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MessagePosté: 20 Nov 2020, 23:17 
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Chef d'oeuvre absolu. Mizoguchi descend en flammes les conventions de la bonne société féodale japonaise, dont les dirigeants et les relais sont vicieux et corrompus, tandis que les vertueux sont piégés, condamnés à voir les fils de leurs destins emmêlés et manipulés.

Le scénario est particulièrement brillant et original, partant de relations banales en entreprise troublées par un scandale sophistiqué, menant vers un récit de fuite où les deux malheureuses victimes sont solidaires, et
finalement tombent dans les bras l'une de l'autre. Le fameux thème de l'hypocrisie de la mécanique sociale volant en éclats au profit de la vérité des sentiments atteint ici une puissance rare. Le film est tout sauf naïf puisque ce feu de paille mène les amants au bûcher (en l’occurrence, sur la croix).


Des plans tous plus somptueux les uns que les autres, un rythme implacable: sans doute l'une des meilleures portes d'entrée au cinéma japonais classique, par laquelle j'aurais adoré commencer.


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MessagePosté: 20 Nov 2020, 23:42 
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J'avais eu un mal fou à rentrer dedans, et du coup je l'ai jamais fini. Il faut que je le retente.

Mais pour moi, le sommet de la filmo de Mizo, c'est l'Intendant Sansho. Vu y a plus de 10 ans, et j'en garde encore un souvenir cuisant.

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MessagePosté: 21 Nov 2020, 08:35 
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Alors c'est marrant moi c'est L'Intendant Sansho que j'ai pas pu finir... J'étais hyper mal à l'aise devant l'horreur montrée à l'écran, dès le début. "Souvenir cuisant", ça colle... Je vais le revoir, il est dispo sur Mubi comme plusieurs autres Mizoguchi - avis aux amateurs.

Mais oui retente celui-ci, après 10 minutes de mise en place assez sophistiquée à base de motivations diverses et quiproquos, ça part en sucette. Un joli petit conte de plus pour M-God.


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MessagePosté: 21 Nov 2020, 09:55 
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Baptiste a écrit:
Je vais le revoir, il est dispo sur Mubi comme plusieurs autres Mizoguchi - avis aux amateurs..


Je ne suis pas inscrit mais je vois que sur Mubi il y en a pas mal (une trentaine) . Tout est dispo d'un coup?


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MessagePosté: 21 Nov 2020, 10:36 
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Trentaine? Non j'en compte neuf. Ce qui est déjà top car bon nombre de chefs d'oeuvre: Les Contes de la lune vague après la pluie, L'Intendant Sansho, Miss Oyu, L'Impératrice Yang Kwei-Fei, Les Contes des chrystanthèmes tardifs...

Dans le registre japonais ils sont en train de faire une petite rétro Yoshida et il y a aussi L'Empire des sens et L'Empire de la passion.

Ca vaut franchement le coup de s'abonner un mois ou deux pour écluser ce fonds ainsi que la quinzaine de Herzog dispos... Tout est dispo dans leur filmothèque permanente, oui.


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MessagePosté: 21 Nov 2020, 11:47 
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Merci Baptiste! Bah du coup j’ai déjà ces films. Ce qui m’intéresse sont les films qu’il a fait avant ( même si la majorité de sa filmographie a été perdu).


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MessagePosté: 21 Nov 2020, 13:27 
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Ah ok on a donc un connaisseur :) Tu le places à quel niveau dans sa filmo, Les Amants crucifiés?


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MessagePosté: 21 Nov 2020, 14:42 
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Pas vu! Et je suis loin d’être un connaisseur


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MessagePosté: 30 Nov 2020, 09:57 
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Merci à Baptiste qui m'a permis de rattraper le film sur Mubi avant qu'il en disparaisse et j'ai absolument adoré.
Mélodrame sublime et délicat, espèce de Roméo et Juliette médieval d'une splendeur visuelle souvent subjuguante. Pour l'anecdote, je viens de changer de télé, je suis passé sur du OLED en 65 pouces et c'est le premier film que j'ai vu dessus donc j'en ai vraiment pris plein les yeux (surtout que le film est présenté dans une version restaurée).
Je crois que ce que j'ai le plus aimé c'est finalement la précision avec laquelle est dépeinte ce monde médiéval japonais, qui à chaque fois, me fascine en permanence par son exotisme, par ses règles et son esthétique. Que ce soit les architectures, les objets (les japonais qui avaient un concept de confort très relatif avec ces espèces de blocs de bois en guise de coussins :shock:), les vêtements évidemment, les improbables coupes de cheveux des mecs, la délicatesse de chaque geste, l'aspect ritualistique du quotidien etc... Il y a une scène absolument génial où deux personnages discutent et l'un d'eux prépare ce qui semble être des accessoires de toilettes, j'ai été totalement absorbé par la chorégraphie des gestes, par cette manière de traiter chaque objet avec une forme de déférence. Et au final la scène coupe sans qu'on sache à quoi ça servait ça m'a rendu fou :mrgreen:. Et tout le film est une célébration de cette époque, que ce soit dans les intérieurs ou les extérieurs, foisonnant, plein de vie etc...

