin blanc est l'exemple même d'une symbiose entre jeu d'acteur et réalisation).

Vieux-Gontrand a écrit:
Dans des années là Ferreri a fait plusieurs films avec Depardieu qui valent la peine d'être vus et sont bien oubliés


La Dernière Femme que tu mentionnes est très bon, très étonnant (et très osé) aussi, en partant d'ingrédients pourtant connus (mélange de contestation et de prétention sociologique objective à la Valseuses, acteurs classiques des productions franco-italiennes de l'époque comme Renato Salvadori) pour partir vers quelque-chose d'inconnu, tellement direct et évident quant aux rapports aux femmes qu'il en devient étrange. Il faudrait une autre langue pour changer aussi les rapports, mais dans ce film la langue de tous le jours, grossière et naïve, est déjà en dehors de l'homme et l'histoire, déjà autre. J'ai rarement eu l'impression qu'un film parvenait à ce point à disséquer la psychologie du spectateur. C'est aussi très lucide par rapport à ce que mai68 va devenir. Du Houellebecq de gauche et avec plus de profondeur et moins de calcul.


Tu cites Les Valseuses (que je n'ai pas du tout aimé), mais j'ai aussi pensé à Martin et Léa de Cavalier. Personnage principal présenté dans un cadre industriel, le personnage de souteneur de Bohringer qui réunit l'emprise/le caractère intrusif de la dépendance de/à l'argent incarnée ici par Michel Piccoli et la brutalité masculine de Depardieu dans un drame domestique triangulaire ou carré, avec des conclusions toutes différentes.


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MessagePosté: 27 Avr 2020, 19:07 
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A la vision un 4/6, à la réflexion un 6/6.


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C'est vrai que le film vieillit aussi très bien chez moi. Vraiment à redécouvrir.

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MessagePosté: 27 Avr 2020, 19:16 
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(Sinon je le vois quand-même comme plus proche de films issus de mai 68 comme Themroc de Claude Faraldo, mais en plus sombre, que du Cavalier où il y a une dimension plus chrétienne et moins sociologique, et où là douleur est plutôt liée à l'impossibilité de rejoindre le couple ou la famille qu'au fait d'être condamné à les reproduire . Chez Ferreri il faut se couper la queue pour les fuir. Il y aussi une autocitation de Dillinger est Mort avec le flingue et d'ailleurs un acteur commun).

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
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MessagePosté: 27 Avr 2020, 19:27 
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Art Core a écrit:
C'est vrai que le film vieillit aussi très bien chez moi. Vraiment à redécouvrir.

Toi qui trouvais incompréhensible de voir le film espagnol de netflix en anglais, voir Depardieu en italien!!!!!
Deux films de confinement d'ailleurs avec les références obligées à huis-clos et la morale, galvaudée ou non, l'enfer c'est les autres.


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MessagePosté: 29 Avr 2020, 16:49 
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Depardieu m'a fait penser à Vincent Lacoste physiquement (alors que ce dernier a un physique de crevette) ou à De Niro avec un gros pif dans ce plan

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L'autre beau plan dont je parlais :

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MessagePosté: 30 Mai 2020, 17:39 
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Dans mes découvertes récentes, Dillinger est mort figure en très bonne place. Celui-ci paraît un peu pâlot, à côté, ferait presque figure de redite. S'il n'y avait la folie furieuse d'un Ferreri qui ose tout (même si certains trucs ne m'ont pas spécialement choqué vu que "c'est l'époque"), ça m'aurait même un rien ennuyé, d'autant que j'aime bien le Depardieu plus calme qu'ici, où il en fait parfois dix fois trop.
3/6

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
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Bonne découverte que ce film. Je l'ai préféré à la grande bouffe. Le sujet me touchant plus. C'est là aussi qu'on contraste la différence entre le Depardieu de cette époque et la tristesse de maintenant ( Le Maigret). Il y avait un physique , une audace, un culot et une folie dans son jeu qu'on ne retrouve plus actuellement. Comme le dit Art core, je crois que le film ne se ferait plus de nos jours. Ornella Muti est magnifique. On se demande aussi par les expressions de l'actrice si Depardieu n'abuse pas réellement de la situation ( notamment une pénétration dont je doute qu'elle n'ait pas eu lieu. )


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MessagePosté: 25 Jan 2023, 11:43 
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Art Core a écrit:
le bébé à poil qui fait du peau à peau sur les nichons d'Ornella Mutti

Ahah c'est pas transgressif du peau à peau avec un bébé, c'est normal !


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MessagePosté: 25 Jan 2023, 11:46 
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Moins qu'en pendant ce peau à peau, Depardieu lui fait un cuni.


Dernière édition par Mr Degryse le 25 Jan 2023, 12:05, édité 1 fois.

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MessagePosté: 25 Jan 2023, 11:54 
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Oui tout est très sexualisé dans le film. Et je crois qu'aujourd'hui pas sûr que ça passe un bébé acteur nu posé sur la poitrine nu d'une actrice.

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MessagePosté: 25 Jan 2023, 12:39 
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Mr Degryse a écrit:
Bonne découverte que ce film. Je l'ai préféré à la grande bouffe. Le sujet me touchant plus.



Un accident éléctro-ménager du même ordre pendant l'adolescence ? Des vacances inoubliables à Créteil-Soleil ?

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MessagePosté: 25 Jan 2023, 15:33 
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Art Core a écrit:
Et je crois qu'aujourd'hui pas sûr que ça passe un bébé acteur nu posé sur la poitrine nu d'une actrice.

Bah pourquoi pas ? Là, le contexte est particulier effectivement (encore que - je n'ai pas vu le film - il n'y a rien de scandaleux à faire l'amour avec un bébé dans les parages), m'enfin représenter un acte naturel de peau à peau au cinéma n'a rien de choquant.


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MessagePosté: 25 Jan 2023, 15:54 
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Je suis d'accord mais c'est bien plus pour le respect de certaines barrières physiques au moment du tournage. Poser un bébé sur une femme nue qui n'est pas sa mère n'est pas non plus quelque chose de totalement anodin.

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