Mais au delà de ça l'histoire d'amour est bouleversante, sa fuite en avant est magnifique offrant des moments suspendus d'une rare poésie (dès qu'ils sortent de la ville, le moment sur le lac) et en effet tout le discours sur les conventions de l'époque est d'une rare violence et cruauté. La fin est également sublime. Bref grand film, et superbe découverte (alors que je garde une souvenir un peu ennuyé des Contes de la lune vague après la pluie).

Le film a un défaut selon moi, dont j'ai presque honte de l'admette, mais le couple prinipal n'est pas "beau". Je ne tombe pas amoureux d'eux, ce sont deux excellents acteurs mais physiquement un peu ingrats (la servante amoureuse de Mohei est bien plus belle par exemple). Bon c'est vraiment un détail hein mais chez moi ça a toujours son importance.

5+/6

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MessagePosté: 30 Nov 2020, 11:03 
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Citation:
Merci à Baptiste qui m'a permis de rattraper le film sur Mubi avant qu'il en disparaisse et j'ai absolument adoré.


Ah ben tant mieux! Ce qui veut dire que... noooon les films sont plus dispos, j'ai trop traîné! C'est à cause de The Crown :evil: Bon, cette rétro Mubi m'aura permis de voir ce chef d'oeuvre et La Rue de la honte (qui m'a un peu ennuyé, même si précieux dans son aspect documentaire).

Citation:
Et tout le film est une célébration de cette époque, que ce soit dans les intérieurs ou les extérieurs, foisonnant, plein de vie etc...


Hmm je dirais pas une "célébration", vu la cruauté de cette société, les malentendus, les règlements de compte qu'elle permet. C'est vrai que le film sublime l'esthétique de l'époque et je pense que c'est justement le projet: le Japon médiéval est d'une beauté vénéneuse, qui hausse l'humain à un niveau de raffinement extrême, mais la brutalité qu'il n'arrive pas à éradiquer - qu'il promeut presque, au final, sous couvert de morale - ressort d'autant plus.


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MessagePosté: 30 Nov 2020, 11:31 
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Oui dans célébration je veux surtout dire, dans la passion de la direction artistique, rien n'est laissé au hasard dans la description de l'époque, chaque détail a son importance mais évidemment je suis d'accord avec toi, c'est en se détachant de toutes ces conventions absurdes et ces rituels aliénants que le couple se révèle.

Et je sais pas si tous les Mizoguchi ont disparu mais en tout cas celui là partait aujourd'hui.

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MessagePosté: 29 Nov 2021, 23:41 
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Art Core a écrit:
Il y a une scène absolument génial où deux personnages discutent et l'un d'eux prépare ce qui semble être des accessoires de toilettes, j'ai été totalement absorbé par la chorégraphie des gestes, par cette manière de traiter chaque objet avec une forme de déférence. Et au final la scène coupe sans qu'on sache à quoi ça servait ça m'a rendu fou :mrgreen:

Je ne sais pas si tu y penses encore (j’espère que non), mais il m’a semblé reconnaître les préparatifs pour la cérémonie du thé.


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MessagePosté: 30 Nov 2021, 08:50 
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Le twist de fou


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MessagePosté: 30 Nov 2021, 10:01 
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Je m'en souviens très bien :D. C'est peut-être ça en effet.

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MessagePosté: 30 Nov 2021, 10:44 
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Art Core a écrit:
Et je sais pas si tous les Mizoguchi ont disparu mais en tout cas celui là partait aujourd'hui.


Alors je ne sais pas pourquoi mais chez moi il est toujours dispo.
Ce qui me rassure un peu, faut que je m'y mette.


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